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Le
tribunal de Cheraga à l'ouest d'Alger a sorti de
l'ombre un mystérieux personnage connu dans les hautes sphères de l'Etat durant
l'ère Bouteflika sous le nom de «Madame Maya».
La femme, qui se présentait comme la fille de l'ex-président Bouteflika, a été arrêtée en juillet dernier dans le sillage de la chute du projet du cinquième mandat pour être jugée avant-hier en compagnie de ses deux filles pour le chef d'accusation de «faux et usage de faux». Lors d'une perquisition au domicile de l'accusée, les enquêteurs ont découvert, cachés dans un mur de la maison, des faux passeports lui appartenant et à ses deux filles, mais aussi un joli magot constitué de 12 milliards de centimes, 270.000 euros, 30.000 dollars et pas moins de 17 kilogrammes d'or en bijoux. Les trois femmes ont été condamnées à 18 mois de prison ferme. Beaucoup plus qu'une simple affaire de droit commun, «l'affaire Maya» a tous les attributs d'une affaire d'Etat : des enquêtes judiciaires sont actuellement en cours impliquant deux anciens ministres et une douzaine d'autres accusés pour des chefs d'accusation de transfert illicite de fonds, abus de fonction et trafic d'influence. Parmi les hauts fonctionnaires de l'Etat faisant l'objet de ces enquêtes, l'on cite les noms d'Abdelghani Zaalane, l'ancien ministre des Travaux publics et directeur de campagne de quelques jours de Bouteflika, Mohamed Ghazi, ancien ministre du Travail, et l'ancien directeur général de la Sûreté nationale, le général Abdelghani Hamel. Les trois ex-responsables sont depuis en prison. Dépeinte comme une «femme d'influence», elle bénéficiait, selon des sources au fait du dosser, «d'une escorte policière» et «avait ses entrées au plus haut niveau de la Présidence». Sa maison à la résidence d'Etat de Moretti servait, selon les mêmes sources, «de lieu de rencontres et d'affaires pour de nombreux responsables de l'Etat». Selon ces mêmes médias, «elle connaissait tous les walis, les ministres et les patrons de nombreuses institutions de la République, mais aussi le secrétaire particulier du Président Bouteflika, qui lui permettaient de régler ses affaires et celles de ses amis et proches qui la sollicitaient en contrepartie de services rendus ou d'argent». Face au juge, la mère et ses deux filles auraient, tout simplement, nié les faits qui leur sont reprochés. Pour ce qui est des faux passeports découverts à leur domicile, elles auraient plaidé l'ignorance des lois. Le parquet a requis une peine de trois ans de prison ferme. Après délibérations, l' «énigmatique Maya» et ses deux filles ont écopé d'une peine de dix-huit mois de prison ferme chacune. «Madame Maya» est citée dans d'autres affaires de corruption où les accusations dont elle fait face sont lourdes. |
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