En sueurs, la voix
tremblotante par la nervosité, un représentant des travailleurs recrutés dans
le cadre du pré-emploi, M. Saïd, ne semble pas trouver les mots pour exprimer
la souffrance de cette catégorie de travailleurs, qui vivent dans une précarité
totale, et qui ont décidé de tenir, hier, un sit-in de protestation devant le
siège du cabinet du wali. Ils étaient une centaine de travailleurs sous contrat
pré-emploi, venant de différents secteurs professionnels, à se rassembler
devant la wilaya pour faire parvenir leur message au chef de l'exécutif local,
et tenter d'avoir une entrevue pour lui expliquer de vive voix leurs
préoccupations. « Des milliers de jeunes travailleurs sont plongés dans le
désespoir de lendemains incertains et d'un présent dur, très dur, à supporter
avec un salaire de misère et des conditions socioprofessionnelles très
aléatoires », lance l'un des manifestants. « On exécute le même travail que les
permanents, parfois plus, mais nous n'avons aucune considération sur tous les
plans, nous sommes sous-payés par rapport aux tâches exécutées et nous n'avons
pas les mêmes droits que les travailleurs permanents, quelle injustice pire que
celle-là ? », clame un autre, avant qu'il y aille de sa situation pénible. « Je
travaille depuis 3 ans », 5 ans, dira un autre, 10 renchérit une troisième
jeune femme, pour exprimer le désarroi qui les habite face à cette situation
socioprofessionnelle où il ne voit pas très clair leur avenir. « Le salaire
stagne à 15 000 dinars pour les meilleurs d'entre eux, et on trouve le moyen de
nous soustraire encore des sous dans la rubrique des cotisations et l'impôt sur
le revenu ». « Quelle blague, rétorque un manifestant, l'impôt sur le revenu,
quelle revenu, on ne touche même le SNMG, alors que pour les cotisations
sociales, c'est là une autre revendication essentielle des travailleurs du
pré-emploi ». « Nous exigeons que les années de travail passées sous contrat du
pré-emploi soient comptées dans le calcul de la retraite », souligne leur
représentant, M. Saïd, précisant que les années du pré-emploi doivent également
être prises en compte sur le plan de l'expérience professionnelle avec
indexation de l'indemnité afférente. « Aussi, nous revendiquons une intégration
professionnelle des travailleurs du pré-emploi dans les postes qu'ils occupent
effectivement, sans attendre l'ouverture d'un concours ou autres conditions
qu'on ne cesse de nous injecter pour nous faire taire », dit-il. Des
travailleurs en colère rappellent l'exemple de l'insertion de centaines de fonctionnaires
recrutés dans le cadre du pré-emploi par l'administration de la poste et
télécommunication, comme quoi « quand on veut on peut », soutient-on. En
quelques mots, les manifestants réclament l'intégration de l'ensemble des
travailleurs du pré-emploi et de ceux ayant fait objet de licenciement, le
droit à la retraite, la fin du travail précaire, et la suspension des concours
de recrutement jusqu'à régularisation de la situation des contractants actuels.
« Nous avons essayé d'avoir une audience avec le wali, mais on nous a dit qu'il
est absent », relève avec dépit le représentant des manifestants. Ce à quoi un
autre renchérit qu' « on nous pousse à bloquer les routes pour nous faire
entendre ».