|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
C'est
compréhensible que cette rentrée sociale s'annonce sous un doute sournois qui
ne cesse de planer tant sur le climat du dialogue, que dans la prévision pour
une tranquillité économique. Il habite tout un chacun et cohabite cependant
avec l'espoir que garde tout un chacun. Sa dissipation n'est possible que si
l'on croit qu'il n'y aura ni vainqueur ni vaincu. Mais un héros, le peuple.
Nous vivons une situation anormale. Chacun est dans son coin. Le gouvernement croit travailler quand le peuple crie à son départ. Beaucoup de choses sont en attente, certaines ont disparues. Les projets à finir, les réflexions à approfondir. Nous ne semblons vivre qu'à coup de faits ou d'événements saillants. Plus de planification et rien comme projection d'avenir. Bedoui et son gouvernement, l'obstacle majeur Pour tous les observateurs le gouvernement Bedoui constitue et continue de le faire, un obstacle majeur à toute issue, à toute résolution permettant de passer à une phase de la résorption de l'impasse. Si on le prend du coté personnel et intuitu-personae, il est avec certains de ses ministres l'étiquette vivante, lisible et authentifiée des résidus de l'ancien régime. Qu'ils s'assument. Il a été nommé par le président déchu en plein métastase d'un système qui s'est écroulé juste peu après. Il gardera à jamais les scories et les virus ayant emmaillé cette portion de l'administration publique. Pourtant son changement ne coutera rien à l'équilibre actuel des pouvoir ni ne provoquera des remous dans la balance des détenteurs de l'autorité nationale. Il ne pèse plus rien, depuis le départ de la fratrie, à moins de vouloir le prendre comme un jockey ayant force d'atout à ne faire déposer qu'en dernier laps du temps supplémentaire. Si c'est sur le coté objectif, de la salubrité et l'efficience des rouages de l'Etat en cette phase cruciale, l'on voit nettement que toutes ses prestations ne sont d'aucune utilité. Il ne peut faire impact sur le quotidien de la vie sociale, alors que dire s'il lui était permis d'entreprendre des mesures hypothéquant l'avenir du pays dans lequel il n'aura plus de place ? Personnage carriériste, fonctionnaire docile il pourrait bénéficier de mansuétude et de compréhension quoique pénible, s'il n'était pas engagé à l'excès corps et âme avec fakhamatouhou, initiant le rituel du cadre et promouvant le mandat raté, le tout pouvait l'avoir été sans foi ni conviction. L'homme qu'il est une autre affaire. Alors pour l'honneur de la nation, le respect de l'histoire afin qu'elle ne soit pas encore trop bredouillée , il est de bon sens que ce gouvernement rentre chez lui. Il partira, il partira, tête baissée et queue ramollie. Le premier voile favorisant le doute, va s'amoindrir avec ce départ facilitateur et exigé. Dialoguer, n'amoindrit personne Sous n'importe quelle enseigne le dialogue doit se poursuivre. D'autant plus s'il encouragé et promu par le pouvoir en place ou par l'armée. Il s'agit en toute finalité d'exposer un avis et non pas l'imposer. Qu'il émane du pouvoir, de la société dite civile qui est appelée à se régénérer car trop gangrenée, de l'élite qui doit se réveiller, des étudiants confondus, des partis prêts à la rénovation ou de ceux tenaces à une opposition clanique et façadière ou candidats à une vision d'une nouvelle opposition , le dialogue est le seul mode préliminaire à l'amorce d'une lueur. Puis viendra, et là le doute y est grandiose la question de la légitimité représentative. Si l'on accentue cette portion d'analyse et de perception des choses, personne n'est alors représentatif. Chacun est frappé d'illégitimité. Que faire ? C'est irréel quand aucune personne, ni conclave n'entraine, à défaut d'unanimité au moins un quasi-consensus. Le panel et ses membres ne sont pas dans la sainteté du Hirak disent les uns, les initiateurs de la plateforme de Ain Benian ne sont pas dans celle de l'autre partie au moment où les deux tentatives sont rejetées par les autres. Nous voici bien installés dans une surdité partagée. Un entêtement inutile. Seulement, il demeure certifié que personne n'a été habilité par la rue ou par quiconque à parler au non du Hirak. Sa représentativité est chose impossible au stade où les efforts d'accaparement du mouvement populaire sont multiples et diversement disparates, sinon contradictoires. Depuis la naissance du mouvement le 22 février où il y avait une nette convergence de revendications, une symbiose parfaite, Il n'y a aucune pancarte ou affiche brandie ces derniers vendredis qui puissent faire l'accord de tout le monde. Il y a même celles qui sont diamétralement opposées. Les uns sont pour les autres