Candidats
ou pas, les partis se prononcent les uns après les autres, optant pour la majorité
à une non-participation à la présidentielle du 12 décembre prochain. Ceux qui
n'y vont pas présentent leurs arguments souvent liés au mouvement populaire qui
rentre dans sa 32e semaine de contestation. Ceux qui y vont ont leurs propres
convictions faisant abstraction des éléments extérieurs. Une attitude fortement
critiquée par le reste de la classe politique. Ce bicéphalisme est d'autant
plus «naturel», dirons-nous, dans un pays démocratique, mais il ne fait aucun
doute que la spécificité algérienne la place sur une toute autre orbite. La
situation devient tellement complexe avec la présence du hirak
qui a catégoriquement rejeté les élections sous leur forme actuelle et la
disparité dans les avis des partis politiques, particulièrement les formations
de la mouvance islamiste, qui ont décidé de ne pas présenter de candidats mais
dont certains ont laissé la porte ouverte à d'éventuelles alliances en
soutenant l'un des candidats à la présidentielle. Entre franc boycott, jeu
d'alliances et profils des prétendants, la prochaine échéance électorale risque
de faire plus de mal au pays loin de cette volonté médiatique affichée par le
pouvoir réel d'aller vers la présidentielle pour l'avenir et la stabilité de
l'Algérie. Affaire éminemment interne, la dernière déclaration de la présidente
de la sous-commission des droits de l'Homme du Parlement européen ouvre, pour
la première fois, la porte à l'intrusion étrangère depuis le 22 février
dernier. Marie Arena a, en effet, annoncé le soutien
de Bruxelles au hirak «en organisant une audition
avec un certain nombre d'acteurs de la révolution actuelle en Algérie».
En absence,
pour le moment, d'une réaction officielle de la diplomatie algérienne, le
peuple se perd en conjectures et l'opinion publique est divisée quant au
bénéfice ou non d'un tel intérêt étranger pour ce qui se passe en Algérie.
Marie Arena demande également la libération de tous
les prisonniers d'opinion, évoquant «plus de 83 personnes arrêtées
arbitrairement depuis ces manifestations» alors qu'officiellement Alger nie
l'existence de prisonniers d'opinion dans ses prisons. L'autre interrogation
qui entoure la déclaration de Arena
réside dans l'identité de ces acteurs du hirak et qui
devra les mandater pour parler au nom des centaines de milliers d'Algériens qui
sortent manifester chaque vendredi et mardi de la semaine. Il est foncièrement
connu que le mouvement populaire n'a jamais désigné de porte-parole et on se
demande sur quelles bases ils vont être auditionnés.