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Le dangereux engrenage qui ne doit pas happer l'Algérie
par Kharroubi Habib
Le
pays est rentré dans un processus électoral devant aboutir à la tenue
d'élections présidentielles. Le Pouvoir, qui veille à son bon déroulement,
manifeste de la nervosité au constat que les opposants à la tenue du scrutin
présidentiel aux conditions fixées par lui ne désarment pas et continuent à
faire bouger la rue. Sa nervosité transparaît à travers le tour de vis
répressif qu'il imprime à sa gestion des manifestations populaires dont les
rues de la capitale sont la scène. Les étudiants qui descendent dans la rue de
la capitale chaque mardi ont eu ce jour de la semaine écoulée à avoir un
avant-goût du durcissement du comportement des forces de sécurité à l'endroit
de leur démonstration de force. L'échéance électorale se rapprochant, il est à
craindre que les face-à-face manifestants et Pouvoir tournent à la
confrontation qui échapperait à tout contrôle. Ce qui rend palpable
l'inquiétude que ressent la majorité des citoyens conscients que les deux camps
qui se défient sont l'un et l'autre dans la logique de l'intransigeance et du
«passe ou ça casse» à la détermination du Pouvoir de faire taire l'opposition
au processus électoral enclenché. Ceux qui l'expriment et la manifestent
affichent tout autant la leur de poursuivre la contestation. Ce qui réunit les
ingrédients à même de provoquer la survenance dans le pays d'une situation
autrement plus explosive dont il a été jusqu'alors préservé par le fait que le
face-à-face Pouvoir-opposants a revêtu le caractère pacifique qui a contraint
les radicaux des deux bords à tempérer leurs ardeurs à en découdre. En mettant
en branle l'engrenage de la répression massive et disproportionnée à l'encontre
de ses opposants, le Pouvoir fait démonstration que l'activisme de ces derniers
met en danger sa démarche visant l'organisation des élections présidentielles
dont il n'est plus aussi certain qu'elle a l'adhésion populaire dont son homme
fort affirme en avoir la preuve. Il y a lieu de s'interroger
si le recours à cette répression n'a pas pour but de pousser l'opposition
anti-élection à se départir de son pacifisme et perdre ainsi le soutien
indéniable dont elle bénéficie de la part d'une frange large de l'opinion
publique qui défend son droit à s'exprimer contre la solution de sortie de
crise par une élection présidentielle dont elle estime que les conditions n'ont
pas été réunies pour qu'elle soit régulière et honnête et un rendez-vous de
rupture radicale avec le système et le régime dont le peuple algérien ne veut
plus. Si c'est cela à quoi tend le tour de vis répressif qui s'est
vérifié ce mardi dernier au détriment des étudiants qui sont l'aile marchante
et déterminée de l'intifada populaire anti-système,
l'opposition se doit de ne pas y prêter le flanc et se garder d'initiatives
inconsidérées qui lui vaudront la désapprobation populaire que la propagande
officielle présente comme s'exprimant déjà.
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