quand ceux?ci sont contre les uns. A ce rythme d'opiniâtreté, le campement sur ses propres positions ne ramène rien, sauf si cela est fait à bon escient, pour des raisons, le cas échéant que personne n'ignore. En fait c'est là tout le sens d'un impératif dialogue sans exclusion. Ce sont les premiers pas qui sont difficiles. Les étudiants, un allié incontournable Chaque étudiant est censé trainer ou l'être par une idéologie et une forte maturité politique, sinon c'est un élève encore lycéen. La prise de conscience chez lui fait son implication dès qu'il commence à comprendre que ce monde ne doit plus être modelé sans sa participation. Ainsi l'université a été de tout temps le vrai foyer des luttes politiques. C'est là, dans ce temple de savoir que l'idéalisation du rêve tend à s'éclore au grand jour afin de devenir, avec ou son ferveur une réalité ; commun objectif à atteindre parfois par n'importe quel moyen. En fait les étudiants ne forment pas une classe, ils sont la sève dynamique de toute nation. Cette frange axiale reste un socle fondamental dans le dénouement de la crise actuelle. Ils ne sont pas tous, forcement hostiles à tout dialogue. Différents dans leurs positons, ils le sont aussi dans l'outillage de manœuvre. Il suffit de savoir tirer le bon du mauvais, le militant de l'anarchiste, le réaliste de l'opportuniste. Sans pour autant s'en remettre toutefois aux référentiels doctrinaux qui les distinguent. Chacun est libre de boire la théorie qu'il veut, à charge de devoir partager celle qui unit tout le monde. L'Algérie et bien d'autres valeurs que l'on qualifie manifestement de constances nationales. Certains auteurs de réseaux sociaux pris pour de nouvelles armes de domination et de fabrication de l'opinion publique et lesquels sont légion, font de leur « campement » des conditions sine-qanun pour toute sortie d'impasse. Par nature et c'est un tempérament universel et classique que tout militant estudiantin de surcroît est antimilitariste. Seulement ici, chez nous nous ne sommes pas face à un Pinochet. C'est de l'armée nationale populaire qu'il s'agit, de ce rempart contre les convoitises et de ces conspirations que se tissent à l'ombre contre, non pas contre la personne, d'un Général mais à l'encontre d'un peuple et de son territoire en entier. Le Général un jour ou l'autre partira, il y aura bien un autre. Le peuple et son territoire sont pérennes, il n'y aura pas d'autres. Le plus grand danger sera cette stratégie diabolique voulue par les aigris, les ennemis, les haineux de l'Algérie de vouloir mettre face à face l'armée et les étudiants. Eh ben, cette messe n'aura pas lieu. Le pouvoir du moment ne perd rien à faire tout pour ramener cette frange vers le dialogue. L'embarras sera dans la recherche de cette unanimité dans le milieu des étudiants. Elle est impossible, car l'essence même de la démocratie impose cette impossibilité. Les attentes sociales et le vide économique Le gouvernement ne semble pas mesurer les conséquences d'une rentrée sociale à grand risque ou il feint de les sous-estimer se sachant finissant. Gagner du temps, attendre pour voir n'est plus rentable. Les prix qui s'envolent toujours, la précarité de la vie salariale, la généralisation du système de la débrouillardise et bien d'autres griefs sociaux connus vont s'exacerber et constituer un socle supplémentaire à d'autres revendications d'ordre politique. L'amertume de la réalité, pourtant vous foudroie les yeux chaque matin aux détours de la une de journaux où l'insatisfaction citoyenne a remplacé les annonces de la comptabilité macabre. Le terrorisme est maintenant dans les intestins, dans la vacuité journalière, dans ce doute qui plane du comment va-t-on finir l'année. Une autre vraie inquiétude apolitique s'installe. Elle est ménagère, celle des pauvres, des sans-emploi, des nouveaux demandeurs d'emploi. A l'université, la grève est un étendard qui ne s'est jamais mis en berne. Son spectre flotte et hante déjà les campus. Les mardis estudiantins iraient en grandissant, que le ministre du secteur n'en a guerre cure, s'occupant croyant y trouver la potion magique ; à faire remplacer une langue à la limite maîtrisée par la majorité, par une autre que lui seul et ses amis semblent apparemment, face à notre état néophyte s'en découdre. Autre inquiétude est celle de ces nombreuses communes, ces zones frontalières, ces agglomérations sahariennes qui n'arrivent plus à subvenir aux besoins d'entretien de leurs infrastructures de base et dont les projets sectoriels sont gelés. Si l'eau potable a manqué cet été, le doute y est quand à la flotte diluvienne, aux inondations parfois mortelles et aux pénuries du gaz butane dans les