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«La
science de gouverner est toute dans l'art de dorer les pilules.» Adolph Thiers
L'Algérie vit depuis le 22 février 2019 des « vendredis du mouvement populaire pacifique » pour revendiquer une transition réelle, une « démocratie novice » et des élections présidentielles libres et transparentes, mais il paraît qu'il va y avoir un mouvement populaire, le vendredi 19 juillet, au Caire en Egypte pour revendiquer une deuxième étoile et bien évidemment la victoire de la Coupe d'Afrique des Nations. Le constat est que la totalité des jeunes et du peuple ont éprouvé un penchant propre à leur équipe et à leur pays, et ont montré l'envie d'aller se procurer un billet d'avion pour aller assister à la finale de cette CAN-2019, afin d'encourager leur équipe nationale et se sentir fiers de leur pays. Cette euphorie footballistique ou bien ce contentement du peuple de leur équipe, un tel engouement d'une manière générale pourrait être utilisé pour continuer à satisfaire la population en répondant, favorablement, à ses revendications et à ses aspirations, dans le monde politique. En effet, l'Algérie se retrouve en finale de la Coupe d'Afrique dans cette CAN-2019, en Egypte, pour la troisième fois dans son histoire, en consacrant une euphorie footballistique et en voulant retrouver sa place parmi les grands de l'Afrique. Cette équipe algérienne prometteuse, avec ses joueurs talentueux, a bien montré qu'elle est capable d'arracher inchallah ce trophée pour le peuple algérien qui croise les doigts en attendant une confirmation dès ce vendredi. Cette équipe de football qui était dans un passé pas très loin dans un « état bourrasque » a été confiée à un jeune entraîneur compétent depuis seulement quelques mois, et cela a suffi pour réaliser cette performance et procurer cette joie à tout un peuple. Par analogie, la gestion d'une équipe nationale de football pourrait ressembler parfois à la gestion d'un Etat et de son peuple car tout est en corrélation avec la croyance et la compétence du gérant... Il suffit donc de trouver juste le bon entraîneur ou le bon responsable ou le bon président de la République ou un ensemble d'hommes d'Etat qualifiés pour pouvoir utiliser ce brave et valeureux peuple dans le déclenchement de cette révolution positive de reconstruction et d'édification du pays. Tout cela devrait commencer par un vrai débat politique, une organisation d'élections présidentielles transparentes, un recrutement d'hommes d'Etat compétents et fédérateurs pour enclencher un vrai processus de réforme salutaire. C'est dans ce mouvement et de ce mouvement que peut parler le vrai politique qui devrait être loin de tous les discours apolitiques ou antipolitiques. Aussi dans le cas de transition, comme dans celui du débat politique et de la mobilisation collective, la perspective du vrai politique devrait entendre proposer une nouvelle approche fondée sur la fluidité politique basée sur la prise en considération de ces mobilisations collectives avec une bonne exploitation de cette euphorie footballistique et sur un vrai débat politique qui pourrait mener à une bonne transition politique. En effet, le pouvoir, l'Etat et la politique devraient travailler à mettre au point les dispositions opérationnelles pour permettre à ce « dialogue politique global » de se tenir, tout cela à la lumière de l'approche politique contenue dans le discours du chef d'Etat qui consiste en l'organisation d'un dialogue national inclusif, sans l'implication de l'Etat, y compris l'Institution militaire... En effet, l'insistance en Algérie sur cette approche décrite comme « raisonnable » dans la perspective de régler la crise politique et aussi sur le principe du « retour vers le choix transparent des responsables politiques légitimes », pourrait mettre en perspective une sorte de retour durable et dans les meilleurs délais de la forme politique normale malgré ses contraintes et ses chemins déviés. Dans ce sens, la transition à la démocratie doit être un processus politique caractérisé par un passage progressif d'un système à un autre, plus moderne et rationnel. Il s'agit de préciser, ici, qu'on doit tirer profit des expériences de transitions démocratiques vécues à travers le monde et qui nous montrent bien qu'elles doivent surtout avoir lieu dans des conditions de quiétude et de sérénité sinon elles pourraient prendre beaucoup de temps. L'analyse de la situation politique du pays pose la question centrale des moyens utilisés pour atteindre tout simplement l'objectif démocratique. Généralement, ces moyens font appel à une certaine « rationalité démocratique ». Justement, il faudrait considérer que ceux-ci sont fonction des attentes de la société et qu'il convient, par conséquent, d'adapter les moyens à la situation en cause. En effet, la réussite de toute transition politique et de tout débat