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Un malheur
n'arrive jamais seul. La crise politique risque de durer et elle s'enfonce en
réalité vers des niveaux inconnus, incertains et dangereux, avec des
tiraillements incompréhensibles des différents acteurs politiques et
institutionnels quant à des solutions consensuelles et rapides. Et, au moment
où chaque camp renforce ses positions et rappelle à la rescousse ses troupes,
la crise économique s'invite dans ce charivari avec des lendemains qui font
peur. Non seulement l'économie nationale est impactée frontalement par les
arrestations des propriétaires de groupes industriels, employant des milliers
de travailleurs et ayant des plans de charge de plusieurs centaines de
milliards de dinars, mais elle est également confrontée de nouveau à une baisse
des prix de pétrole. Une crise en appelle une autre en fait.
Le tableau actuel des fondamentaux économiques du pays est inquiétant et ne prête guère à l'optimisme. Prise sous le feu des incertitudes politiques, du retrait diplomatique des groupes industriels et pétroliers étrangers du marché national et des tensions internationales sur le marché pétrolier, l'économie nationale aura bien des difficultés à surmonter ces moments terribles, périlleux. Le gouvernement, même s'il a assuré les travailleurs que leurs salaires seront pris en charge, n'en est pas moins dans une position financière inconfortable. Comment en effet procéder pour payer des dizaines de milliers de travailleurs quand leurs employeurs, accusés de corruption, sont en prison ? C'est là un autre casse-tête pour le gouvernement qui doit dans la foulée supporter et prendre en charge les dégâts collatéraux d'une implacable poursuite judiciaire contre les tenants de l'oligarchie et les milieux de la rapine, devenue institutionnelle du temps du président Bouteflika. Le problème actuel pour ce gouvernement est de trouver les ressorts nécessaires et les moyens financiers pour éviter une grogne sociale qui couve et que le « Hirak » semble pour le moment contenir, mais jusqu'à quand ? La priorité pour le gouvernement est d'ores et déjà de trouver des réponses justes, efficaces et rapides à la poursuite de la détérioration de l'économie nationale, d'autant que le marché pétrolier est de nouveau pris dans le maelström des crises politiques et commerciales devenues récurrentes entre les Etats-Unis et la Chine. Une baisse trop brusque et franche du baril de pétrole et une hausse du dollar ne sont pas forcément des nouvelles rassurantes pour le pays, pris dans une impasse politique désastreuse pour toute décision économique, financière qui viendrait à assainir les territoires de la production et de la distribution de biens. Pour cette raison et pour toutes les autres, dont celles qui voudraient qu'il y ait un consensus global sur une sortie de crise rapide, les acteurs politiques, la société civile et le gouvernement doivent s'aménager des espaces de dialogue et de concertation, loin de tout manichéisme, pour produire une décision qui ouvrirait la voie au rétablissement de la légalité constitutionnelle et au retour à la normalité politique. Des conditionnalités incontournables d'ailleurs pour qu'il y ait, sur le front économique, et partant l'amélioration des conditions financières du pays, un rétablissement de la situation et, pourquoi pas, le retour de la croissance. La stabilité politique et la fin de l'impasse institutionnelle actuelle sont, cependant, indispensables. |
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