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Le
forum national du dialogue organisé par «les forces du changement» a clôturé,
samedi, ses travaux en appelant au «départ immédiat du gouvernement actuel» et
à «la libération des détenus d'opinion».
Bien que contesté à la dernière minute par certains représentants de la société civile et même des partis politiques en tant que coordonateur du forum national du dialogue, l'ex-ministre et l'ex ambassadeur, Abdelaziz Rahabi a, quand même, eu la patience de présider les travaux d'une journée bien pesante. Organisée pour permettre l'adoption de la plate-forme qui a été préparée par «les forces du changement» sous l'intitulé «Vision du forum pour faire aboutir les revendications populaires», cette initiative politique n'a pas réussi à le faire par les 900 personnes qui se sont retrouvées samedi dernier, dans une salle exigüe de ESHRA (Ecole supérieure de l'Hôtellerie et de la Restauration d'Alger) de Ain Benian. Le document en question a été «fuité» quelques jours avant et a été mis, samedi, sur une table placée à l'entrée de la salle de conférence, c'est-à-dire à la portée de tout le monde. A la surprise de beaucoup de participants, la plate-forme n'a pas été présentée tout au début de l'ouverture du forum mais a été lue après 19h, une heure avant sa clôture. «On est d'accord pour cette plate-forme, c'est une démarche consensuelle pour une sortie de crise, c'est ce que nous allons adopter aujourd'hui,» disait samedi Ali Benflis, président de Talaaii El Houriet, à son arrivée au forum. C'est que la plate-forme sur laquelle ont planché politiques et universitaires pendant plus de deux mois, devait bien être débattue pour adoption par le forum. Il y a comme un maillon qui a dû manquer, à la dernière minute, à la chaîne qui a tissé le déroulement de la rencontre. L'impression que le forum a été une sorte de foire à discours enflammés et à envolées parfois démesurées reste entière. L'on pourrait penser que les organisateurs ont été dépassés par l'importance du nombre de personnes qui a afflué vers Ain Benian, sans y être invitées ou même par d'autres qui avaient décliné l'invitation mais sont venues quand même. Une plate-forme restée sans adoption L'on peut croire, par ailleurs, que le forum a été «noyauté» par des éléments «bloquants» ou alors que les organisateurs ont simplement changé d'avis, au dernier moment d'où cette impression que l'ordre du jour initial a été mis en oeuvre «à l'envers». Pourquoi la lecture à la fin du forum d'une plate-forme qui devait être adoptée par l'assistance ? Avons-nous demandé à des organisateurs. «Elle ne devait pas l'être par contre une synthèse devait être distribuée aux journalistes,» nous a-t-on répondu. Abdelaziz Rahabi a déclaré à la fin du forum qu'«il existe un communiqué final, il peut être rendu public à n'importe quel moment». C'est donc un communiqué final sanctionnant le forum qui devait être lu mais il paraît que des membres mécontents ont demandé de revoir le contenu. L'on rappelle que toute la journée du samedi denier a été consacrée à des discours, la matinée (où ce qu'il en restait après une ouverture qui a eu lieu à 11h) à ceux des leaders des partis politiques (Benflis, Djaballah, Makri, Sofiane Djilali, Benbaïbèche, Merbah et autres de Nahdha, représentants de corporations) et l'après-midi à ceux des représentants de la société civile notamment les Associations de jeunes. Ces derniers n'ont d'ailleurs pas été contents d'être relégués au «second plan». Il est clair que c'est le débat, notamment, interactif autour de la plate-forme et d'autres propositions qui a manqué le plus. Malgré ses cafouillages et ses faiblesses, le forum a permis cependant, à un nombre important de personnes de «crier» à la face de tous qu'il y a urgence de sortir le pays de la crise dans laquelle il s'enlise quotidiennement. Pas de total rejet de l'approche présentée, la semaine dernière, par Abdelkader Bensalah et pas de chèque à blanc non plus. Les intervenants avec à leur tête les leaders des partis politiques de «l'opposition» ont introduit plusieurs propositions «mais» dans leurs interventions respectives. Si Rahabi affirme que «la plate-forme est un début du dialogue national» auquel appelle le chef de l'Etat, les autres ont insisté sur le choix des personnalités nationales devant constituer l'instance qui le dirige. Il n'est point question, pour beaucoup d'entre eux, que ce soit le pouvoir qui choisisse ces personnalités qu'ils veulent «crédibles, non partisanes et dignes de la confiance de tous». Benflis pense ainsi que «la composante de ce panel qui est d'une impasse capitale ne saurait être l'affaire exclusive du régime en place et devra recueillir l'assentiment le plus large». Mais il a avoué, dans des déclarations à la presse, qu'il ne connaît pas les mécanismes qu'il faut pour les choisir, les désigner et les faire accepter, par tous les acteurs de la scène nationale. Guerre de tranchées entre courants interposés «L'essentiel» pour ce pôle qui s'est réuni samedi dernier qu'il existe, Rahabi le dit «une plate-forme précise et détaillée, consensuelle, qui peut être discutée par d'autres partis». Donc «possibilités de l'élargir, selon lui, à d'autres acteurs politiques et à toute la société civile». Ceux qui se placent comme étant «les forces du changement» ont été, faut-il le noter, boycottés par ceux qui se qualifient de «progressistes» ou «leaders du courant démocratique». Plusieurs partis de «ce bord» ont refusé d'adhérer à la démarche de l'autre «bord». De profondes divergences les séparent de bout en bout. Si ceux qui se réclament du courant «nationaliste» se réunissent souvent avec celui conservateur et islamiste, «les démocrates» incarnés notamment par le RCD, le FFS, le PT, le PST et le MDS rejettent toute accointance avec ces deux courants même si l'histoire a retenu, à une grande partie d'entre eux, qu'ils se sont «entendus» avec les islamistes les plus durs pour tenter de trouver une solution à la crise qui a ensanglanté les années 90. En ces temps d'une autre crise politique profonde, «les démocrates» ont décidé de faire «bande à part» et de lever les boucliers contre «les nationalistes» et le chef d'état-major de l'ANP. Ils refusent de discuter d'une quelconque approche ou feuille de route du pouvoir, du dialogue et des élections présidentielles «dans les plus brefs délais». Ils optent pour une période de transition «sans limites préalables et sans institutions». Ils veulent éloigner, le plus possible, du débat qu'ils cherchent à lancer «islamistes, conservateurs» et autres «centristes». Des sources qui leur sont proches avancent que ces partis mettaient au point une nouvelle constitution pendant que «les forces du changement» élaboraient leur plate-forme de sortie de crise. Constitution qui consacrerait «l'édification d'un système laïc avec une nette séparation entre l'Etat et la religion et par conséquent la suppression de l'article 2 de l'actuelle constitution qui stipule que l'Islam est la religion de l'Etat», affirment ces sources qui ajoutent que ce courant qui se dit «partie intégrale et intégrante du ?Hirak'» veut constitutionnaliser «la régionalisation». Le forum national du dialogue n'a peut être pas convaincu parce qu'il n'est pas sorti avec une plate-forme concertée qui dépasse le seul cadre consensuel des «forces du changement». Il a eu des difficultés à calmer les esprits des jeunes participants venus pour remplacer «les vieux», pour faire valoir les articles 7 et 8 de la constitution sans en préciser les mécanismes et participer «au pouvoir» sans savoir comment et par quels moyens. Avant sa clôture, le forum a appelé, cependant, au «départ immédiat du gouvernement actuel et à la libération des détenus d'opinion et de celle de Lakhdhar Bouragaa». |
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