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Question de temps

par Moncef Wafi

Que représente le poids de deux hommes face à l'intérêt suprême de tout un pays ? Le fait de s'obstiner à laisser en place deux symboles de l'ancien régime qui plus est vont devoir préparer et chapeauter l'élection présidentielle n'a qu'une seule explication dans la logique populaire. Le maintien de Bensalah et Bedoui à leurs postes respectifs est le prolongement ombilical du régime de Bouteflika dans la profondeur de l'Etat même si le choix de ces hommes semble dicté par des impératifs constitutionnels. Le mouvement populaire ne présente pas une requête impossible à réaliser et pour peu que l'on fasse preuve d'un peu de bonne volonté, la voie vers le dialogue est dégagée.

En effet, tous les acteurs convergent vers la nécessité absolue d'un dialogue avant même de réfléchir ou d'opter pour une forme de transition donnée. Cependant et pour que concertation soit, des garanties doivent être données pour encourager les uns et les autres à s'asseoir autour de la table des négociations. Si Bensalah est toujours président de la République par intérim, c'est parce qu'il représente le visage «civil» du pouvoir réel qui, lui, ne veut pas faire le pas de plus nonobstant son influence sur les événements du pays. L'état-major de l'armée a les clés en main, appelant au dialogue mais avec des représentants honnis par le peuple et au vu de la composition humaine participant à ces négociations, on pourra alors prédire de son avenir et dire si l'initiative a toutes les chances de son côté.

Il ne faut pas oublier que la rue n'aura aucune confiance en des négociations menées par les partis de l'ancienne alliance présidentielle avec Bensalah et que cela ne représentera qu'une perte de temps inutile et évitable. Le mieux étant d'engager un dialogue entre les représentants de la société civile, des partis politiques et des personnalités nationales avec l'institution militaire sur la base d'une plateforme consensuelle ouverte à débat. Si Gaïd Salah ne veut pas engager ouvertement l'armée, il pourra toujours aller au dialogue par procuration en choisissant des personnalités acceptées par l'autre camp. Le plus important étant de ne plus perdre du temps en insistant sur des schémas conjecturaux dont on connaît fatalement l'issue et proposer d'autres alternatives si les propositions de l'opposition ne sont pas retenues.