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Après la
gifle de mardi dernier, beaucoup se demandent de quelle crédibilité peut
dorénavant se prévaloir un fragile panel chargé du dialogue national. Et quelle
sera dorénavant sa marge de manœuvre et sa force de persuasion auprès d'une
opinion publique non seulement désabusée, mais qui s'est déjà exprimée en
réfutant au panel toute légitimité. Les temps sont très difficiles pour ce
panel, une semaine seulement après son installation, car il y a eu d'abord
l'attaque frontale du chef d'état-major de l'ANP qui l'a recadré sur ses
exigences en l'orientant vers sa mission principale, celle de favoriser une
sortie rapide de la crise politique. Ensuite un coup de gueule de certains de
ses membres, dont deux se sont retirés, et la démission-simulacre de Karim Younès qui ont ébranlé en fin de semaine la jeune vie de
cette instance chargée d'organiser un dialogue national devant ouvrir la voie à
une sortie rapide de la crise politique et surtout satisfaire le Hirak, en mettant en place un gouvernement de transition.
Mais, contre vents et marées, le panel à l'issue d'une réunion de crise (déjà) jeudi, au cours de laquelle il a réitéré sa confiance en son coordinateur, a annoncé qu'il poursuit sa mission, celle que lui a dévolue le chef de l'Etat et donc le pouvoir. Mieux, les membres du panel restent convaincus de leur mission et de leur rôle historique dans cette phase politique cruciale pour l'avenir du pays et sa stabilité. Cependant, en acceptant de ne plus conditionner la poursuite de leur mission au préalable des mesures d'apaisement, les quatre membres restants du panel ont pratiquement hypothéqué leur crédibilité et, partant, leur force de frappe dans les futures négociations avec le pouvoir pour imposer sa vision de sortie de crise, dont la mise en place d'un gouvernement de transition et la libération des personnalités et manifestants arrêtés en lien avec le Hirak. En abandonnant ses préalables, le panel a scié la branche sur laquelle il se maintenait difficilement et il a perdu définitivement, pour l'opposition et la société civile, ainsi que tous les « hirakistes » qui se recrutent au sein des cadres et de la classe moyenne, toute caution, toute crédibilité, toute confiance. Il a en quelque sorte adopté les objectifs du pouvoir, s'il ne va pas les revendiquer dans les prochains jours, à savoir l'organisation d'élections présidentielles avant toute discussion sur un autre ordre du jour politique de sortie de crise. Ce sont là les revendications de la présidence que le chef d'état-major de l'ANP, le général Ahmed Gaïd Salah, a défendues mardi dernier dans son intervention musclée contre tous ceux qui veulent organiser un dialogue national de sortie de crise assorti de conditions et de préalables «intolérables». Abdelkader Bensalah, le chef de l'Etat, en gardant le silence et en ne réagissant pas au « niet » du général Gaïd Salah aux revendications du panel, a en quelque sorte non seulement entériné la démarche du chef d'état-major en ce qu'elle oblige tous les acteurs politiques à aller directement à des élections présidentielles pour sortir du marasme et de la confusion actuels, mais il l'a tacitement défendue. Piégés, Karim Younès et les membres du panel qui n'ont pas eu le courage politique de démissionner, vont fatalement défendre une autre voie que celle attendue par les « hirakistes ». |
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