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Le
monument vieux de 856 ans a donc subi un énorme incendie dans la nuit de lundi.
Avec la Tour Eiffel, c'est l'un des deux symboles de la capitale française mais
aussi du pays. « Avec 12 millions de visiteurs estimés (chiffres 2016), la
cathédrale n'était devancée à l'échelle de toute la France que par...
Disneyland Paris et ses 13,4 millions de visiteurs (payants, eux) », note
Libération. La fréquentation du monument est deux fois supérieure à celles du
Louvre, de la Tour Eiffel ou du domaine de Versailles (château et jardin),
quatre fois supérieure à celles du musée d'Orsay ou du centre Georges Pompidou.
L'émotion et les hommages ont été planétaires. New York entre autres, a rendu hommage à la cathédrale Notre-Dame, ce mardi soir, en éclairant le One World Trade Center et l'Empire State Building aux couleurs du drapeau français, « en solidarité avec la France ». Les messages de soutien de capitales étrangères se sont multipliés. Alors qu'on ne déplore heureusement aucun mort, ni aucun blessé, du fait d'un système d'alerte très efficace, la stupéfaction et la douleur s'est répandue dans toutes les rues de la capitale et elles sont perceptibles dans toute la France. Dans les semaines et les mois prochains, des sociologues, des psychologues, des ethnologues s'interrogeront certainement sur cette impressionnante vague de tristesse. C'est certes l'incendie de la plus célèbre cathédrale de France, située au cœur de la capitale française, Paris. Mais si la France est officiellement laïque et sans appartenance religieuse, une grande partie de la population se dit catholique bien que non-pratiquante ou pratiquante à quelques exceptions : mariages, baptêmes, décès et aussi sensible à quelques fêtes. Il est vrai que dans ce pays très laïc, la plupart des jours de congés correspondent curieusement à des fêtes religieuses : Noël, naissance du Christ, Ascension, Pentecôte, Toussaint, Assomption... Et le fait que l'incendie s'est déroulé au début de la semaine pascale qui culmine du vendredi au lundi, a semblé encore plus marqué les esprits. Pâques est en effet la célébration de la mort du Christ et celle de sa résurrection. Mais Notre-Dame est également l'un des plus grands monuments français par son histoire, sa symbolique architecturale, son aura culturelle : « Notre-Dame de Paris » est le titre d'un ouvrage fut qui fut publié dans de nombreuses langues et lu par des dizaines (centaines ?) de millions de personnes, depuis sa parution en 1842. Son auteur, Victor Hugo reste par ailleurs sinon le meilleur mais en tout cas l'écrivain français le plus célèbre. Enfin, Notre-Dame est également un lieu de « célébration » des plus hauts responsables politiques. Tous les rois assistaient régulièrement à la messe dominicale. Mais les différents Présidents de l'IIIème, IVème et Vème République ont, à quelques exceptions, fait de même, certes à des occasions beaucoup plus rares. Mais le Général de Gaulle a tenu à célébrer la libération de Paris des forces occupantes allemandes, en assistant à une messe dans la Cathédrale Notre-Dame de Paris où retentit un célèbre «Magnificat». Macron reporte ses réponses sociales Le Président Macron s'est évidemment le soir même rendu sur les lieux de l'incendie. Il a rapidement appelé à une reconstruction rapide du monument et a proposé un délai de cinq ans. Au regard des destructions, c'est peut-être un peu court. D'autant que l'origine de la catastrophe reste pour l'instant peu clarifiée. Il s'agit d'un accident et heureusement pas d'un attentat. Mais d'où est parti l'incendie et pourquoi s'est-il autant et aussi rapidement dans l'ensemble de l'édifice ? L'enquête pour « destruction involontaire par incendie » ne fait que commencer. Qui va payer les travaux ? Une collecte d'un milliard d'Euros a été lancée. D'ores et déjà, quatre grands groupes français (Pinault, LVMH, Bettencourt, L'Oreal) ont déjà versé 600 millions. La collecte populaire sera importante et déjà éffectuée. L'Etat français complétera nécessairement le coût de travaux qui seront largement supérieur au 1er milliard reçu. Emmanuel Macron devait lundi soir faire une grande déclaration télévisuelle, suivie d'une conférence de presse mercredi, présentant son programme de réponses à la crise des « Gilets jaunes » et au grand malaise social persistant dans le pays. Tout était prêt et l'intervention de lundi avait été préenregistrée. L'incendie de Notre-Dame a tout arrêté. Le Président visiblement ému a immédiatement et naturellement renvoyé à beaucoup plus tard les mesures attendues par des millions de Français. L'émotion est compréhensible mais le politique Macron peut également y voir une opportunité : n'ayant pas grands choses à proposer, mieux vaut attendre. La crise sociale française tourne en effet en rond. Chaque semaine, le samedi, des dizaines de milliers de manifestants se réunissent depuis plus de 5 mois et demi, dans de nombreuses villes françaises. Qui sont là ? Des salariés, des retraités, des chômeurs, des petits commerçants... Des électeurs de droite et de gauche, beaucoup de syndicalistes, beaucoup portant le même gilet jaune. Tous manifestent chaque semaine autour de deux revendications prioritaires : augmentation du pouvoir d'achat et renforcement de la démocratie directe avec l'élargissement du référendum à initiative populaire, d'initiative citoyenne (le RIC). Inopportunément ou opportunément, la déclaration enregistrée d'Emmanuel Macron a filtré auprès de quelques grands médias. Question référendums, le RIC serait réduit à quelques questions locales et le référendum national (le RIP) toujours aussi difficile à organiser. Question pouvoir d'achat, pas grand-chose à attendre. Question services publiques : on promet de ne plus fermer d'écoles et d'hôpitaux. Ouf ! Pas de réponse non plus sur les pensions de retraite, en baisse. Mais le gouvernement n'écarte pas l'idée d'un allongement de la durée de vie au travail. Les Français se présentent souvent comme les héritiers de Descartes, un peuple rationnel qui écoutent les arguments des uns et des autres avant de prendre sagement une position juste et efficace. Pipeau ! C'est, surtout ces dernières années, un peuple passionnel. L'émotion profonde collective sur l'incendie du principal établissement religieux de France en est une démonstration. Mais la crise sociale des Gilets jaunes qui dure depuis une demi-année est la manifestation d'une colère sociale économique et politique qui peut durer longtemps, de mes concitoyens. Paradoxe : de très grandes manifestations des Gilets jaunes doivent se dérouler le samedi 20 avril prochain dans de nombreuses villes. Forte épreuve de force, ce samedi pascal. |
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