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Cinq
mois après le début de la contestation en Algérie, la mobilisation contre le
système se poursuit. Les manifestants continuent à investir les espaces
publics, et ce, à travers les grandes villes du pays. Pour le 23ème vendredi
consécutif, les plus grandes artères de la capitale, étaient bondées de monde.
Les manifestants tiennent toujours au caractère pacifique de leur mouvement de
protestation mais, tiennent aussi au changement, à la démocratie et à la
liberté. Certains ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « une
négociation sérieuse vaut mille fois qu'une série de dialogues stériles ».
D'autres estiment qu'il y a d'abord une urgence « pas de dialogue avant la
libération des détenus d'opinion ». Les acteurs du ?Hirak'
scandaient ensemble : « Dites-leur qu'il n'y aura pas d'élections sans le
départ du gouvernement Bedoui » ou « on ne veut pas
d'un nouveau pharaon avec l'ancien système ». Les Algériens réclament « un
gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». D'autres ont exigé
l'application pure et simple de l'article 07 de la Constitution : « Rendre au
peuple ce qui lui revient, le contrôle de sa destinée », pouvait-on lire sur
une pancarte brandie par un des manifestants. Certaines personnalités
politiques, les pour et les contre la formule de dialogue proposée par
Abdelkader Bensalah, chef de l'Etat par intérim,
tentaient de convaincre les citoyens sur la nécessité d'aller ou non vers un
dialogue. Des débats ouverts dans la rue et dans les espaces publics donnant à
chaque manifestant le droit de s'exprimer et de donner son avis. Le dispositif
sécuritaire impressionnant déployé n'a pas empêché les citoyens de se rendre à
la capitale malgré les tracasseries des barrages filtrants et les fouilles
minutieuses opérées par les policiers, notamment dans la matinée et à l'entrée
de la capitale. A noter en outre, que pour la première fois depuis le 22
février, le Tramway et le Métro ont circulé normalement, à Alger.
A Constantine, la rue gronde, encore et toujours, contre le système. Sous une chaleur écrasante, des milliers de manifestants ont battu le pavé, au centre-ville, pour ce 23ème vendredi consécutif des manifestations contre le système. Ils étaient nombreux, en ce vendredi 26 juillet, à scander le slogan phare des quatre ou cinq dernières manifestations, en l'occurrence « Etat civil, non militaire ». La foule n'a pas manqué, aussi, de se référer à la CAN 2019, remportée, haut la main, par les ?Verts' contre le Sénégal, en scandant « Djabna El Kahloucha mazal lahnoucha » (on a eu la Coupe d'Afrique mais il reste encore les serpents », en lien avec les éléments du système qui restent encore au pouvoir. D'autres slogans ont été scandés par les manifestants pour exprimer leur rejet des élections avec la issaba (le gang), ou « thawra chaabia nahiw el goumia » (révolution populaire qui élimine les traîtres), et en parlant de traîtres, c'est tout le FLN que la foule a qualifié de « traître » (FLN khawana, criait-on). Des chants patriotiques habituels, dont l'hymne national, ont été également repris par les manifestants, qui ont déroulé 48 drapeaux, attachés les uns aux autres et portant chacun le nom et le numéro des wilayas du pays. Les policiers déployés, en nombre, au centre- ville ont, comme à leur habitude, bloqué certains accès qui mènent vers la wilaya, et n'ont pas eu à intervenir dans la marche des manifestants, qui s'est déroulée dans un climat pacifique. |
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