
La justice de Tlemcen a ouvert
une enquête sur les réseaux de criminalité organisée qui se trouvent derrière
les opérations d'abattage illégal à grande échelle, menées au niveau des zones
forestières, côtières et frontalières de la wilaya, a-t-on appris hier auprès
du tribunal de Tlemcen.
Les premières investigations
menées dans le cadre de cette grande enquête sur les délits forestiers par les
éléments de la Gendarmerie nationale du groupement territorial de Tlemcen, ont
permis d'identifier dix «cerveaux» des groupes criminels opérant de manière
illégale à travers les daïras de Honaïne, Maghnia, Marsa Ben M'hidi, Ghazaouet, Souahlia et Tlemcen. Ces individus qui détournaient depuis
l'année 2015 la vocation initiale des dizaines d'hectares d'espaces boisés,
avec la complicité de fonctionnaires corrompus, qui les protégeaient et leur
permettaient de mener leurs activités en toute quiétude, sont poursuivis par la
justice pour « abattages illicites d'arbres forestiers et exploitations
illégales des forêts, faux et usage de faux, escroquerie, déclarations
mensongères, incitations de fonctionnaires à la corruption ». Le parquet a, par ailleurs, indiqué que des passeports ont été
retirés aux personnes impliquées dans ces détournements de fonciers forestiers
et abattages illégaux et que, dans le cadre des actions de répression des
activités criminelles organisées, il a été décidé de confisquer les gains
illicites tirés de l'abattage des arbres des personnes impliquées et de geler,
au niveau des services du cadastre, de la conservation foncière et des domaines
publics, toutes leurs transactions de vente, d'achat et de gage ainsi que tous
les actes de propriété et livrets fonciers de leurs biens fonciers ou
immobiliers établis auparavant. Selon les estimations de la justice,
plus de 100 hectares de forêts de différentes essences (pins d'Alep, pins
maritimes, chênes-lièges, chênes verts, thuyas,
cèdres, eucalyptus, caroubiers et genévriers) ont disparu depuis 2015 à cause
de ces multiples agressions humaines.
Il y a lieu de noter que
plusieurs plaintes ont été déposées auparavant par la Conservation des forêts
et par la direction du Cadastre de la wilaya de Tlemcen, mais les mis en cause,
qui bénéficiaient à tous les niveaux d'appuis solides, n'ont nullement été
inquiétés. Certains responsables locaux et élus de ces zones forestières
sensibles n'ont jamais daigné bouger le petit doigt pour dénoncer de tels actes
qui nuisent énormément à ces milieux naturels et fragiles de ces zones côtières
et frontalières.