L'ex-avocat et
ancien ministre de la Justice, Mohamed Chorfi, a été
désigné, hier, président de l'Autorité indépendante de l'organisation et de
surveillance des élections.
Chorfi a été plébiscité à l'unanimité par les 50 membres de cette autorité qui
aura la lourde tâche de superviser la prochaine élection présidentielle qui
intervient plus de 6 mois après la naissance du mouvement populaire du 22
février qui a eu raison de ce qui est appelé communément la « bande ». La
cérémonie de « plébiscite » a eu lieu à l'hôtel Saint-Georges à Alger, en
présence du coordinateur général de l'Instance nationale de dialogue et de
médiation (INDM), Karim Younès, ainsi que de nombreux
journalistes. L'Autorité, selon un décret signé la veille par le chef de
l'Etat, Abdelkader Bensalah, veille à garantir «la
transparence et la régularité» du scrutin lors des étapes de sa préparation et
de son organisation. Mohamed Chorfi, lors d'une brève
allocution, a assuré que la priorité de l'instance sera de concrétiser la
revendication principale du peuple et qui consiste à choisir librement celui
qui le représentera au sommet de l'Etat. Tout en reconnaissant que la tâche de
l'Autorité sera ardue, l'ancien ministre de la Justice s'est engagé à ne
ménager aucun effort pour faire de cette élection un rendez-vous transparent.
Il s'est engagé également à rompre avec les pratiques de l'administration qui a
discrédité tous les scrutins passés. « Notre devoir est de concrétiser le vœu
du peuple algérien qui aspire à élire librement un président de la République »,
a déclaré l'ancien ministre de la Justice, qui affirme que c'est pour la
première fois dans l'histoire de l'Algérie qu'une autorité se voit confier une
tâche qui incombait auparavant à l'administration, plusieurs ministères ainsi
que le Conseil constitutionnel. « J'ai consacré ma vie pour instaurer la
justice », a déclaré M. Chorfi, qui souligne que le
point commun entre les Algériens c'est notre patrie. Diplômé de l'Ecole
nationale d'administration (ENA), Mohamed Chorfi est
également détenteur d'une licence et d'un doctorat en droit. Il a occupé,
auparavant, plusieurs hautes fonctions dont celles de magistrat, juge
d'instruction puis procureur général au niveau de différentes cours (1972-1989 ), secrétaire général au ministère de la Justice
(1989-1991), conseiller à la Cour suprême, ministre de la Justice (2002), puis
ministre de la Justice, garde des Sceaux (2012). Enfin, il y a lieu de noter
qu'une partie de la rue est contre cette élection, prétextant que les
conditions ne sont pas totalement réunies. Toutefois, une autre partie est pour
l'élection d'un président de la République afin de se consacrer à la mise en
place de mécanismes pour redresser un pays qui sombre peu à peu dans
l'incertitude. L'Algérie est en fait à la croisée des chemins. En dépit de
l'incarcération de dizaines de ministres, de hauts responsables de l'Etat ainsi
que les hommes d'affaires qui passent pour être des oligarques qui ont sucé le
sang des Algériens, beaucoup reste encore à faire. L'élection présidentielle
sera-t-elle le prélude à une nouvelle république ou viendra-t-elle encore
compliquer une situation déjà compliquée ? Le pays tout entier retient son
souffle.