Le ramadhan 2019 sera
forcément d'un goût particulier, vu la situation politique que connait le pays.
Certes, un mois de piété, mais le regard, lui, sera quelque peu braqué sur ce
qui se passe dans les arcanes de la politique. Personne n'est indifférent aux
événements qui détermineront l'avenir de l'Algérie. Enfin, les gens vaquent à
leurs affaires, la preuve est que les espaces publics ne désemplissent plus.
Ramadhan est déjà à nos portes
et la fièvre de la consommation, tous azimuts reprend
son droit. On achète et on emmagasine. Les rues grouillent de gens et de
marchandises, un amalgame de couleurs et de senteurs, toutes sortes de produits
consommables et non consommables sont étalés à même le sol. Durant les trente
jours de ce mois sacré, certains se découvrent des vertus de marchands, alors
on érige son étal de fortune n'importe où, quitte à obstruer les issues. Des
locaux de commerce se transforment, en un clin d'œil, passant d'une activité à
une autre. Dans les surfaces commerciales, tous se pressent, en quête de tout.
Sur les étals de légumes et fruits, la tendance est pour le moment calme, pas
d'affolement des prix. Pourvu que ça dure, espèrent les petites bourses. Et
puis, c'est toujours le charme qu'offrent les épiceries à l'ancienne, situées
dans les quartiers pittoresques, qui, en dépit des agressions d'un urbanisme
anarchique, gardent cet attrait pour une clientèle prise d'une nostalgie du
passé. Lorsqu'on se rend chez l'épicier du coin, on replonge dans une
atmosphère de ressourcement. Bab Zouatine
(ex Chemins des Oliviers), Zenkat M'zabiya (rue Mustapha Benboulaid),
place de la Douane (place de la Révolution) ou encore Bouhaba
(ex l'Aqueduc). Tous ces lieux reflètent des images d'un passé pas si lointain.
Là où on déniche des échoppes multicolores, où on trouve certaines denrées,
ustensiles d'artisanat, matières premières, qu'on ne retrouve nulle part
ailleurs. Malgré la concurrence féroce des produits industrialisés, les gens
préfèrent les produits du terroir encore disponibles. Ainsi, beaucoup de gens,
soucieux de maintenir des liens avec cette époque révolue, aux richesses
patrimoniales indéniables, se rendent à ces endroits afin de replonger, dans la
chaleur et la quiétude, de ce qui était Tébessa. Et le mois du ramadhan offre
cette occasion, ne serait-ce que de flâner dans les ruelles envahies par une
foule venue de toutes parts. Car à Tébessa, on vient de partout pour faire ses
achats, de toutes les localités de la wilaya. Le chef-lieu exerce une fascination
sur les habitants et visiteurs, de par ses nombreuses activités commerciales,
notamment avant et durant le mois de ramadhan. Même nos voisins Tunisiens
débarquent pour acquérir des marchandises qu'ils ne retrouvent pas chez eux ou
qui sont chères. Avec leur dinar toujours bien coté sur le marché parallèle,
ils peuvent se permettre tout ce dont ils ont besoin. Dans quelques jours
ramadhan s'invite comme d'habitude, un mois de bien (kheir)
disent les anciens, car pendant ces trente jours, tout le monde mange à sa
faim, croient-ils enfin !