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Le plus grand handicap
des institutions en place vient, de le rappeler un éditorialiste, dans leur
déficit de légitimité qui est à l'origine du rejet populaire des hommes issus
de l'ancien système ainsi que de la feuille de vote tracée, notamment
l'élection présidentielle du 4 juillet.
Celle-ci de l'avis général, n'est pas concevable du fait qu'elle ne jouit même pas des conditions minimales pour sa tenue à savoir, un organe de supervision des opérations, un conteste politique propice et adéquat pour l'organisation d'une campagne électorale qu'il faudrait mettre à jour, proportionnellement aux millions d'Algériens du Hirak qui, pour une grande proportion ne détiennent aucune carte d'électeur voire plus, ils n'ont jamais voté de leur vie ! Pour les observateurs, il serait illusoire en l'état actuel des choses, de croire en la tenue d'une élection à la date annoncée par les pouvoirs publics. Pourtant, les tenants de la légalité constitutionnelle estiment que la tenue de l'élection présidentielle, le 4juillet prochain, est possible et raisonnable. L'essentiel, disent-ils, étant de réunir les conditions d'un scrutin transparent, et cela pourrait se faire à travers la mise sur pied d'une instance indépendante d'organisation des élections et la révision d'un certain nombre de textes juridiques en relation, comme le code électoral par exemple. Le seul problème qui se pose, c'est que de tels mécanismes ne sont envisageables qu'avec l'adhésion des formations politiques et les représentants de la société civile. Mais, le fait est là. Le pouvoir peine à relier à sa demande et partis de l'opposition mais aussi ceux qui, il n'ya pas longtemps, le soutenaient avec exaltation et sans conditions ! Quand on parle du pouvoir, c'est le chef de l'Etat intérimaire, Abdelkader Bensalah qui est concerné et beaucoup doutent de sa capacité à être « l'architecte » de l'Algérie nouvelle à laquelle aspirent les Algériens et les millions de jeunes qui arpentent l'asphalte et tiennent des sit-in depuis le 22 février passé. L'échec de la conférence nationale qu'il a eu à organiser le 22 avril dernier eu est la parfaite illustration. Boudé par la majeur partie des formations politiques et des personnalités nationales, il a lui-même, été obligé d'en faire l'impasse ! Le chef d'Etat-major, qui dit «soutenir les aspirations légations du peuple » a proposé pour la sortie de crise, le cadre constitutionnel, mais sans jamais fermer les portes du dialogue, car a-t-il dit «il n'y a pas seulement une solution, mais des solutions ». Il n'en demeure pas moins que le décryptage n'est pas aisé et les choses évoluent vers la tenue de la présidentielle décriée, le ministère de l'intérieur, des collectivités locales et de l'aménagement du territoire s'affairant à enregistrer les candidatures d'ici au 25 mai. Dans un communiqué ses services ont indiqué qu' « ils ont veillé à l'accompagnement de préparatifs relatifs à l'opération électorale prochaine et ce, à partir de la publication du décret présidentiel du président de la République le 4 juillet 2019 » Dans la foulée, Abdelaziz Belaid a annoncé sa candidature, au moment même ou le département de Nour-eddine Bedoui annonce officiellement avoir validé la dernière session extraordinaire du comité central du FLN de fin avril dernier. Et partant l'élection de Mohamed Djemai, comme nouveau secrétaire général du parti ! A travers cette célérité, des observateurs avertis ont cru déceler une volonté du pouvoir actuel de réserver un « rôle particulier » au FLN, et de s'appuyer sur lui ( et sur Djemai) pour appliquer sa feuille de route, avec pour principal objectif, tenir les élections à la date indiquée. Il y a pourtant des candidats qui seraient au nombre de 75 à avoir retiré le formulaire et déposé une lettre d'intention en attendant la validation du Conseil constitutionnel, comme Abdelaziz Belaid, le général Ali Ghediri, qui s'est juré de devenir président avant sa mort avait ironisé un chroniqueur , ou Belkacem Sahli de l'ANR, autre micro parti destiné à remplir les statistiques officielles, là où même le FLN et le RND n'ont pas déposé de candidature. Ce dernier va jusqu'à appeler à «barrer la route aux pêcheurs du boycott et perturbateurs». La prochaine élection est une opportunité pour « unir davantage les 40 millions d'Algériens face aux défis qui interpellent la société et montrer aux sceptiques par leur participation forte au scrutin qu'ils détiennent la souveraineté » estime le même politicien. Mais savent-ils tous ces prétendants que plus de 400 communes sur les 1500 que compte l'Algérie refusent d'encadrer la présidentielle ? Oui, et même Bensalah le sait, s'il voulait d'ailleurs vraiment des élections, il aurait commencé par créer une instance crédible de surveillance du scrutin, ce qu'il n'a pas fait, ou rendre public l'accès au fichier électoral, ce qu'il n'a pas fait non plus, avait rappelé le même chroniqueur. En revanche, les observateurs estiment que dans le contexte actuel il n'y a aucune chance que, d'ici le 25 mai date de forclusion des dépôts candidatures qu'un parti politique ou personnalité d'envergure se lancent dans la course électorale. Faut-il rappeler que le RND d'Ahmed Ouyahia, membre de l'alliance présidentielle jusqu'à preuve du contraire, avait préconisé via un communiqué, le report de cette élection de trois mois, étant donné que « les délais actuels ne seront pas suffisants pour transmettre en place, notamment l'instance indépendante d'organisation du scrutin », avait-il écrit. Pour l'instant l'armée, qui s'en tient à sa feuille de route constitutionnelle de sortie de crise, puise sa force de la faiblesse de la classe politique souvent diabolisée par le régime. Si l'institution militaire continue, aujourd'hui, à être fortement politisée, c'est parce qu'en face, les forces politiques restent trop faibles. C'est le