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La décantation politique tarde à se concrétiser et la
résolution de la crise ne semble pas, pour le moment, orientée vers cette
direction. Bien au contraire, de sérieux périls pointent à l'horizon avec ces
appels à la désobéissance civile, une manœuvre extrêmement dangereuse et
dommageable pour la sécurité et la stabilité du pays. L'appel en a été fait
vendredi dernier lors des marches populaires et beaucoup estiment que cette
stratégie ne milite pas vraiment pour une issue consensuelle de la crise, mais
au contraire est de nature à compliquer la situation en ce que la désobéissance
civile est d'abord une attaque frontale contre le fonctionnement des
institutions du pays.
Beaucoup au sein des partis politiques et de personnalités nationales ont mis en garde contre cette stratégie de sortie de crise qui, si elle met davantage de pression sur le pouvoir, n'en a pas pour autant beaucoup de points négatifs, dont une possible interdiction des marches populaires de protestation, avec ses conséquences catastrophiques sur l'ordre et la sécurité publiques. Le recours à cette extrémité est, cependant, envisagé par la rue algérienne après le constat d'échec de toutes les tentatives d'amorce d'un dialogue serein et franc au sein de la classe politique et avec le pouvoir pour la satisfaction des principales revendications du Hirak, soit le départ du gouvernement et du chef de l'Etat, ainsi que la mise en place d'un gouvernement de transition. Mais, entre les revendications de la rue, que soutiennent les partis d'opposition à l'instar de celui d'Abdallah Djaballah, et la réalité des choses au plus haut sommet de l'Etat, il y a un grand fossé, presque impossible à franchir. A commencer par celui apparu entre la présidence et l'état-major de l'ANP sur les missions et les préalables du panel de dialogue dirigé par Karim Younès. Les divergences de vue entre la présidence et l'état-major de l'armée sur la conduite du processus de sortie de crise sont en fait apparues lorsque le panel, confiant par le soutien du chef de l'Etat à leurs revendications, avait demandé des mesures d'apaisement pour entamer sa mission. Si la présidence avait apporté sa caution, cela n'a pas été le cas pour l'armée, puisque le chef d'état-major avait réservé une fin de non-recevoir catégorique aux mesures d'apaisement demandées par le panel, ce qui, concrètement, était un affreux désaveu à la politique de sortie de crise prônée par Bensalah. Les déclarations de Smaïl Lalmas, un des membres du panel, qui avait démissionné quelques heures après la sortie mardi dernier du chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah, sont édifiantes. Car il a constaté, comme tous les Algériens, qu'il y a un vide inquiétant dans la communication ou la concordance des positions entre la présidence et l'état-major de l'ANP. «A mon avis, le dialogue s'impose d'abord entre les tenants du pouvoir. Entre la présidence et l'institution militaire, il y a un désaccord, il y a même un fossé. Le panel dirigé par Karim Younès a mis à nu les divergences existant en haut lieu». Ces déclarations de Smaïl Lalmas faites hier dimanche montrent à quel point les distances restent infranchissables entre d'une part les différents paliers du pouvoir et, d'autre part, entre ces paliers et les acteurs politiques et de la société civile. A quelques semaines de la rentrée sociale, l'immobilisme sur le front politique inquiète. |
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