Une
présidentielle à la carte avec Bensalah et Bedoui aux commandes et une constitution, véritable texte
sacré imperméable à toute révision, c'est en substance le menu offert par Gaïd Salah pour une sortie de crise inédite sous les
auspices de l'institution militaire. Le chef d'état-major persiste et signe et
rien ne semble le faire dévier d'un iota de sa ligne de conduite qui exclut
toute période de transition tant réclamée par l'opposition et cette plateforme
consensuelle autour de l'amorce d'un dialogue avec les tenants du pouvoir réel.
De Béchar, il a clairement défini les règles du jeu en barrant la route aux
partisans de la révision de la Constitution dans l'objectif de désamorcer les
pleins pouvoirs du président de la République pour jeter les bases d'une
nouvelle Algérie démocratique et civile.
Ce statu
quo n'est pas sans rappeler la situation du pays avant la chute du clan où tous
les rouages de l'économie tournaient au ralenti ou se rouillaient sur place.
L'intransigeance des acteurs politiques risque de peser davantage sur une
économie rentière qui ne doit son équilibre actuel qu'à la crise du Golfe et
les menaces de guerre entre l'Iran et les Etats-Unis d'Amérique. Il ne suffit
pas de dire que tout va bien pour le croire. Le temps est le premier ennemi du
pays et les opérations «mains propres» vont façonner durablement le visage des
affaires en Algérie. La condamnation de ces justiciables, qu'ils soient de
hauts fonctionnaires de l'Etat ou des oligarques, souvent de simples hommes de
paille, ne devra pas faire du mal à l'économie nationale. Mieux, leur
élimination devra aider à assainir des secteurs à haute valeur ajoutée et
permettre, pour peu que les vieux réflexes soient abolis, de repartir sur de
bases solides avec des gestionnaires de compétence, chose difficilement
concevable en ces instants de crise politique. En lançant sa croisade contre la
corruption et en déclarant solennellement que tous les corrompus, quels que
soient leurs fonctions ou leur rang social, comparaîtront devant la justice, il
se sait attendu sur cette question. Les Algériens sont soucieux de voir les
véritables donneurs d'ordre répondre de leurs actes délictueux et ne pas se
défausser sur les lampistes, de simples courroies de transmission. Le patron de
l'armée ne peut plus faire marche arrière et devra aller au bout de ses
certitudes en honorant ses promesses et en accompagnant la justice pour que
tous les criminels au col blanc soient cloués au pilori. Ne serait-ce que pour
ça, Gaïd Salah marquera de son nom l'histoire de ce
pays.