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La «issaba» frappée au cœur mais toujours nuisible
par Kharroubi Habib
Depuis que
l'institution militaire s'est rangée au côté du mouvement populaire, son chef
le général Gaïd Salah n'a cessé de répéter qu'elle se
considère toujours mobilisée pour honorer l'engagement qu'elle a pris afin de
réaliser les revendications et les aspirations légitimes du peuple et de
combattre les forces qui complotent contre la volonté populaire et pour la
survie du régime dont les Algériens réclament le démantèlement radical. Pour
preuve que l'armée s'en tient à son engagement, Gaïd
Salah a interpellé la justice pour qu'elle ouvre les dossiers d'affaires de
corruption et de dilapidation de l'argent public dont les auteurs ont bénéficié
de l'impunité du fait de leur appartenance à la « issaba
» qui a fait la pluie et le beau temps tout au long du règne de Bouteflika et
de son frère et conseiller. Il a également accusé ce dernier et les généraux Mediène et Tartag de comploter
contre le peuple et l'armée qui le soutient en les menaçant d'avoir à en rendre
compte à la justice. Mais si effectivement il a été déclenché une opération « mains
propres » qui a donné lieu à l'arrestation ou à la
convocation par la justice de plusieurs hommes d'affaires et hauts responsables
proches de l'ancien président et de son frère, elle n'a pas concerné comme le
veulent les Algériens les véritables parrains qui ont été à la tête de la « issaba » prédatrice. Ils se sont d'autant montrés
dubitatifs sur cette opération qu'elle leur a semblé ne pas pouvoir aller plus
loin que la rumeur a fait état que Gaïd Salah se
serait engagé auprès du président déchu à ce qu'elle ne touchera pas le cœur de
la « issaba » qui n'est autre que son frère et
conseiller. Pour aussi puissants et influents qu'ont été les personnages
arrêtés ou convoqués par la justice, en s'arrêtant à eux l'opération « mains
propres » ne pouvait que décevoir des manifestants qui clament chaque vendredi
qu'il faut s'en prendre aux plus hauts niveaux de responsabilité dans la ruine
du pays.
Mis sous
pression, Gaïd Salah s'est vu obligé de frapper plus
fort et plus haut, d'où les interpellations de Saïd Bouteflika et des généraux Mediène et Tartag lesquels ont
été à un moment ou à un autre du règne de Bouteflika parrains et protecteurs
aux côtés de celui-ci et de son frère de la « issaba
» cause du soulèvement populaire. Si Mediène
et Tartag sont dans le collimateur de la justice, ce
n'est pas uniquement en raison de l'inimitié que leur voue le vice-ministre de
la Défense et chef de l'état-major de l'ANP mais pour surtout avoir eu une
grande part de responsabilité du fait des fonctions qu'ils ont occupées dans
l'avènement du règne de Bouteflika et des dérives auxquelles il a donné lieu et
ont, c'est l'évidence, tenté de le pérenniser en faisant alliance avec la « issaba » pour faire barrage au mouvement populaire dont la
mobilisation annonçait la chute de celle-ci. Il reste maintenant à Gaïd Salah à aller au bout de l'engagement pris par
l'institution militaire de permettre la réalisation de la revendication
populaire d'une transition politique excluant que les résidus et symboles du
régime Bouteflika qui subsistent en soient parties prenantes à un titre ou à un
autre.
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