espaces encore enclavés. C'est dire avec outrance que des gouvernements successifs ont été incapables d'assurer un primordial service public. Paroles, paroles, promesses, promesses. Le respect des voix et le doute de la fraude électorale Il est vrai qu'un président élu aura toute la faculté de parachever le processus de rénover l'Etat et ses démembrements, de triturer au bon vouloir du peuple la constitution et ses textes conséquents, de réaliser le rêve national, de faire disparaitre la peur, de rendre les gens heureux car égaux, de bannir l'impunité, de recréer le mérite en faisant périr le piston et les faux tremplins. La charge est lourde. C'est l'une des grandes exigences actuelles que celles d'observer un respect prophétique de la volonté du peuple. Laisser se mouvoir dans l'urne transparente et en toute liberté les voix telles qu'exprimées est un credo sacro-saint pratique et non pas un simple slogan lancé à coup de publicité a chaque rendez-vous électorale. Le doute de la fraude est permanent et ne peut se dissiper sur les vertus verbales d'un discours redondant. Les garanties, et qui ne seront jamais assez suffisantes ; pour pouvoir réinvestir la confiance dans l'acte électoral du citoyen restent d'abord la rupture radicale avec la méthodologie procédurale exercée jusqu'à présent en la matière. En plus d'un cadre légal et institutionnel pour un organe indépendant à qui est dévolue l'organisation de bout en bout des élections sous la supervision de l'autorité judicaire. Il parait qu'un texte en ce sens est fin prêt, qu'on le mette à la disposition d'un débat national. Facon de gagner un peu de temps. L'autre garantie est celle d'éloigner carrément de cette opération le personnel ayant officié aux précédentes et ce du sommet ministériel à la base. Que les partisans d'éventuels candidats investissent les bureaux de vote et les prennent pour une parcelle de rue à occuper un vendredi, jour du scrutin. Un contrôle populaire direct. Comme dans les premières élections locales de la l'Algérie nouvellement indépendante, du temps du parti unique. Seules donc des élections libres et affranchies de tout parrainage serties d'un maximum de garantie d'honnêteté et de propreté peuvent mener au bon port. Sinon c'est le cycle infernal et vicieux qui va se répéter. Les défis de l'effet judiciaire Il n'y a apparemment que la justice qui fonctionne. Libérée de toutes entraves ; elle s'est redécouverte un grand espace illimité de manœuvre et compte aller plus loin encore. Opération de nettoya à grande eau. Il lui aura suffit un grand déclic généralisé d'un peuple en quête de justice pour qu'elle sorte des miasmes, là où elle était enfouie, presque enterrée ne paraissant toutefois que pour régler en coupe l'avis contraire tenu en face des maitres de céans. La rentrée s'annonce pleine de dossiers à ouvrir, d'affaires à exhumer, d'accusations à juger. Ainsi la rentrée, voire l'année judicaire va connaitre de grands moments historiques dans ses annales. Le crime, avec les dépravations, les concussions, l'esbroufe et l'abus de confiance, saura remettre en relief le sens que nul n'est impunissable. Il est malheureux d'avoir vécu un temps, très long, une double décennie dans des prétoires qui ne voyaient que des p'tits poisons enrobés par de grands chefs d'inculpation. Les gros, étaient au grand large, dans les off-shore, les paradis fiscaux et le panama-papers. Personne n'osait s'attaquer aux minotaures. Maintenant que le Hirak et son engouement ont brisé les geôles ou étaient retenues l'intime conviction et la liberté de conscience du juge , voilà que la magistrature commence à agir dans ses missions républicaines et au nom de ce peuple libérateur. Apres ce lifting en profondeur ayant eu le courage d'opérer des déchirures dans l'omerta qui régnait ; il en reste l'utilité impérative de rendre dorénavant toute force à la loi, rien qu'à la loi. Nombreux sont les défis qui se pointent dans les salles d'audience où les grands procès de « la bande » vont se dérouler. Le doute aussi. Les plus sceptiques persistent à croire en une manœuvre tendant à amadouer la ferveur de la rue, pour qu'ensuite le tout bifurquera sur l'élargissement ou l'atténuation machinale des verdicts. Elle aura, cette justice un travail monstre à entretenir. Outre la production des sentences par une rigoureuse application des lois ; le coté paraissant avoir un volet politique n'en échappera pas quoique intervenant d'une façon indirecte. Elle sera là dans les conflits organisationnels de partis, de leurs organes, dans la veille au respect des conditions d'éligibilité. L'on s'accordera tous pour dire oui a un Etat de juridictions, un Etat de Droit et de droits. |
|