
Présentée
comme une compagnie aérienne spécialiste de l'Algérie avec six villes
desservies, représentant 50% de son activité, Aigle Azur passe par une zone de
turbulences qui a décidé ses dirigeants à déposer le bilan. Une conséquence
directe du bras de fer qui oppose depuis quelque temps les actionnaires de la
compagnie française qui s'est placée en redressement judiciaire, selon Le
Figaro. « Se mettre sous la protection de la justice est la solution la plus
sage. Il y a une forte défiance entre les actionnaires et le climat social est
dégradé », a indiqué une source proche du dossier au journal. Deuxième pavillon
sur le marché algérien après Air Algérie, la compagnie a tenu à rassurer ses
clients, affirmant que « ce dépôt de bilan n'aura pas d'impact sur les
voyageurs et que ses avions continueront à voler».
Jeudi
dernier, un communiqué d'Aigle Azur indiquait que sa « situation est
stabilisée». « Aigle Azur a connu ces derniers jours des événements
particuliers et inédits. Beaucoup d'informations ont notamment circulé sur la
gouvernance de la compagnie », précise la même source. Aigle Azur « tient à
rassurer et à informer que la situation est stabilisée, sous le contrôle d'une
autorité neutre provisoire, aux côtés de Frantz Yvelin,
président et dirigeant responsable de la compagnie ». Par contre, cette nouvelle
a alerté les syndicats qui devaient se rassembler, hier matin, devant son
siège, en amont de l'ouverture de la procédure d'information-consultation.
Gérard Houa, troisième actionnaire d'Aigle Azur via sa société Lu Azur (19%),
souhaite prendre le contrôle de la compagnie et la recentrer sur l'Algérie et
l'Afrique, selon la même source. Selon toujours Le Figaro, Gérard Houa s'était
présenté au siège d'Aigle Azur, muni d'un procès-verbal du Comex (Comité
exécutif), affublé également d'un numéro de Kbis (document
officiel attestant de l'existence juridique d'une entreprise), lui confiant la
présidence d'Aigle Azur. PV contesté énergiquement par Yvelin
et surtout David Neelemean (actionnaire important
avec 32% du capital), qui n'hésitent pas à prononcer le terme de « faux et
usage de faux », rapporte le journal. Deux cadres de la compagnie ainsi que
Frantz Yvelin sont considérés comme persona non grata
par la nouvelle direction. De son côté, David Neelemean
contre-attaquait en dénonçant un putsch illégal. L'homme d'affaires confirmait
Frantz Yvelin à son poste et annonçait un dépôt de
plainte. David Neelemean affirme bénéficier du soutient du premier actionnaire, le chinois HNA (49% du
capital). Le 28 août dernier, le tribunal de commerce de Créteil, constatant
qu'Aigle Azur courrait un péril imminent, a confirmé Frantz Yvelin
à la présidence de la compagnie et a nommé un administrateur à ses cotés. Rappelons qu'en novembre 2017, le groupe Weaving, actionnaire de référence et propriété des
héritiers d'Arezki Idjerouidene, avait annoncé avoir
cédé la participation de 30% qu'il détenait encore au capital de la compagnie
aérienne française. En 2010, le Weaving Group avait
ouvert le capital d'Aigle Azur, qui compte aujourd'hui deux autres actionnaires
: le groupe chinois HNA et l'entreprise française Lu Azur.