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Le sacre de
l'Algérie à la 32ème édition de la CAN est tout simplement un miracle, une
offrande «divine». Un triomphe qui aura donné autant de joie au peuple, aux
inconditionnels du football qu'un répit aux politiques pour maturer
et faciliter une sortie de crise politique rapide. La victoire de l'équipe
nationale, totale et sur tous les plans, incontestable et reconnue par le monde
sportif, a donné des motifs d'espérance aux Algériens quant à une reprise en
main de leurs attentes sociales, politiques, culturelles. De la prise en charge
de leur immense espoir que les choses doivent maintenant radicalement changer
pour que soient mises en avant les vraies et les seules compétences nationales
pour «driver» une nouvelle équipe de dirigeants, capables de sortir le pays de
l'ornière et de le délivrer des schémas politiques et de gouvernance éculés,
pour ne pas évoquer tous ceux qui ont plongé le pays dans un tel marasme.
L'un des enseignements majeurs de cette victoire monumentale, monstrueuse s'il en est, de l'équipe nationale de football est qu'il n'est jamais facile de bâtir en si peu de temps un ambitieux projet social, économique et politique. Mais, avec la ténacité, la volonté et l'adhésion de tous les acteurs de la société civile, des partis politiques et des personnalités de ce pays, il est possible de construire quelque chose de solide, de durable et qui survit aux hommes: des institutions républicaines pérennes qui cristallisent toutes les attentes du peuple pour une ère nouvelle. Car cette équipe nationale que tout le monde encense aujourd'hui a été bâtie en très peu de temps, moins de deux ans, avec des éléments qui avaient été, ironie du sort, écartés par les prédécesseurs de Djamel Belmadi, à qui on ne donnait pas une seule chance de passer le premier tour. La prouesse de cette sélection nationale à se transcender, la philosophie de Belmadi dans la conception du jeu de «son» équipe ont fait ce que les politiques doivent réaliser: que chacun se hisse au-dessus de ses égoïsmes, qu'il se mette au service de l'intérêt général et, plus que tout, que l'objectif soit celui de tous les acteurs de la vie politique. Toute discordance dans la conduite des affaires du pays, de l'Etat, des intérêts du peuple et de sa souveraineté ne sera que dommageable pour les générations futures. Les instants actuels, avec une intense envie des Algériens d'un changement de gouvernance le plus tôt possible, dans le calme et la sérénité, sont importants et interpellent l'ensemble des acteurs politiques pour ouvrir la voie à une rapide sortie de crise, loin des guerres intestines entre clans ou des querelles de chapelle. Des discordances contreproductives et qui ne font que retarder un processus inéluctable, incontournable, le retour à la bonne gouvernance et l'émergence d'un Etat de droit, un Etat où chaque Algérien se reconnaîtra. Le sacre continental de l'équipe nationale de football, pour aussi important qu'il soit, n'est cependant qu'un phénomène social, sportif extraordinaire qui ne doit pas être un prétexte pour faire endormir le peuple et oublier sa principale exigence, celle d'un changement radical du mode de gouvernance et l'émergence des compétences nationales pour diriger le pays. Pour le reste, la victoire des «Verts» est bonne à prendre, elle a réconcilié les Algériens avec eux-mêmes et redonné quelques motifs de fierté à un peuple désabusé, qui désespérait de trouver une icône ou une direction à suivre dans le désert existentiel dans lequel il est plongé depuis longtemps. |
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