|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Pour le
dix-neuvième vendredi consécutif, de nombreux manifestants ont répondu présents
pour exprimer leur colère et leur mécontentement face à «la résistance des
symboles du système qui s'accrochent au pouvoir», malgré la mobilisation
continue du peuple.
En dépit de l'impressionnant dispositif sécuritaire déployé à Alger, principalement près de la Grande Poste et de la place Audin, une foule immense s'est formée au fil des heures sous les chants «Khawa khawa, tous contre el khawana». Les policiers, notamment en civil, ont procédé à la fouille des jeunes portant des sacs à dos, vraisemblablement à la recherche de drapeaux amazighs. Ils ont également fouillé des véhicules mais beaucoup plus les motocyclistes se dirigeant sur Alger. On croit savoir qu'une dizaine de personnes ont été interpellées en ce 19ème vendredi. Le siège du RCD était lui aussi quadrillé par un impressionnant cordon sécuritaire. Selon des informations relayées par des membres du parti, trois de leurs militants ont été interpellés puis relâchés. A noter en outre que les policiers ont tout de même usé de gaz lacrymogène près de la Grande Poste pour repousser les manifestants. Avec un esprit pacifique, les protestataires ont porté un emblème national géant avec un fond représentant les 48 wilayas du pays, une façon de dire que le peuple aujourd'hui est uni de l'Est à l'Ouest, du Sud au Nord du pays avec l'objectif de déloger les figures du système et l'édification d'un un Etat de droit. Les manifestants n'ont pas oublié ceux qui sont en prison. Ils ont exigé à travers des pancartes la libération des manifestants emprisonnés pour avoir brandi le drapeau amazigh et les détenus d'opinion. Des jeunes scandaient «Libérez les détenus, nous sommes tous amazighs». Ils ont encore une fois réitéré leur attachement à un Etat civil, à l'édification d'une nouvelle république plurielle et à l'unité nationale. Les manifestants brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire «Dawla madania, machi âasskaria», en scandant sans cesse à leur passage devant les policiers «Etat civil et non militaire», «Etat civil et non policier». A Constantine aussi, les citoyens qui n'ont pas raté le rendez-vous du 19e vendredi consécutif des manifestations contre le système, ont insisté sur le départ des «3 B», Bensalah, Bedoui et Bouchareb. Le nom de Bedoui revenait souvent dans les slogans qui fusaient des milliers de gorges, criant leur rejet de tout dialogue avec le maintien des «3 B» à leurs postes, particulièrement avec «Bedoui le fraudeur», scandaient-ils. Des milliers de Constantinois ont encore sacrifié leur virée du week-end au bord de la grande bleue pour ne pas rater la manifestation hebdomadaire du vendredi. «J'étais invité à une fête de mariage, mais j'ai dû quitter les convives pour rejoindre la manifestation», nous dira un homme qui affirme n'avoir jamais raté ce rendez-vous depuis le 22 février dernier. Ils sont nombreux des fidèles au rendez-vous, qui déclarent qu'on peut toujours récupérer une journée au bord de la mer mais pas le rendez-vous hebdomadaire du Hirak, un rendez-vous devenu presque sacré pour beaucoup de Constantinois. La foule a, donc, marqué cette 19e manifestation avec des slogans qui plaident pour l'unité nationale, à cause de l'irruption sur la scène de cette interdiction de porter le drapeau au sigle amazigh. En sus des chants patriotiques habituels, les manifestants ont renouvelé leur attachement à une Algérie unie. «Djazayrines machi aâda» (les Algériens ne sont pas des ennemis), «Notre force est dans notre union», scandaient dans ce sens les manifestants et une insistance particulière pour faire partir les «3 B». A Constantine, seul l'emblème national était au vent. Les policiers déployés au centre-ville ne faisaient qu'observer la marche des manifestants, qui se déroulait dans un climat pacifique, a-t-on pu constater. |
|