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La
convocation de l'ex-Premier ministre, Ouyahia, ainsi
que de l'actuel ministre des Finances, Loukal, est à
priori une bonne nouvelle pour les Algériens qui s'attendaient à voir la
justice passer à la vitesse supérieure et se saisir des dossiers de corruption,
de dilapidation et de détournement de deniers publics après l'arrestation de
l'ancien patron des patrons, Haddad. A priori seulement, puisque la justice
donne l'impression qu'elle est encore loin d'être indépendante, répondant aux
injonctions de l'exécutif même si, dans le cas présent, il s'agit de la demande
du chef d'état-major qui l'avait incitée à «accélérer la cadence du traitement
des différents dossiers concernant certaines personnes ayant bénéficié indûment
de crédits estimés à des milliers de milliards, causant préjudice au Trésor
public et dilapidant l'argent du peuple».
Toujours est-il que le doute est permis dans cette démarche d'autant plus que la procédure en elle-même, et de l'avis de juristes, peut être frappée de vice de forme qui rendrait en aval toute poursuite caduque. Le syndrome Khelil étant toujours vivace, les Algériens ont encore le souvenir des procès de l'autoroute Est-Ouest, Khalifa ou encore Sonatrach qui ont accouché de lampistes. Outre ces deux hommes, d'autres noms sont également cités comme étant sur la liste de la justice, entre autres les ex-ministres de la Solidarité nationale et actuels sénateurs du tiers présidentiel, Barkat et Ould Abbès, dont on attend la levée de l'immunité parlementaire pour être entendus sur, là aussi, des dossiers de corruption et de dilapidation de deniers publics. Cependant, là encore, on assiste comme à des tentatives de protéger les hommes du président puisque Ould Abbès, et alors qu'il est au centre du débat, a été autorisé par le ministère de l'Intérieur à tenir demain la réunion du Comité central du FLN pour signifier la fin de Bouchareb à la tête de l'ex-parti unique et partant de la présidence de l'Assemblée populaire nationale. Malgré les noms ronflants promis à la justice, les Algériens attendent toujours de voir les véritables commanditaires de cette rapine organisée traduits devant les tribunaux. Les personnes les plus évoquées appartiennent au clan présidentiel et des cercles intimes qui ont gravité autour des centres décisionnels, mettant même en péril la souveraineté du pays. L'Algérie ne peut se satisfaire des seuls Ouyahia et Loukal puisque rares sont les responsables qui n'ont pas été éclaboussés ou cités dans des affaires de malversation, de corruption active ou passive et de dilapidation de deniers publics. Les Algériens ont besoin que ces affaires soient traitées dans la transparence la plus totale et qu'elles ne traînent pas en longueur pour une raison ou une autre et ils ont surtout besoin de retrouver confiance dans une justice qui ne leur a jamais rendu justice. |
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