Après
l'arrestation-surprise des généraux Bachir Tartag et
Mohamed Mediene dit Toufik, ainsi que Saïd
Bouteflika, le frère conseiller de l'ex-président de la République, il est
possible de dire que le cœur même de l'ancien système est atteint dans son
point le plus sensible. Mais la question qui se pose maintenant est si le chef
d'état-major est dans une étape de destruction effective de cet ancien système,
ses piliers et ses symboles, ou dans une opération de réfection de celui-ci,
sous d'autres formes, avec d'autres méthodes et d'autres visages, pour lui
donner une autre vie. Autrement dit, Gaïd Salah
est-il en train de répondre favorablement à ce que lui demande le peuple depuis
maintenant deux mois ? Ou essaie-t-il seulement de gagner du temps, comprendre
par-là, se résoudre à une manœuvre de charme et de marketing politique haut en
couleur, vis-à-vis de cette « rue frondeuse », pour sauver ce qui peut être
encore sauvé du régime, en sacrifiant ses têtes les plus pointées du doigt par
la vox populi ? Il est vrai que si le retard pris dans l'arrestation de ces
trois personnalités-clé du système bouteflikien,
après la purge très « sélective » pour certains, opérée dans le milieu de
l'oligarchie financière, a jeté quelques doutes sur sa démarche, le passage à
l'acte du chef d'état-major au lendemain de ses avertissements du 30 mars et du
16 avril dernier aux forces anticonstitutionnelles « malintentionnées », selon
ses dires, étonne l'opinion publique. Une partie de celle-ci s'interroge
d'ailleurs aujourd'hui : l'armée est-elle en train de séduire le mouvement
populaire pour pouvoir mieux l'affaiblir, le piéger au tournant, puis
l'étrangler ? Si c'était son but, c'est raté car le peuple est déterminé à
finir avec le système, sinon l'extirper de l'Algérie jusqu'à ses dernières
racines. Puis, cette manœuvre du général, si elle en est une
bien entendu, serait « une caution faible » pour ramener les membres du Hirak autour de la table du dialogue et trouver une issue à
la crise. Une autre partie de l'opinion se demande, en revanche, si le chef
d'état-major est vraiment de son côté et va l'aider à se débarrasser des têtes
de l'hydre pour reconstruire le pays sur de nouvelles bases démocratiques et
citoyennes ? Pas sûr, mais ce n'est pas impossible non plus ! Quoi qu'il en
soit, les Algériens s'accordent sur une seule chose : la peur a changé de camp.
Autant dire, les arcanes du palais tremblent sous l'effet de leur colère et de
leur forte mobilisation pour changer radicalement les choses. Au-delà de ces
données-là, accorder foi à un régime corrompu jusqu'à la moelle, serait une
grave erreur de stratégie, vu le passif de manipulations dont il dispose. C'est
pourquoi, la lutte doit continuer et la vigilance est toujours de mise pour
arriver à leur objectif.