politique, ne serait-ce que pour le problème d'organisation d'une élection présidentielle retardée, résulte d'une combinaison entre le respect et la mise en œuvre de grands principes politiques et l'adaptation des moyens choisis au contexte propre à la situation en présence. C'est certainement en ce sens que Georgina Sánchez López, dans son livre intitulé : « Les chemins incertains de la démocratie en Amérique latine », édité à L'Harmattan, Paris en 1993, affirme que « face à des évolutions aussi rapides qu'incertaines, des légitimités à construire, la démocratie reste à inventer avant de la perfectionner ». C'est exactement cela que la perspective de la transition et du débat politique global essaieraient de cueillir. La question que l'on pourrait se poser, ici, est de quelle manière et dans quelle intention ? S'il est difficile de définir le politique en positif parfait et d'en donner une solution affirmative qui pourrait finir par le renverser à son contraire, ce que l'on peut noter tout de suite, c'est qu'il n'existerait donc pas de recette magique, mais davantage d'une nécessité de gérer de manière satisfaisante et habile un ensemble de problèmes inhérents à la réalité qui est propre aux données du pays. La réussite de cette transition démocratique et de ce débat politique comprend, dans un premier temps, la phase de la transition politique, qui désigne le « passage d'un régime à un autre », dans un second temps, la stabilisation politique à travers un débat politique global, et dans un dernier temps, la consolidation de la démocratie à travers la mise en œuvre de ses ingrédients. En effet, la démocratie doit permettre la manifestation des divers intérêts politiques en présence, laissant à l'ensemble des acteurs, la possibilité de trouver une voix d'expression. L'ouverture du système politique constitue donc un enjeu capital dans le cadre de la consolidation de la démocratie d'un pays. La transition et la consolidation du débat politique constituent deux éléments qui évoluent en fonction des choix des principaux acteurs... En signalant ainsi les impératifs d'une démocratisation réussie, l'on peut souligner l'importance stratégique de l'action des élites politiques. Cela ouvre la voie à des solutions politiques en termes d'interaction stratégique entre le pouvoir en place et la population, en utilisant toute euphorie ou tout engouement populaire constaté, ne serait-ce qu'un déclic sportif, culturel ou autre, mais aussi aux explications politiques volontaristes du changement. En outre, il est évident que ces stratégies et ces interactions qui pourraient produire le cadre institutionnel en flux doivent s'interpréter en fonction des opportunités et contraintes préexistantes. Il faudrait surtout s'attacher aux transformations que subissent les structures dans ces périodes critiques sous l'effet soit des mobilisations collectives ou des euphories populaires, c'est-à-dire s'intéresser à l'état conjoncturel des configurations sociales et le prendre en considération, et analyser le comportement des acteurs dans ce contexte de fluidité. Il s'agit de dire qu'il faudrait repenser l'incertitude de transition comme situation de fluidité politique : cette propriété de l'interdépendance tactique élargie s'observe encore plus, dans la compétition que se livrent les acteurs des transitions pour la définition de la réalité sociétale. Il faudrait repenser la transition démocratique comme une situation de fluidité politique, il s'agit donc de s'intéresser au comment, c'est-à-dire au contexte de transition lui-même et non pas seulement au pourquoi des changements de régime. Au total, il s'agit d'essayer de comprendre ce qui se passe réellement. Penser la transition comme la gestion d'une situation de fluidité politique où la « dynamique des mobilisations » devrait peser, à la fois, sur les structures sociales et les comportements individuels. Au-delà des effets de ces mobilisations de crise, il faudrait analyser et profiter de ces processus de mobilisation collective de transition en eux-mêmes, et surtout approfondir empiriquement leur connaissance, pour mieux comprendre leur portée et leur rapport au changement politique. En guise de conclusion, il s'agit de faire sortir des motivations du mouvement populaire ou footballistique et de les concrétiser en actions politiques positives. Il s'agit aussi d'insister sur ces logiques de mobilisation collective, et sur leur rapport au contexte de fluidité politique, ce qui pourrait ainsi faire progresser la compréhension du processus de débat politique et de démocratisation. Notes : Richard Banegas, « Les transitions démocratiques : mobilisations collectives et fluidité politique », Cultures & Conflits, N° 12, 1993. Georgina Sánchez López, « Les chemins incertains de la démocratie en Amérique latine », Ed. L'Harmattan, Paris, 1993. |
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