renforcement de l'alternative politique démocratique qui obligera l'armée à se dépolitiser progressivement, a rappelé Louisa Dris Ait-Hamadouche. Le chef d'état-major de l'armée Ahmed Gaïd Salah s'est exprimé une nouvelle fois ce lundi sur la situation politique, en insistant encore une fois sur le maintien de l'agenda électoral et à l'application régie de l'article 102 de la constitution.Il a appelé également à l'installation rapide de la commission de surveillance de l'élection présidentielle selon les dispositions de la constitution actuelle, rejetant, par là même, toutes les feuilles de route proposées notamment celle de Taleb El Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour et du général Rachid Benyelles. Il a, par ailleurs, émis le souhait de voir émerger une élite qui sortirait des rangs du Hirak pour jouer le rôle d'interlocuteurs. Dans ce sillage, il a fustigé la solution politique d'une « transition » considérant qu'elle constitue un danger pour le pays et ses institutions. En revanche, il a opposé une fin de non-recevoir à la principale revendication des manifestations qui se déroulent en Algérie depuis bientôt trois mois, à savoir «Yatnahaw Ga3 », estimant qu'il s'agit d'une «revendication irraisonnable et dangereuse qui vise à déposséder les institutions de l'Etat de leurs cadres et les dénigrer. Ces cadres qui ont eu le mérite de servir leur pays à tous les niveaux, avec intégrité et dévouement, et nul n'a le droit de se substituer à la justice en leur proférant des accusations et en réclamant leur départ ». Il s'est également interrogé durant son allocution sur « l'absence flagrante des personnalités nationales, des élites et des compétences nationales face aux événements et évolutions accélérés que connait notre pays et qui requièrent des propositions constructives à même de rapprocher les points de vue divergents ». Et pourtant, depuis du début du mouvement populaire le 22 février, les propositions de sortie de crise, formulées par des partis de l'opposition, des personnalités nationales ou des représentants de la société civile, se sont multipliées. La dernière en date est contenue dans l'appel lancé samedi dernier par Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et Rachid Benyelles qui ont appelé l'armée à nouer «un dialogue franc et honnête» avec des figures représentatives du mouvement citoyen, des partis et des forces politiques et sociales «afin de trouver au plus vite une solution politique consensuelle». On peut également citer l'initiative du Collectif Nabni qui propose la mise en place d'un «haut comité de transition» qui aura à «incarner l'Etat» et un «gouvernement national de transition». Pour leur part, les formations politiques ont formulé leurs propres plans de sortie de crise. Excepté de rares propositions qui suggèrent d'aller vers la mise en place de comités populaires et d'une Assemblée constituante, les propositions de la majorité des partis convergent vers l'organisation d'une période transition de courte durée. L'armée, qui a fait du respect de la légalité constitutionnelle un principe non négociable pour imposer sa feuille de route, est désormais au pied du mur. Un compromis avec le pouvoir pour hâter l'avènement de l'Algérie nouvelle aux couleurs du hirak est-il envisageable ? Pourtant, quand tout semble confus et incertain, il suffit, pour que tout s'éclaircisse, de réécouter et d'entendre les manifestants et les étudiants qui ont largement gagné leur place sur l'échiquier politique et surtout dans l'avenir du pays. Les aspects terminologiques seront aplanis et dépassés, et l'on trouvera sûrement des formules consensuelles pour trancher entre la conférence et la convention, la Constituante et l'élection des représentants du peuple, l'instance de suppléance et une direction collégiale de la transition, comme vient de le rappeler très justement un journaliste. Pour l'heure, il n'est pas certain que la phase constructive puisse débuter avant que soit entériné le principe de départ intégral du régime encore en place. En tournant le dos à cette réalité, le pouvoir ne peut que prolonger le dangereux statu quo de «ni rupture ni restauration ». Le 4 juillet prochain, les Algériens se résoudront-ils «à aller à la pêche» ? Oui à lire la déclaration de Mohamed Djemai, le fraichement élu secrétaire général du FLN, qui vient de déclarer à un journal en ligne : « le peuple demande une élection crédible et transparente. Mais pour que l'élection soit ainsi, il lui faut une commission indépendante d'organisation et de supervision des présidentielles, telles qu'exigées par le mouvement populaire. Ce qui n'est pas le cas en ce moment. L'autre revendication du mouvement populaire est la révision de la loi électorale. Ce qui n'a pas été fait aussi pour le moment. Pour l'heure, on ne peut donc pas aller à une élection présidentielle sans ces deux conditions sine qua none, à savoir une commission indépendante d'organisation et de supervision des élections ainsi d'une révision de la loi électorale. Il faut trouver des mécanismes pour organiser des élections conformément aux exigences du mouvement populaire ». Et si Gaïd Salah, lui-même, savait que les présidentielles du 04 juillet étaient impossibles à tenir pour toutes les raisons explicitées supra, s'autorisait à penser l'occupant du banc public*, qui propose l'explication suivante : C'est, étrangement, notre refus de cette échéance qui va l'installer, lui, dans la durée. Nous avons peut-être voté pour lui en refusant de voter rapidement. Il le sait. En Algérie, les gardiens d'une chose en deviennent propriétaires au bout d'un certain temps. Le bien-vacant est une vision du monde en Algérie et ce qui n'appartient à personne partenir à celui qui le garde. Comme cette révolution! *Kamel Daoud «Louisa ou les escaliers qui montent en descendant», le Quotidien d'Oran |
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