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Football - Ligue 1: Un premier round d'observation

par M. Zeggai

Qui aura l'insigne honneur de succéder à l'USMA ? C'est la question que se posent de nombreux observateurs à quelques heures du coup d'envoi de la saison 2019-2020, avec une première journée étalée sur trois jours. Même s'il est encore prématuré de déterminer les chances des uns et des autres, il y a tout de même des signes qui ne trompent pas en football.

Ce premier round est surtout celui de l'observation, car il faudra attendre cinq ou six journées pour se faire une idée précise sur les différentes équipes. En prévision de cette 57e édition du championnat, pratiquement tous les clubs algériens, à l'exception du Paradou AC, n'ont pas lésiné sur les moyens pour renforcer leurs effectifs avec des transferts à coups de centaines de millions. Comme à l'accoutumée, les équipes, considérées comme les grosses cylindrées, partiront avec le statut de favorites. Après une saison 2018-2019, marquée par une multitude de problèmes de gestion, de rumeurs, de violence et de conflits à tous les niveaux, on espère cette fois-ci que la nouvelle saison, la dixième de l'ère du professionnalisme, soit celle du renouveau et du fair-play.

CRB-MCA-JSK: les principaux favoris

Suivant une certaine logique, notamment en matière de préparation et de recrutement, ce sont les trois sérieux candidats au titre de champion d'Algérie. Pour le CR Belouizdad, qui a souffert le martyre l'an dernier pour assurer son maintien, il s'agit de la saison de tous les espoirs. Vainqueur de la dernière Coupe d'Algérie, le CRB nourrit de grandes ambitions en vue du prochain exercice. Alors, est-ce la renaissance du Chabab ? Le groupe Madar, Saïd Alli et Abdelkader Amrani a justement tout mis en œuvre pour que le CRB retrouve son lustre d'antan. C'est l'objectif recherché par le MCA, dont le dernier titre remonte à 2010. Le Mouloudia d'Alger est annoncé comme l'un des grands favoris de cette épreuve. Le Doyen, soutenu par Sonatrach et grâce à son extraordinaire engouement populaire, a l'étoffe d'un champion si la stabilité est préservée. Renouer avec les titres et faire oublier le «cauchemar» des saisons précédentes semble être le mot d'ordre des milliers d'inconditionnels des « Vert et Rouge ». Pour sa part, la JSK veut rester dans la dynamique de la saison écoulée, qui lui a permis de retrouver la compétition continentale. Confirmer son retour en force, tel est le leitmotiv de la JSK qui est décidée plus que jamais à redorer son blason. La venue du coach français Hubert Velud est conçue pour donner une autre dimension à l'équipe. Mais, avec une opposition qui ne veut pas dire son nom, l'incertitude de revenir au-devant de la scène commence à hanter les esprits des fans kabyles.

USMA-CSC-ESS-PAC: les outsiders

Ces quatre formations ont connu des fortunes diverses ces derniers temps. L'USMA, l'ESS, le CSC et le PAC, d'anciennes grosses cylindrées, risquent de payer cash les nombreux changements opérés. Le team de l'USMA n'a plus les moyens des années précédentes, même s'il sera une nouvelle fois favori pour succéder à lui-même. Après une intersaison mouvementée avec l'exode de plusieurs de ses joueurs cadres et le départ du propriétaire, le Groupe ETRHB, les Usmistes sont confrontés à une crise financière sans précédent, ce qui pourrait les perturber pour réaliser les objectifs assignés. C'est le même cas de figure pour le CSC, mais ce dernier, compte tenu de l'exigence de ses fans, est bien décidé à jouer les premiers rôles. Ce sera difficile dans la mesure où les Sanafirs ont quelque peu marqué le pas quant à un recrutement de qualité qui répond aux aspirations du grand public du Chabab. Pour l'ESS, il s'agit en premier lieu d'éviter les erreurs et le scénario de la saison écoulée. Néanmoins, l'Entente risque de trouver du mal pour panser ses blessures et colmater les brèches de la gestion de l'ex-président Hassen Hamar, comme le prouvent les difficultés rencontrées par les nouveaux responsables de l'équipe. Avec le retour de Madoui, l'ESS s'est-elle donnée les moyens de sa politique ? Réponse dans les prochaines semaines. En revanche, le Paradou AC, accrédité d'une bonne saison 2018-2019 qui lui a valu une première participation en Coupe de la CAF, mise sur ses Académiciens pour rester dans la continuité. Les jeunes du PAC savent pertinemment qu'il est facile d'accéder vers les sommets, mais qu'il est difficile de s'y maintenir. Chalo, le coach portugais, est donc averti d'autant plus que ses joueurs ne vont plus bénéficier de l'effet surprise. Cette équipe du PAC sera certainement attendue par tous.

