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Donald
Trump, président des États-Unis d'Amérique est un
raciste, un xénophobe et un misogyne.
Qui peut désormais en douter après la série de tweets adressés, sans les nommer, à quatre parlementaires démocrates appelées à « retourner » d'où elles viennent. Parmi les mises en cause par ce président aux aïeux allemands, il y a Alexandria Ocasio-Cortez, dite « AOC », née à New York mais originaire de Porto Rico qui est un territoire sous tutelle américaine. Ilhan Omar est, quant à elle, arrivée aux États-Unis en tant que réfugiée de Somalie lorsqu'elle était mineure. Enfin, Rashida Tlaib est la première Américaine d'origine palestinienne à siéger au Congrès. Les intéressées ont répondu par tweets interposés en renvoyant le locataire de la Maison-Blanche dans les cordes mais cela ne changera rien à sa position et il serait illusoire d'attendre de sa part un mea culpa. Joe Biden qui fut le vice-président de Barack Obama et qui est candidat à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2020 a raison de dire que jamais président américain n'aura été aussi « ouvertement raciste » que Trump. On appréciera à sa juste valeur le terme « ouvertement »... L'affaire a certes provoqué un tollé. La grande majorité des élus démocrates ont vigoureusement critiqué les propos de Trump et la Chambre des représentants, l'étage inférieur du Congrès sous domination démocrate, a condamné ce nouveau dérapage. Côté républicain, seules quelques voix se sont faites entendre en reprenant les accusations de racisme ou en demandant au président de retirer ses propos. C'est l'indication que la vie politique américaine est de plus en plus polarisée et c'est ce que cherche le principal intéressé. Car Donald Trump n'en est pas à son premier outrage. Il y a plus d'un an, n'avait-il pas qualifié les pays africains de « pays de merde » ? A l'époque, déjà, l'indignation avait parcouru le monde, des journaux influents avaient consacré maints éditoriaux rageurs sur ce sujet, des chancelleries ont protesté mais cela n'a rien changé. Le raciste persiste et signe. Mieux, il semble prendre un malin plaisir à récidiver et à surenchérir en sachant très bien quelles réactions il va provoquer. La réalité, c'est que les États-Unis sont désormais entrés en campagne pour l'élection présidentielle de novembre 2020. Dans quelques mois, auront lieu les premières primaires, dont celle symbolique de l'Iowa. Donald Trump sera le candidat des républicains et toute la question est de savoir qui sera son adversaire démocrate. En pratiquant l'outrance et en répétant à l'envi ses provocations ordurières, le président vise deux objectifs. Le premier est de resserrer les rangs de sa base électorale. Scandale après scandale, cette dernière ne perd pas en importance. Certes, les républicains ont perdu les élections de mi-mandat mais les sondages montrent que Trump peut compter sur un électorat solide. Un électorat, il faut le dire, qui partage en grande partie ses idées. Il n'y a pas que les questions sociales qui fondent la popularité de Trump. Son opposition au libre-échange, ses diatribes contre les délocalisations, ses sorties contre la fuite des emplois, tout cela a bien sûr son effet. Mais il ne faut pas s'aveugler. Les insultes et les mises en causes dirigées contre l'islam, l'immigration, les minorités ethniques et les femmes sont une réalité de même que son indulgence à l'égard de l'antisémitisme. Ces thèmes incendiaires sont autant de points de rassemblement et de convergence avec son électorat. Au passage, concernant l'antisémitisme, on notera la position à géométrie variable du président américain : indulgence à l'égard de celui, réel, qui prospère dans son camp et mise en cause intransigeante à l'égard de celui, supposé, qui existerait chez les démocrates, notamment chez celles et ceux qui s'opposent à la politique d'Israël... L'autre objectif de Trump est de semer la pagaille au sein des candidats démocrates à l'investiture. Avec ses déclarations tapageuses ? il y en aura d'autres dans les prochains jours et mois -, il les oblige à suivre son tempo, à se déterminer par rapport à lui et à se retrouver dans une situation où il leur sera bien difficile de faire entendre leurs propositions. Le président a bien compris l'avantage d'une telle situation qui flatte son narcissisme démesuré. Les uns et les autres sont obligés de parler de lui, de se référer à lui. La question est simple : peuvent-ils l'ignorer ? Et si oui, comment peuvent-ils y arriver ? Finalement, l'Amérique paie bien cher l'élection de Barack Obama en 2008. Terminé l'idée d'un pays entré dans l'ère « post-raciale ». On réalise depuis 2016 qu'une grande partie de l'Amérique profonde n'a jamais admis de voir un Noir à la Maison-Blanche. Et avec Trump, elle trouve l'occasion de donner libre cours à des pulsions qui, jusque-là, étaient contenues ou interdites d'expression. Si le président se permet d'être ouvertement raciste pourquoi les citoyens ne le seraient-ils pas ? L'Amérique est entrée dans une période délicate et il sera intéressant de voir si elle possède les ressorts pour échapper à la catastrophe vers laquelle l'entraîne un homme aussi inconséquent que détestable. |
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