Les
employés de SLC & Divona ont lancé un appel de détresse
aux hautes instances du pays quant à la situation précaire que vivent plus de
300 familles ainsi que sur le sentiment d'injustice qui les emplit. Dans un
communiqué rendu public qui retrace succinctement l'historique des deux
entreprises appartenant à la famille Nezzar, la même
source indique que «nous n'avons pu percevoir nos salaires et à la veille de
l'Aïd et de la rentrée scolaire, les 300 pères et mères de famille, victimes de
cette situation, sont aux portes du chômage sans aucune perspective». Les travailleurs expliquent que «l'ARPCE a décidé, d'une manière
que nous estimons être arbitraire, de retirer nos licences/autorisations
d'exploitation sous prétexte d'un défaut de payement alors que ce point est
soumis, depuis 2012 déjà, à l'arbitrage de différentes instances (?); la
direction générale s'est engagée formellement auprès de l'ARPCE à payer les
reliquats de SLC (Divona ayant déjà payé les montants
non controversés le 12/3/2019) afin de sauvegarder les entreprises et leurs
salariés mais, pour des raisons qui nous échappent, que nous ne comprenons pas
et que nous dénonçons ici, l'ARPCE a refusé le payement et a préféré mettre en
péril l'avenir de près de 300 familles et l'activité économique de quelque
mille clients». Les travailleurs des deux entreprises viennent gonfler
le contingent déjà fort des personnels des diverses entreprises détenues par
des hommes d'affaires actuellement emprisonnés pour des affaires de corruption.
Des employés qui protestent contre une situation professionnelle précaire, particulièrement
du fait du blocage des comptes de leurs sociétés ou de l'arrêt de leurs
activités économiques. Ainsi, les travailleurs du Groupe KouGC,
spécialisé dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, appartenant aux
frères Kouninef, ont tenu, cette semaine, des
rassemblements au niveau de leur siège pour revendiquer «leurs salaires». Dans
un communiqué rendu public, ils ont également lancé un appel de détresse «en
vue d'attirer l'attention des institutions de l'Etat sur leur situation socioprofessionnelle
dans laquelle ils se retrouvent depuis les décisions judiciaires prises à
l'encontre de leur entreprise», des décisions qui ont provoqué le gel des
comptes bancaires du groupe, «entraînant le blocage des salaires de l'ensemble
des travailleurs, au nombre d'emplois directs et indirects estimés
respectivement à 3.000 et 35.000». Par ailleurs, plus de 1.022 travailleurs
appartenant au groupe de Haddad et de l'usine de montage automobile de Tahkout, sis à Tiaret ont été mis en congé forcé, a indiqué
l'inspecteur du travail de la wilaya de Tiaret, Saïd Lakehal.
Cette situation risque de dégénérer surtout avec l'approche de la rentrée
sociale malgré les promesses du gouvernement d'y remédier. En effet, et ne
pouvant rester passif devant les conséquences économiques induites par
l'incarcération d'hommes d'affaires propriétaires d'entreprises de production,
le ministre des Finances, Mohamed Loukal, avait
affirmé que le gouvernement a décidé de mettre en place un dispositif de
sauvegarde de l'outil de production et les postes d'emploi pour prévenir les
éventuelles turbulences susceptibles d'impacter l'emploi, la production et le
climat des affaires en général en Algérie. «Nous sommes en train de travailler
au niveau du gouvernement pour dégager des solutions juridiques concernant ces
entreprises», a-t-il souligné dans un entretien
accordé à l'APS. Sans pour autant préciser la nature des mesures à prendre, il
a expliqué que ce dispositif de sauvegarde est supervisé par un comité
intersectoriel ad hoc, composé des membres du gouvernement et du gouverneur de
la Banque d'Algérie, et placé auprès du ministère des Finances. Ce sujet a déjà
été abordé une semaine plus tôt par le directeur général du développement
industriel et technologique au ministère de l'Industrie et des Mines, Mustapha Hamoudi, qui a affirmé que l'Etat n'«abandonnera» pas les
entreprises se trouvant en difficulté suite à l'emprisonnement de leurs
propriétaires, notamment pour des affaires de corruption. Il a précisé que le
gouvernement «est en train de tout faire pour qu'il n'y ait aucun impact sur
l'approvisionnement du marché, la réalisation des projets et la fourniture des
prestations éventuellement concernées par ces situations».