Il
faut aller vers des élections dans les plus brefs délais vu que la situation
économique du pays ne tolère plus de retard sur l'agenda de la refonte de
l'Etat, en réponse aux attentes de la population qui revendique un changement
rapide du système». C'est ce qu'a déclaré hier Ahmed Benbitour,
lors de son intervention sur les ondes de la chaîne 3 de la radio nationale, en
réaction au dernier discours du chef de l'état-major Gaïd
Salah.
Sur
l'appel au dialogue lancé par M. Gaïd Salah, M. Benbitour suggère qu'« il faut définir d'abord le dialogue
car ce dernier peut partir de sujets plus théoriques que réels », rappelant que
«les marches appellent à un changement radical du système et à mon avis, nous
ne sommes plus dans l'étape du dialogue mais celle de la négociation pour le
changement de tout le système de gouvernance et répondre ainsi positivement aux
revendications de la population». Sans préciser qui sont les négociateurs, Il
insiste à dire qu'« il faut négocier pour se mettre d'accord sur comment
changer le système de gouvernance ». Aussi, M. Benbitour
estime que « les marches du hirak ont apporté un
élément très positif qu'il faut comptabiliser pour regarder l'avenir d'une
autre manière », ajoutant que «cette attitude, à féliciter au demeurant, a
permis de repenser le pays où les tenants du pouvoir regardaient cette
population comme étant arriérée et inapte à la politique». « Les marches ont
démontré que nous ne sommes plus dans le paternalisme et l'autoritarisme, donc il
y a des éléments positifs qui suggèrent de féliciter les marcheurs pour avoir
obtenu ces résultats », relève-t-il. A la question de comment fonder un nouveau
système et en finir avec celui mis en place depuis 60 ans, il explique qu'il y
a trois niveaux de programmes à mettre en place. Il y a d'abord un niveau pour
la refondation des institutions, c'est-à-dire la refondation de l'Etat et de
l'administration locale, l'administration régionale, l'administration centrale
et l'administration aux frontières. Tout ceci doit être revu pour être au
service du citoyen de façon correcte et cohérente comme ça se passe un peu
partout dans le monde. Un niveau de programme pour le comportement individuel
et collectif. Et là, il faut avoir en point de mire la refondation de l'école à
l'optique de la démocratisation de l'accès de l'école et la sortie de 300 mille
diplômés qui peuvent être une force extraordinaire au service du développement
du pays. Ce sera, cependant, catastrophique si cette force est au chômage
aujourd'hui et sans retraite demain. De là, on la voit sortir de ce
comportement individuel et collectif correct. Un niveau de programme pour les
politiques sectorielles qui s'occupe de toute la politique de l'agriculture
sachant que l'on importe 75% des calories que nous consommons. Or, si l'on
regarde le potentiel agricole du pays, ça serait difficile d'accepter qu'on
puisse rester avec cette dépendance de l'extérieur en ce qui concerne ce que
nous consommons. Auquel il faut ajouter l'économique dont le secteur touristique,
celui des services, l'industrie, l'énergie. Concernant la période de transition
et l'élection présidentielle, M. Benbitour déclare
que l'élection est temporellement irréalisable vu le manque de candidats, il
fait appel à un gouvernement technocrate, un programme de communication
important pour expliquer à la population une certaine politique d'austérité à
partager vu la situation économique difficile à supporter à partir de l'an 2021
quand il n'y aura plus de réserves de change. Face à ces exigences, il appelle
à une durée du report qui doit être suffisante pour l'application de ces
programmes urgents et qu'elle ne dépasserait pas 8 à 12 mois.