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Cela fait
déjà sept mois que le mouvement populaire investit les rues d'Algérie chaque
vendredi. Il semble résigné à ne pas lâcher du lest pour faire aboutir ses
exigences et sa radicalité grandissante a fini par annihiler toute option
sérieuse de dialogue avec le pouvoir comme elle a figé dans le moule de la peur
une classe politique habituée à la figuration lucrative et aux quotas de sièges
dans les assemblées. Elle est aujourd'hui dans l'embarras et ne sait plus à
quel saint se vouer. Elle attend des signaux qui lui viendraient des décideurs
pour savoir ce qu'elle devrait faire et en même temps elle pousse à la
radicalité pour rester en phase avec le hirak.
Ce jeu d'équilibriste est stérile parce qu'il est ressenti et perçu dans le hirak comme un mensonge de trop. Jusqu'à présent, les passerelles restent coupées entre la classe politique et le mouvement populaire qui a quasiment consommé la rupture de confiance avec tous ceux qui lui rappellent le système qui a mené le pays droit dans le mur. De ce fait, la classe politique courtisane est éliminée et celle que le système a atomisée reste dispersée et inconsistante pour pouvoir peser sur le cours des événements. La crise est là. Elle s'installe dans la durée, malgré cela les élites intellectuelles restent comme anesthésiées, ne sachant pas prendre les devants et s'imposer à la tête du hirak pour proposer des solutions aux Algériens et donner au pays de vraies perspectives, comme cela s'est fait lors des révolutions dans les pays de l'Est qui ont fini par faire tomber le mur de Berlin et libérer les peuples de l'arbitraire et des privations. Non pas parce que ces élites sont incapables d'être une force de proposition mais simplement à cause de la confiscation du débat politique par des forces occultes et puissantes qui veulent orienter le hirak dans une logique d'affrontement en exploitant les peurs et en renforçant le doute pour cibler et couper toute tête qui dépasse. L'absence de leaders intellectuels et de personnalités politiques faisant l'unanimité dans le hirak a installé une situation très risquée en mettant face à face le pouvoir et le mouvement populaire qui ne parle plus d'une seule voix. Cette situation très dangereuse pourrait mener le pays vers l'abîme si l'institution militaire qui a assuré l'accompagnement du peuple à réaliser en toute légitimité ses aspirations n'arrivait pas à balayer le doute qui persiste encore chez une partie de la population. Le pays a besoin d'être rassuré, concilié et ses fractures ressoudées pour que les uns ne vivent pas à côté des autres séparés par la haine et la violence... c'est l'espoir de tout Algérien enraciné dans cette terre qui a tant souffert. |
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