Inondations, infiltrations des eaux pluviales dans les
immeubles et habitations individuelles, paralysie du trafic routier et
débordement des lits de rivière, entre autres désagréments, sont désormais le
lot de tous les Algériens à l'apparition des premières pluies saisonnières. Et
chaque année, le constat est immuable consacré par l'inaction des pouvoirs
publics, à commencer par les collectivités locales, incapables d'anticiper sur
un phénomène météorologique attendu de tous. Ainsi, les citoyens s'interrogent
sur l'inefficacité de simples opérations préventives de curage des avaloirs qui
devraient avoir lieu en amont alors que des équipes communales interviennent en
aval après les inondations. Les pluies qui se sont abattues sur plusieurs
régions du pays ont d'ores et déjà annoncé la couleur qui sera certainement
celle des eaux boueuses charriées par les fortes précipitations prévues par les
bulletins météo dans les heures à venir. En effet, des épisodes orageux
devaient affecter une trentaine de wilayas du pays à partir d'hier, indiquait
l'Office national de météorologie dans un bulletin spécial (BMS). Si les
raisons sont plus profondes que le simple fait d'entretenir un avaloir, il est
à s'interroger sur les véritables causes de ces inondations récurrentes.
L'échange surréaliste auquel les Algériens ont assisté, l'an dernier, après la
série d'inondations meurtrières qui ont touché plusieurs wilayas du pays, entre
le ministère de l'Intérieur et l'Office national de la météorologie (ONM)
renseigne sur le degré de dilution des responsabilités des uns et des autres.
Et comme toujours, le bouc émissaire est tout trouvé : le changement
climatique, ou plutôt ses aléas, rendus seuls responsables de cette situation.
Le directeur de l'assainissement et de la protection de l'environnement au
ministère des Ressources en eau a souligné récemment la nécessité d'adapter les
infrastructures hydrauliques aux aléas de ce fameux changement climatique dans
le cadre de la lutte contre les inondations. Une opération déjà entamée, selon
lui, sur l'ensemble des ouvrages. «Les crues qui apparaissaient une fois par an
reviennent désormais plusieurs fois dans l'année. Les infrastructures actuelles
ne peuvent pas drainer à partir d'une certaine limite de quantité d'eau»,
explique-t-il. Consignes sont également données pour que les citoyens évitent
l'utilisation des lits d'oued comme des décharges. Pourtant, en 2011, et lors
du 5e séminaire national sur l'eau tenu à l'Université Mouloud-Mammeri de Tizi
Ouzou, Larbi Bahlouli de l'Agence nationale des
ressources hydriques a révélé, sur la base de données
recueillies ces 20 dernières années, que 50% des communes au niveau
national présentent un risque d'inondation. Parmi ces dernières, 23 sont
soumises à des inondations catastrophiques, 158 autres exposées à un risque
d'inondations majeures, 500 à un risque modéré et 40% à un risque minime. M. Bahlouli explique que les causes des inondations dans notre
pays sont notamment liées à un environnement topographique défavorable et à
l'activité humaine, et qu'il est impératif de réduire l'occupation des lits
d'oued par des habitations. Mais apparemment rien n'a été fait depuis.