Tout
en tenant à rassurer de nouveau les Algériens sur le soutien de l'Armée
nationale populaire (ANP) qui «continuera à les accompagner avec la même détermination
et résolution», le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd
Salah, en visite de travail et d'inspection à la 1ère Région militaire (RM), a
développé hier un discours musclé en direction de l'opposition. Le chef
d'état-major de l'ANP, dont l'intervention était attendue depuis son discours de Ouargla, a évoqué «l'apparition de certaines voix qui ne
veulent aucun bien à l'Algérie», accusées de jusqu'au-boutisme en «appelant à
l'entêtement et l'acharnement à maintenir les mêmes positions préétablies». Le
vice-ministre faisant certainement référence aux revendications de la rue de
voir tomber les 3 B et le départ de toutes les figures ayant incarné le système
politique des Bouteflika. Il leur reproche de rejeter toutes les initiatives et
de boycotter les démarches «y compris l'initiative de dialogue» matérialisée
par la Conférence nationale de dialogue et concertation organisée par le chef
de l'Etat par intérim. La position de Gaïd Salah
semble tranchée quant à l'avenir proche puisqu'il considère que l'armée refuse
catégoriquement un «vide constitutionnel» qui peut faire entrer le pays «dans
la spirale de la violence et de l'anarchie». La feuille de route de
l'état-major est ainsi inscrite dans la perspective du 4 juillet, date annoncée
de la prochaine présidentielle, et met en garde contre «l'incitation à entraver
l'action des institutions de l'Etat et d'empêcher les responsables d'accomplir
leurs missions». En effet, depuis leur prise de fonctions, les ministres du
gouvernement Bedoui sont systématiquement chahutés
lors de leurs sorties sur terrain. Pris à partie, ils ne doivent leur salut
qu'à l'intervention des services de sécurité. La situation étant devenue telle
qu'ils ont tout simplement décidé de suspendre leurs activités en dehors de
leurs bureaux. Cet avertissement vaut engagement de l'armée aux côtés de Bedoui qui devra rester en poste pour préparer le scrutin
présidentiel. Une étape inscrite sur l'agenda de Gaïd
Salah qui estime que le temps joue contre le pays «car si la situation perdure
davantage, elle aura des conséquences néfastes sur l'économie nationale et sur
le pouvoir d'achat des citoyens, surtout que nous sommes à la veille du mois
sacré de Ramadhan».
Abordant
le contexte sécuritaire, Gaïd Salah a parlé d'un
«plan malveillant» pour déstabiliser l'Algérie. Selon le vice-ministre de la
Défense nationale, les services de sécurité algériens ont recueilli des
«informations avérées faisant état d'un plan malveillant pour mener le pays à
l'impasse», dont «les prémices remontent à 2015, lorsque les trames et les
visées du complot ont été révélées». «Nous œuvrons
sereinement et avec patience à démanteler les bombes à retardement qu'ont
implantées ces corrompus et corrupteurs dans les différents secteurs et
structures vitales de l'Etat», a-t-il assuré,
soulignant que «ces secteurs seront assainis grâce à la conjugaison des efforts
de toutes les personnes de bonne foie, ainsi qu'à la
conscience du peuple algérien jaloux pour sa patrie et la disponibilité de ses
enfants et frères au sein de l'Armée nationale populaire, déployés dans tous
les recoins du pays, veillant à préserver l'autorité de l'Etat et la
crédibilité des institutions et leur fonctionnement normal». Quant à
l'action de la justice qu'il a appelée, à partir de la 4e RM, à plus de
célérité dans le traitement des affaires de corruption et de dilapidation de
deniers publics «et de juger tous ceux qui ont pillé l'argent du peuple», il a
tenu à valoriser sa réponse. En effet, ces derniers jours, plusieurs hommes
d'affaires ont été arrêtés et d'autres responsables politiques et d'anciens
ministres sont appelés à rendre des comptes devant la justice.