Le 17 juin 1965 Oran a été la ville hôte du mythique Brésil des Pelé, Garrincha, Djalma et Nilton Santos et autres légendes brésiliennes. 9 février
1968, Oran a fait venir le grand FC Santos. Bien avant, Oran avait accueilli le
Real Madrid et le Stade de Reims, les deux finalistes de la Coupe des clubs
champions d'Europe (1959) et bien d'autres évènements qui resteront à jamais
gravés dans la mémoire des Oranais et même du public algérien. Des souvenirs
qu'il est difficile d'oublier. Il y des moments que l'on ne saurait effacer de
la mémoire, tant la joie qu'ils avaient procurée demeure vivace.
Aujourd'hui, le sport-roi à Oran a connu une chute vertigineuse au point
de perdre son identité dans le concert du football national. L'anarchie a « tué
de nombreuses équipes d'Oran, et même de l'Ouest. Une situation accablante
d'une ville qui a donné tant de grands serviteurs, à l'image des Miloud Abdelilllah, Benamar Miloud, Mokhtari, Kaïd, Ziani Benyebka, Benzellat, Orfi Lahouari, Chaïla Lahouari, Benbassal, Hadj Lahouari Ghalem, Kouaïdia, Hadefi Hadj, Bendjahène Mustapha, Kacem Hamida,
Aboukebir Baghdad, Serradj « Petit Ali », Hadj Hacène,
Bessol Mohamed, Abouna Omar, Belazreg,
Benhamida, Bentazi, Badsi, les frères Serradj, Bouzidi, Guelati, Hameurlaine, Mouffok Boumediene
et la liste dans le désordre est très longue. Aussi, l'histoire retiendra que
le football en Afrique, après ses premiers pas en Egypte, s'est ancré en second
lieu à Oran, avec la création du CDJ (1894) et du CALO (1897). Nul à Oran n'a
oublié la célèbre affirmation de l'entraïneur-joueur
de la JSD Jijel, Carlos Gomez, et qui reste liée à l'histoire. « Donnez-moi le
MCO et Freha, je serai champion d'Algérie ». Une
année après, en 1970-1971, le Mouloudia d'Oran
remportait haut la main le titre de champion avec Freha
et Mehdi comme meilleurs buteurs de la saison. C'est dire qu'à Oran et au MCO
aussi, il y avait des hommes et des joueurs qui pouvaient changer le cours de
toute une saison, pas d'un match seulement. Alors, comment est-on arrivé à une
telle situation qui n'est ni justifiée, ni inacceptable par rapport avec
l'histoire ? « Un peuple qui ne connaît pas son passé, ses origines et sa
culture ressemble à un arbre sans racines », un proverbe qui sied bien à ce qui
se trame au sein du sport-roi d'Oran. C'est ce qui arrive quand on perd ses
traditions et ses coutumes. Par la force des choses, certains dirigeants et
responsables Oranais sont devenus des serviteurs des formations des autres
régions, comme le prouve le nombre inestimable de joueurs de l'Ouest ayant
quitté leurs clubs pour aller construire les palmarès des autres. Là, la
responsabilité d'une certaine presse est totalement engagée pour avoir joué le
rôle d'intermédiaire et « vider » les équipes oranaises. Ce qui explique le
manque de considération et de respect à l'égard des clubs de l'Ouest qui ne
bénéficient pas des avantages octroyés à d'autres formations. Aussi, il s'avère
que dans le domaine financier, les clubs de l'Ouest ne peuvent concurrencer
leurs homologues du Centre et de l'Est. Sans sponsors majeurs capables de les
soutenir de manière efficace, les clubs de l'Ouest ne peuvent s'aligner en
aucune façon sur le volet du recrutement. A titre d'exemple, pour la venue d'Hyproc, tout le monde exige les bilans, alors que la Sonatrach a décidé de parrainer le MCA au moment où Ghrib a
laissé des dizaines de milliards de centimes de dettes. Le CSC et la JS Saoura
ont également profité de ces privilèges. L'ASMO est prise en otage sans que
personne ne daigne lever le petit doigt pour remédier à cette situation. Le
SCMO est victime d'un manque d'intérêt des autorités locales, au moment où
d'autres clubs du même palier jouissent de grandes subventions. L'USMO,
formation légendaire, est sur le point de disparaître par la faute de certains
inconscients qui ne soucient que de leurs intérêts. Le RCO et le RCGO, jadis
pourvoyeurs de talents, sont tombés totalement dans l'oubli et l'indifférence.
Est-il concevable de voir la deuxième ville d'Algérie représentée par un seul
club, le MCO, parmi l'élite ? Pourquoi les clubs oranais n'arrivent plus à se
mettre au même diapason des autres formations du pays ? Pourquoi ne
suscitent-ils pas du même intérêt que les autres clubs ? Triste sort pour une
région qui a donné de grands joueurs à l'image des Hadefi,
Freha et Mehdi, sacrés meilleurs buteurs de la saison
(1970/1971), Abdelkader Reguieg « Pons », les frères Bouhizeb, Cheraka, Ounès, Benferhat, le keeper Krimo, Kheirat,
Zidane, Ould Moussa, Ould
El Bey, Nava, Benyellès, Settaoui et toute un armada de grands joueurs. Mais, il
faut convenir que c'est grâce à la présence des grands dirigeants que ces
joueurs ont réussi à s'illustrer et à écrire les plus belles pages du football
algérien. Aujourd'hui, les temps ont changé pour le football d'Oran et celui de
tout l'Ouest en raison de la médiocrité. Un déplorable constat pour la capitale
d'une région ayant donné à l'Algérie de grands footballeurs, de grands
dirigeants et de grands arbitres. Nous ne clôturerons pas ce tour d'horizon en
ne mettant pas sur la balance la zizanie qui fait des ravages dans la plupart
des clubs oranais. Chaque club « possède », si l'on peut dire, son opposition.
Chaque dirigeant a ses « poulains » et ses managers. Chaque entraîneur ses «
préférés » au lieu de véritables projets pour assurer l'avenir. Un phénomène
contemporain qui a fini par ravager les clubs de l'Ouest. Alors, existe-t-il
des hommes et des compétences pour réfléchir et établir un diagnostic sans
faille pour y remédier ? Un changement radical à tous les niveaux s'impose pour
une nouvelle mentalité, une nouvelle approche et une nouvelle conception et ce,
pour inculquer une nouvelle culture, tout en mettant fin aux anciens réflexes
qui ont fini par démolir tout un patrimoine national tant les échecs sont
multiples. Une prise de conscience est à souhaiter, et revenir aux sources est
plus qu'une obligation, car Oran a ses propres vertus et ses propres valeurs.
Ceux qui ne se soucient que du gain de l'argent facile doivent s'écarter d'eux-mêmes,
d'autant plus que le football est devenu par la force des choses un phénomène
social. Le MCO, l'ASMO, le SCMO, l'USMO, le RCGO, le RCO, le GCM, le CRT, la
JSMT, le RCR, l'USMBA et les autres doivent être gérés par des hommes à la
grandeur de ces clubs et de leur histoire.