Dorénavant,
le temps est compté pour le pouvoir dans sa manœuvre de rassembler les forces
politiques et les acteurs de la société civile autour de son projet de sortie
de crise, la tenue d'une élection présidentielle. Car la mise en place du panel
de personnalités nationales devant diriger un dialogue national inclusif sur
les voies et les moyens de sortir de cette impasse politique n'obéit en
définitive qu'à cet objectif par un pouvoir acculé tous les vendredis à
envisager son départ et l'avènement d'une transition politique dont seront
chargées des personnalités nationales issues des milieux politiques,
économiques ou universitaires. La manœuvre du pouvoir de mettre en place ce
panel de personnalités nationales est quelque part la bienvenue, car elle libère
autant les énergies qu'elle n'ouvre des perspectives politiques nouvelles pour
dégager des solutions consensuelles, sinon permettre au moins une première
décantation, qui satisfasse les différentes parties engagées dans cette
terrible course contre la montre pour éviter au pays un chaos institutionnel
préjudiciable à sa stabilité et sa sécurité. Et mettre fin à un immobilisme
politique inquiétant. Certains milieux n'hésitant pas à stigmatiser ce « no
man's land politique » préjudiciable pour le Hirak et
le mouvement populaire pour l'avènement d'un Etat de droit, démocratique, et un
pays enfin réconcilié avec la bonne gouvernance. Le test
actuel, pour les autorités comme pour le chef de l'Etat, est réel, car le
panel, qui a appelé à son élargissement à des personnalités politiques et
nationales connues pour leur probité et leur audience auprès de l'opinion
publique, a clairement menacé de mettre un terme à sa mission et de rendre le
tablier si les mesures d'apaisement qu'il a demandées ne sont pas appliquées,
notamment la fin du blocage des accès à la capitale et l'arrêt des arrestations
et vexations policières contre les manifestants du Hirak.
Un gage de bonne volonté de la part du pouvoir, qui a été encore réitéré
dimanche par le coordinateur de cette mission, qui ouvrirait grandes les portes
d'une confiance pour le moment inexistante entre le pouvoir, la classe
politique et la société civile. Ces prochains jours seront un test grandeur
nature pour le pouvoir, qui doit démontrer que ses assurances ne sont pas des
promesses en l'air, et qu'il veut vraiment aller vers l'apaisement, vers des
solutions idoines et durables, qui puissent mettre un terme dans les meilleurs
délais à cette situation d'impasse politique. Du reste, il est évident que les
différents acteurs politiques sollicités par le panel doivent eux aussi
s'impliquer pour que le processus de sortie de crise soit le moins long
possible. Cependant, des réticences sont enregistrées çà et là auprès de ceux
sollicités pour participer à ce dialogue de sortie de crise. Ce qui,
globalement, ne favorise aucunement une décantation politique, qui irait vers
une baisse de la tension actuelle et un rapprochement des points de vue quant
aux moyens de sortir de l'impasse politique actuelle. D'autant que plusieurs personnalités
nationales sollicitées pour participer à ce dialogue ont décliné l'offre,
estimant qu'une telle initiative ne peut émaner du pouvoir. Fatalement, les
positions des uns et des autres restent encore inconciliables sur le fond de ce
dialogue de sortie de crise.