MCO-JSS-CABBA: à la recherche de la notoriété

Dans le registre des équipes qui se cherchent encore depuis belle lurette, on citera le MCO où les supporters exigent une place sur le podium.          Le Mouloudia d'Oran doit, pour des raisons que tout le monde connaît, retrouver sa notoriété et revenir au-devant de la scène. Beaucoup de choses ont changé au MCO: un effectif de jeunes joueurs, encadrés par quelques éléments d'expérience, un nouveau staff technique conduit par Cherif El-Ouazani, qui est également DG de la SSPA, et une nouvelle équipe dirigeante. On sera curieux de voir si la mayonnaise va réellement prendre. De son côté, le CABBA n'a pas l'intention de se contenter du maintien. Les responsables d'Al Ahly ont revu à la hausse leurs ambitions, ce qui explique la venue du coach français Franck Duams (ex-JSK) et la qualité du recrutement opéré durant le mercato.

Les Bordjis ont l'intention d'aller bousculer la hiérarchie, mais cela nécessite de la patience car l'équipe, avec les changements opérés, est en pleine reconstruction. Idem pour la JS Saoura qui vient d'innover en confiant la barre technique à Mustapha Djalit après avoir occupé quelques jours seulement le poste de manager général. Selon de nombreux observateurs, les dirigeants de la JS Saoura, à leur tête Mohamed Zerrouati, ont pris un risque en plaçant Djalit, qui vient à peine de mettre fin à sa carrière de footballeur, dans un poste aussi sensible surtout que le club de la Saoura est habitué à jouer les trouble-fêtes.

ASAM-USMBA-NAHD: objectif le maintien

Pour le NAHD et l'USMBA, qui ont perdu leurs meilleurs joueurs, la mission s'annonce compliquée. Les fans nahdistes attendent avec beaucoup de curiosité et d'impatience de voir à l'œuvre le Nasria, version 2019/2020. Les appréhensions et le doute commencent à envahir le public des « Sang et Or » à moins que le nouvel entraîneur Rezki Remane nous réserve des surprises. L'USMBA, quant à elle, s'englue encore dans la politique du bricolage du moment qu'elle reste tributaire de certains intérêts. Le recrutement ne semble pas avoir convaincu les « Scorpions » et le changement d'entraîneur à la dernière minute, Ifticene ayant succédé à Slimani, ne semble pas jouer en faveur de la formation de la Mekerra. Ayant frôlé la catastrophe la saison écoulée, l'USMBA doit retenir les leçons en commençant par assainir son propre environnement pour bloquer la route aux opportunistes. A Aïn M'lila, on a préféré la stabilité avec le maintien de l'entraîneur Aït Djoudi qui, comme pour ses dirigeants, il n'y a pas de place pour la prétention et l'objectif premier sera tout naturellement le maintien.

C'est sûr que les matches seront gérés un par un avec l'ambition de réaliser de bons résultats et permettre à l'ASAM de se hisser vers le haut du tableau. C'est dans les cordes des M'lilis qui ont prouvé qu'ils possèdent de solides arguments et cette faculté de se surpasser en jouant sans le moindre complexe.

USB-ASO-NCM: quel parcours pour les promus ?

Enfin, les trois promus, l'USB, l'ASO et le NCM (ce dernier découvrant la Ligue 1 pour la première fois de son histoire), vont sans aucun doute jouer le maintien. C'est du moins un objectif mesuré. Les trois promus se sont renforcés avec des joueurs d'expérience pour faire face aux ténors de la Ligue 1. Mais à ce jeu, c'est le NC Magra qui s'est taillé la part du lion. Le président Azzedine Benacer a réussi un bon coup en dénichant des éléments de métier pour éviter toute mauvaise surprise. Les Maroci (ex-DRBT), El Orfi (ex-NAHD), Rahal (ex-RCR), Derradji (ex-RCR), Djelali (ASAM), Abdelhafid (ex-OM) sont des éléments qui s'avèrent comme de solides atouts, capables de gérer les différentes situations de matches. Pour l'US Biskra, l'euphorie du retour parmi l'élite n'a pas donné lieu à la considération souhaitée par les dirigeants de l'USB et le coach Nadir Leknaoui. Les difficultés financières n'ont pas permis aux responsables biskris d'effectuer un recrutement à la mesure des ambitions de l'USB. Enfin, l'ASO, elle a commencé par donner des inquiétudes à ses supporters avant même le début de la compétition. Les Chélifiens ont perdu trop de temps durant l'intersaison.

Au lieu de mettre en place les mécanismes pour trouver les ressources financières, les dirigeants se sont trop focalisés sur l'identité d'un nouvel entraîneur pour finalement reconduire Zaoui Samir.

Aussi, le recrutement est qualifié d'insuffisant, qualitativement et quantitativement. Même pas une dizaine de recrues venues de divisions inférieures ou d'éléments inconnus au bataillon. Ce sera très dur pour l'ASO Chlef devant les ténors de l'élite ou des formations ayant une longue expérience en Ligue 1, notamment avec ce système de trois relégables. En tous cas, ce sont là des données théoriques, car la réalité du terrain est toute autre où pas mal de paramètres peuvent fausser les calculs. Une chose est sûre: Zaoui Samir, qui s'est dit optimiste et convaincu des possibilités de son équipe à tenir la dragée haute aux grosses cylindrées, est attendu au tournant. Mais avec le nivellement de valeurs enregistré ces dernières années, l'obstacle paraît tout de même surmontable.