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C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai appris le décès
de «Hadj Okacha». Triste nouvelle qui nous arrive
pour assombrir le ciel de nos cœurs. Il est parti ce brave Okacha
qui a marqué de son sceau la ville de Sidi Bel-Abbès
et l'histoire de l'édification de notre pays. Il est parti, cet homme généreux
et humble, toujours au rendez-vous quand on le sollicitait. Je me rappelle de
lui et de ses élans du cœur pour l'université et pour le pays. Je l'ai vu un
jour presque pleurer pendant la folie noire qui a ensanglanté l'Algérie.
C'était un patriote et un homme engagé dans la construction de notre pays. Lui
et son frère Brahim ont monté une entreprise à force de bras en partant d'en
bas, guidés par l'amour du travail et du beau, toujours cherchant à mieux
faire, ouvrant leurs bras aux compétences nationales et internationales. Ils
ont embrassé tous les secteurs, rien n'a été épargné, du bâtiment et la
fabrication des matériaux de construction au marbre, au goutte à goutte dans
l'agriculture, à la recherche scientifique dans les algues, et j'en passe. Je
me rappelle un jour avoir entendu Brahim, que pour eux ils ont consenti à un
sacrifice pour aboutir, tellement il était difficile d'avancer en Algérie à
cause des obstacles difficiles à surmonter et de la bureaucratie, mais je ne
les ai jamais vus se décourager, ils y croyaient, qu'il vente ou qu'il neige,
ils étaient passionnés par ce qu'ils réalisaient. Pour les avoir approchés de
près, je sais que rien ne pouvait les décourager, ils ne savaient pas ce que
c'est que l'échec. C'était une forme de profession de foi et de conviction qui
les animait. Mais ce n'était pas étonnant, parce que leur histoire s'est forgée
dans le travail bien fait et le labeur. Souvent, ils trimaient plus que leurs
ouvriers et leurs collaborateurs, mais c'était ainsi, c'était leur nature. Le
nom de « Hasnaoui » qu'ils portent avec honneur
résonne aujourd'hui dans tous les murs de nos villes. Ce sont des bâtisseurs
hors du commun qui ont marqué leur temps. Okacha,
l'aîné, en était le pionnier, mais il se confondait avec Brahim, on n'arrivait
pas à les dissocier, quand on voyait l'un, on voyait l'autre. Il était le
patriarche de cette authentique famille de Sidi Ali Benyoub
attachée à ses traditions ancestrales. Okacha était
en quelque sorte le gardien du temple et le fédérateur de cette famille unie
qui a conservé des valeurs qui n'existent plus dans cette Algérie qui a perdu
ses repères et sa boussole. Quand on l'approchait, on l'aimait. Je tenais à le
dire et à le crier très haut vers le ciel pour qu'il m'entende. C'était un
homme pieux, discret et simple. Il faisait partie de la race des seigneurs.
Quand je venais le voir à son bureau qu'il partageait avec son frère Brahim, il
me recevait avec l'élan du cœur, le sourire et le respect, en me proposant un
café. Il ne se prenait jamais la tête, et il ne regardait jamais les gens de
haut. Il est resté toujours aussi simple que quand je l'ai connu il y a plus de
vingt ans, j'en étais touché. Il est toujours fidèle à lui-même avec en plus
l'allure d'un Italien, qui a vu naître l'humanisme européen. Cela lui allait
bien, avec le poids des années et sa sensibilité humaine. Ces derniers jours,
j'ai souvent pensé à lui parce que jamais je n'avais pensé qu'il allait partir,
si vite et en pleine force de l'âge. Il m'apparaissait comme un roc, que rien ne
pouvait atteindre, malgré la perte tragique d'un de ses enfants et d'un frère.
Sa santé a toujours été florissante, et son sourire permanent, toujours en
pleins projets et en pleins chantiers. Il faisait la route tous les jours entre
Oran et Bel-Abbès. Rien n'apparaissait, jamais il ne
se plaignait de sa santé, et jamais je ne l'ai vu abattu. Il faisait partie de
ces gens qu'on croit immortels et qu'ils seront toujours là. Hélas, le destin
en a voulu autrement, c'est le sens de la vie. Nous sommes voués à la finitude.
C'est notre destin à tous et nous l'oublions. Parce que tout finit, tout s'en
va, il n'y a que le Très Haut qui reste et le bien que nous faisons sur terre
qui nous immortalise dans les lieux et les mémoires. Partout où on se trouve
aujourd'hui, en Algérie, et même dans le lointain Hoggar, le nom des Hasnaoui est devenu familier. Tout le monde les connaît,
ils font partie du paysage, c'est cela peut-être l'immortalité. C'est dire que
les «Hasnaoui» sont dans les mémoires pour le bien
accompli sur terre. C'est une race de bâtisseurs, qui ne parlent pas beaucoup,
mais qui travaillent jusqu'à l'épuisement, croyez-moi, croyez-le. Ainsi va la
vie, il n'y a rien d'éternel. C'est difficile pour cette famille soudée de
perdre un des siens, et surtout pour Brahim qui perd en plus d'un frère, son
compagnon de toujours, je sais qu'il doit beaucoup en souffrir. Quelle terrible
épreuve pour lui! Que Dieu lui donne la force de la
surmonter. Nous compatissons et nous en sommes attristés. Mais c'est la volonté
de notre Créateur et qu'en fait « tout est écrit sur la tablette et la plume
s'obstine à rester muette ». Repose en paix « Hadj Okacha
». Jusqu'à la fin des temps, tu vivras dans nos cœurs et ceux des générations
qui suivront. Que Dieu donne la force à Brahim, qu'Il t'accueille dans son
vaste paradis, c'est à Lui que nous appartenons et à Lui nous retournons.
Toutes mes condoléances à la famille Hasnaoui. Je
sais que c'est un coup dur pour eux, mais aussi pour ceux qui les connaissent.
C'est une partie de vous et de nous qui est partie rejoindre le monde de
l'intelligible. Je sais «Hadj Okacha» que de là où tu
es, sous le ciel de sidi Ali Benyoub, tu nous
regardes et tu nous écoutes dans le silence de nos cœurs. Paix à ton âme, «Hadj
Okacha», tu étais un homme de bien. Que Dieu
t'accueille dans son vaste paradis, tu le mérites.
« Ina lilahi oua Ina ileihi rajioun» Allah yerhmou *Professeur de chirurgie - Ancien recteur de l'université de SBA |
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