C'est grâce à la révolution numérique, née au milieu des années
1970 en Californie, et aux réseaux sociaux qui sont apparus au début des années
2000, que l'Humanité est entrée dans une nouvelle époque dans laquelle les
différences culturelles ont tendance à décroître peu à peu et à
s'occidentaliser de plus en plus dans ce qui est le plus visible - mode,
musique, sport, communication, consommation... beaucoup plus que ce qui a été
fait pendant longtemps avec Hollywood et les séries américaines avant
l'apparition d'Internet. Au moment où le monde a l'air d'être devenu un
village et où le sentiment de rapprochement, amical, entre les peuples semble
se tisser - dans la blogosphère, l'Occident ostentatoire, exhibitionniste et
attrayant se replie et s'enferme derrière ses frontières, en hissant des
barrières, physiques et administratives, pour empêcher les étrangers de venir
s'installer chez lui et d'apporter avec eux leurs coutumes et leurs traditions
qui ne s'adapteraient pas avec ses racines - gréco-romaines et
judéo-chrétiennes. Ces convictions sont véhiculées, en France, par une culture
largement diffusée dans la littérature de Michel Houellebecq, d'Eric Zemmour,... cultivant la peur du Grand-remplacement
mais aussi par les politiques de tous bords qui se voient être forcés de
s'aligner sur les thèses de l'extrême droite et des populistes parce qu'ils
n'ont rien d'autre à proposer à leurs électeurs, qui subissent les revers de la
financiarisation de l'économie et la mainmise du libéralisme international sur
les richesses du monde. A vrai dire, ces étrangers étaient bien chez-eux, si cet Occident n'avait pas bouleversé leur vie,
d'abord en ayant exploité à fond leur pays lors des colonisations, ensuite
après avoir laissé sur place, ses contremaîtres les tenir en laisse durant des
décennies après les « indépendances ». Mais le grand cataclysme qui est à
l'origine du désordre et de l'anarchie qui sévissent dans les pays du sud de la
Méditerranée et au Moyen-Orient est aussi la conséquence des ingérences
occidentales dans cette région. Si aujourd'hui, des millions de personnes sont
déplacées et des centaines de milliers parmi elles ont trouvé refuge en Europe
- particulièrement en Allemagne qui a trouvé une aubaine pour pallier au
déficit démographique qui la rend vulnérable à court terme, c'est tout
simplement le prix à payer pour que l'Occident puisse remodeler la région et y
instaurer sa Pax et sa Démokratia.
Un pays
comme l'Algérie, grand comme un continent et riche de jeunesse et de
compétences qu'il exporte aux quatre coins du monde, se trouve amoindri et son
peuple près de la déchéance à cause de l'Histoire et de la traîtrise de ses
enfants qui l'ont poussé à l'isolement et à la mise en quarantaine comme un
peuple de pestiférés contagieux. Si jusqu'au milieu des années 1980, le
passeport algérien suffisait à lui seul de procurer à l'Algérien sa fierté de
parcourir le monde en routard ou en diplomate, aujourd'hui ce document de
voyage ne sert quasiment à rien sauf pour aller en tourisme religieux pour se
confesser et laver les impuretés de l'âme. Le pays est devenu une grande salle
d'attente où l'on moisit jusqu'à la décomposition. Les jeunes Algériens
regardent de loin et à travers le trou de serrure ce qui se passe dans l'Eden,
là où les fleuves et les rivières coulent à flots. Ils veulent voyager comme
tous les jeunes du monde libre - grâce aux facilités des échanges
intra-européens et à la puissance de leur passeport, et comme nous le faisions - nous leurs parents - pendant notre jeunesse.
Hélas, ni le passeport ni les moyens dont ils disposent ne sont suffisants ! Et
même ceux dont les parents se privent pour leur payer une semaine de vacances
en France, beaucoup parmi eux se voient tout simplement débouter par une
réponse souvent injuste : « Votre volonté de quitter le territoire des États
membres avant l'expiration du visa n'a pu être établie », alors que le
demandeur est en 6ème année de médecine et ses études restent encore longues.