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Plusieurs
dizaines de citoyens se sont rassemblés, hier, devant le tribunal de Sidi M'hamed à Alger pour «accueillir» l'ex-Premier ministre,
Ahmed Ouyahia, et Mohamed Loukal,
actuel ministre des Finances et ex-Gouverneur de la Banque d'Algérie. Les deux
ont été convoqués par le tribunal de Sidi M'hamed
dans le cadre d'investigations sur le «détournement de deniers publics et
privilèges indus», selon l'ENTV.
Les protestataires portant des pots de yaourt et des bouquets de fleurs ont investi les lieux dans la matinée pour réclamer «des comptes à tous les responsables et les hommes d'affaires qui ont siphonné les ressources publiques du pays». Avec énergie, les citoyens rassemblés scandaient en attendant l'arrivée d'Ouyahia « chaab yourid yetthassbou gaâ», «le peuple veut la perpétuité pour Ouyahia et Saïd» sans oublier «Sellal et compagnie». Certains brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Sale temps pour toi, Ouyahia espérant que tu n'as pas oublié ta responsabilité tout entière dans l'incarcération des cadres de l'Etat intègres, aujourd'hui c'est ton tour». D'autres portaient la photo du journaliste Mohamed Tamalt, mort en prison en décembre 2016. Il a été condamné par la justice pour une vidéo et un poème très critiques envers le président Bouteflika. Si les manifestants étaient tellement sûrs qu'Ahmed Ouyahia allait arriver au tribunal, en face les journalistes et les avocats étaient plutôt sceptiques. Certains affirmaient qu'il s'agit seulement d'une intox balancée par l'ENTV, d'autres affirmaient que l'information n'a pas été relayée par l'Algérie Presse Service (APS). Certains ont même prédit son arrivée le soir. Mais jusqu'à 16h30 passées, aucune information fiable sur son arrivée n'a circulé pour lever le doute. Certains avocats qu'on a rencontrés sur place ont exprimé leur crainte d'instrumentalisation de la justice au service d'une guerre entre les gangs. L'avocat Badi Abdelghani a affirmé au Quotidien d'Oran que «malheureusement à chaque fois la justice est instrumentalisée d'un côté ou d'un autre». En précisant que «ces arrestations ou ces convocations ne parviennent pas directement des cours des tribunaux, mais elles parviennent à travers des discours, des annonces et des orientations du ministère de la Défense voire des deux derniers discours de Gaïd Salah». L'avocat a exprimé sa crainte de voir les choses dévier de leur chemin droit et de leur trajectoire, avec des politiques de vengeance à travers la justice «comme c'était le cas dans les années 90». Notre interlocuteur a ainsi lancé un appel aux juges de ne répondre ni aux appels provenant de «Zéralda» ni à ceux qui proviennent des « Tagarins » en insistant sur la nécessité de libérer la justice. Il regrette le fait qu'on ignore sur quelle base et qui a ordonné de convoquer l'ex-Premier ministre et l'actuel ministre des Finances. «On ne sait pas qui a saisi la justice sur ce dossier, on ne sait pas s'il y a eu plainte, des témoins, des accusés ? », dira-t-il. Et d'ajouter «en principe le Premier ministre doit être auditionné par une juridiction spécialisée et cette dernière n'est pas encore constituée». Et d'affirmer en outre que le tribunal de Sidi M'hamed n'est pas habilité à auditionner le ministre des Finances. Ce dernier doit être auditionné à la rigueur par la Cour suprême qui doit instruire l'affaire comme mentionné par les articles 573 et 574 du code de procédure pénale. Plutôt, il doit d'être auditionné par le procureur général de la Cour suprême. |
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