Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

«Catastrophe écologique» au lac Oum Ghellaz: Une enquête, des analyses et des pistes d'explication

par Houari Barti

  Les images devenues virales en ce début de semaine sur les réseaux sociaux de milliers de poissons flottant et agonisant à la surface du lac « Dhayat Oum Ghellaz » à Oued Tlélat ont mis en émoi aussi bien les militants écologistes que les simples amoureux de l'environnement. Des images qui ont surtout ouvert le débat sur le problème de la pollution des zones humides à Oran et le rôle supposé ou avéré de l'industrie, de l'agriculture utilisant des pesticides et des rejets domestiques dans cette pollution. Comme première réaction à ce que certains militants écologistes n'hésitent pas à qualifier de « catastrophe écologique », le déplacement avant-hier d'une délégation menée par le wali d'Oran, M. Mouloud Cherifi à Dhayat Oum Ghellaz pour s'enquérir de visu de la situation. Une visite à l'issue de laquelle la wilaya d'Oran a annoncé l'ouverture d'une enquête qui sera menée par une commission interministérielle (Ministère de l'environnement-Ministère des ressources en eau). Aussi, est-il noté, des prélèvements ont été effectués au lac Oum Ghellaz en vu d'être analysés par le laboratoire régional de l'environnement et par la SEOR. Sans tirer de conclusions hâtives avant de disposer des résultats des analyses, la wilaya d'Oran promet, toutefois, des « sanctions sévères » contre tout pollueur si les échantillons analysés démontrent la présence de substances chimiques issues de l'activité industrielle. En 2014 déjà, rappelle-t-on par ailleurs, le même phénomène s'est produit avec la mort de milliers de poissons à Dhayat Oum Gellaz. Selon les spécialistes, le phénomène peut avoir diverses raisons. Mais selon les premières observations relevées par les techniciens de la Direction de l'environnement, on constate un niveau d'eau bas avec une diminution notable du plan d'eau tout entier à cause d'une pluviométrie faible cette année.

Un assèchement qui pourrait expliquer une mort par asphyxie des poissons. Deuxième constat : la présence forte d'algues, ce qui explique la couleur verdâtre de l'eau. La présence de ces algues est un signe d'eutrophisation du milieu aquatique.

Cette eutrophisation est, souligne-t-on, un déséquilibre du milieu provoqué par l'augmentation de la concentration d'azote et de phosphore, des substances qui constituent des nutriments pour les plantes et les algues. Selon les mêmes sources, l'azote et le phosphore proviennent principalement des nitrates et des phosphates généralement utilisés par l'agriculture et des eaux usées ou dans le cas présent par de probables rejets industriels. L'ensoleillement ou la température de l'eau peuvent exacerber l'eutrophisation, ajoute-t-on. Aussi, les algues qui se développent grâce à ces substances nutritives absorbent de grandes quantités d'oxygène, lorsqu'elles meurent et se décomposent. Leur prolifération provoque l'appauvrissement, puis la mort de l'écosystème aquatique présent : il ne bénéficie plus de l'oxygène nécessaire pour vivre, ce phénomène est appelé « asphyxie des écosystèmes aquatiques ». L'eutrophisation affecte particulièrement « les cours d'eau ayant un débit faible ou qui accueillent des effluents trop riches ou en trop grandes quantités issus par exemple, d'exploitations agricoles, humaines ou industrielles. En résumé, cette mortalité des poissons à Oum Ghellaz peut s'expliquer par une asphyxie due à l'assèchement du cours d'eau, par une pollution causée par les activités industrielle (rejets chimiques) ou agricole (usage de pesticide), par les rejets domestiques des réseaux d'assainissement ou par une combinaison de deux ou plusieurs de ces facteurs.