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Pour
le 26ème vendredi consécutif, des marches ont été organisées hier à travers le
pays pour maintenir la pression sur le pouvoir et la revendication essentielle,
le changement radical de système politique de gouvernance. C'est sous un soleil
de plomb que des dizaines de milliers de manifestants sont sortis à travers les
grandes villes du pays réclamer «plus de justice», «qu'ils partent tous»,
«l'indépendance» et «la libération de l'Algérie». A Ténès, dans la wilaya de Chlef, plusieurs dizaines de manifestants ont sillonné les
principales artères de la ville pour demander à la justice «plus de justice»,
«la libération de l'Algérie», et qu'ils «partent tous». Les manifestants se
sont ensuite regroupés pour un sit-in symbolique devant le siège du tribunal de
la ville, appelant la justice «à ouvrir les dossiers» de la corruption. A Béjaïa, et sous un soleil de plomb, des milliers de
manifestants, scandant «Ulach smah,
ulach» ont sillonné les principales artères de la
ville. Les manifestants, encadrés par des cadres de la société civile, ont
également scandé «dawla madania,
machi askaria» (état civil
et non militaire). Le crédo du Hirak, «pas
d'élections avec la bande», a été également scandé par les manifestants,
surveillés par un imposant cordon de sécurité. A Tizi Ouzou, et comme
d'habitude, la foule était impressionnante, avec des milliers de manifestants
brandissant l'emblème national et celui amazigh. A Oran, les manifestants
étaient également au rendez-vous. Les revendications sont restées les mêmes :
«on vous a dit de partir, alors partez». A Mostaganem, une foule
impressionnante a entamé les marches de protestation.
Mais, c'est à Alger que les manifestations contre le pouvoir et pour un changement radical dans le mode de gouvernance ont été les plus imposantes, avec des dizaines de milliers de manifestants, rejoints par des leaders politiques et de la société civile, dont Karim Tabou et Mustapha Bouchachi. Brandissant 48 drapeaux nationaux, les manifestants à Alger ont appelé à la libération de Lakhdar Bouregaa, avant de scander «les Algériens, khawa-khawa». A Alger toujours où les forces de police ont bouclé la place de la Grande Poste et harcelé les manifestants, le slogan principal était «dawla madania, machi askaria» et, surtout, «el chaab yourid el istiklal» (le peuple veut l'indépendance). Jusqu'à 15 heures, des centaines de manifestants rejoignaient le centre-ville, pour grossir davantage les rangs des manifestants, alors que la police tentait de harceler les groupes de manifestants. Même ambiance à El Tarf, où des manifestants sont sortis pour marcher et revendiquer la fin de l'ancien système de gouvernance, et l'avènement de la démocratie, avec en bandoulière «yetnahaw gaa». A Constantine, des milliers de citoyens ont battu, hier, le pavé, au centre-ville, pour ce 26ème vendredi consécutif des manifestations contre le système. Un 26ème vendredi qui s'inscrit sous le signe de la continuité dans la mobilisation populaire contre le système et ses symboles. «Thawra moustamira» (la révolution continue) scandaient dans ce sens des milliers de gorges qui ont défilé au centre-ville malgré la chaleur pesante. «Chaab yourid el istiqlal» (le peuple veut l'indépendance), «barakat min houkm el généralates» (y en a marre du pouvoir des généraux), «dawla madania machi aaskaria» (état civil non militaire) ont été d'autres slogans scandés, hier, lors de ce 26ème vendredi des manifestations contre le système. Les manifestants qui ont également renouvelé leur rejet du système, dont les symboles encore en place ont été fustigés autant que les «chiyatines» (ceux qui sont à leur solde), ont décrié les chaînes de télévision locales. Aussi, on a pu constater qu'aucun haut responsable actuellement en poste n'a été épargné par la foule qui scandait les noms l'un après l'autre. «Atalgou wladna» (libérez nos enfants) ont appelé les manifestants, qui montrent ainsi qu'ils tiennent à la libération des détenus d'opinion. Les policiers déployés en nombre au centre-ville n'ont pas eu à intervenir, comme à leur habitude, et la marche s'est déroulée sans aucun incident. Une conjoncture particulière Ce 26ème vendredi de manifestations contre le pouvoir intervient dans une conjoncture politique stressante pour les organisations de la société civile et les partis d'opposition, après le refus de la wilaya d'Alger d'autoriser une rencontre de la société civile ce samedi à la Safex. «Une première rencontre de concertation initiée par des dynamiques de la société civile, regroupant des partis politiques des deux pôles, l'alternative démocratique du 26 juin et la conférence nationale du dialogue du 6 juillet, ainsi que les personnalités nationales, qui a été programmée pour ce samedi 17 août à la Safex est reportée pour le samedi 24 août, cela suite à la non autorisation de la demande déposée en nom du syndicat du SNPSP auprès de la wilaya d'Alger», selon une déclaration d'Abdelouahab Fersaoui, président du RAJ. Il y a également le sentiment des acteurs politiques que le pouvoir tente d'imposer sa propre solution de sortie de crise à travers le panel de dialogue national dirigé par l'ex-président de l'APN Karim Younès. Et, si le panel a annoncé qu'il va lancer la semaine prochaine des consultations avec des partis, il y a en même temps des pressions terribles sur les médias, et les acteurs de la société civile, dont les rencontres sont souvent interdites par les autorités. Face à cette situation, des leaders politiques et associatifs ont annoncé qu'ils vont renouer avec les manifestations de protestation, et pas seulement les vendredis. |
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