Faut-il
pénaliser les fake news ? La question peut paraître
incongrue dans un monde virtuel où les frontières n'ont plus lieu d'exister
pourtant, et au vu de ce qui se passe actuellement en Algérie, l'opinion
publique est en droit d'être protégée de cette offensive médiatique qui
s'acharne à noyer l'information sous un torrent de fausses nouvelles sciemment
répandues. Avec l'avènement de la révolution du 22 février, le cyberespace est
devenu un véritable champ de bataille où les armes de destruction massive sont
impunément utilisées. Notre propos n'est pas d'évoquer les armes chimiques ou
biologiques, prétexte fallacieux américain pour réenvahir
l'Irak, mais d'aborder cette incroyable propension nationale à diffamer,
insulter, calomnier et accuser l'autre camp des pires ignominies. Le débat étant
relégué à la cave, les Algériens s'entre-déchirent sur les réseaux sociaux,
faisant de l'échange intellectuel et citoyen un concours de bassesse verbale.
Les internautes sont en train de s'offrir en spectacle de mauvais goût au pays,
multipliant les concerts de casseroles et les chants des morts, rivalisant en
formules injurieuses et triviales. S'il est juste de penser qu'aujourd'hui
Facebook a détrôné les médias traditionnels dans la hiérarchie
informationnelle, il serait plus judicieux alors de tenter de canaliser ces
flux indépendamment de la lecture politique qu'on puisse en faire. Sans aller à
la censure stricto sensu de certaines pages, la logique voudrait que la justice
fasse son travail en répondant aux plaintes pour diffamation et c'est aux services
de sécurité, apparemment très compétents à ce sujet, de remonter les pistes et
d'arrêter les coupables. Un simple coup d'œil à ces tranchées en embuscade, on
trouve de faux profils en sniper ouvrant le feu sur les figures de la
contestation. Pour le moment, ces «mouches électroniques» s'attaquent à Assoul, Tabou, Bouchachi, Amir DZ
et Zitout, défendant bec et ongles l'image du chef
d'état-major de l'armée. Un choix qui s'apparente à de la propagande puisque,
désormais, les camps sont bien définis et les armes affûtées. Mais le plus
grand danger derrière ces fake, c'est la volonté de
stigmatiser une région précise du pays, d'essayer de monter les Algériens les
uns contre les autres et ces tentatives de diviser le peuple et le pays sont
passibles de poursuites judiciaires pour l'exemple. Dans ces cas de figure, la
justice a le devoir de s'autosaisir et d'empêcher ces manœuvres de division,
contre-feux allumés pour détourner l'opinion publique de l'objectif initial.