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Présidentielle du 4 juillet: Des magistrats refusent de superviser les élections

par Moncef Wafi

  Le Club des magistrats algériens refuse de superviser les élections du 4 juillet prochain. L'annonce a été faite, hier, par Merzougui Saâd Eddine, juge d'instruction près la Cour de justice d'Oued Souf et porte-parole du syndicat, lors du rassemblement de protestation organisé conjointement avec l'Union nationale des ordres des avocats rejoints par des notaires et des huissiers de justice, devant le ministère de la Justice, à Alger. «Nous, membres du Club des magistrats algériens, avons décidé irrémédiablement de boycotter la supervision des élections présidentielles du 4 juillet 2019», a-t-il dit en substance.

Selon le décompte de l'APS, ils étaient des dizaines d'avocats et de magistrats à observer le sit-in pour revendiquer l' «indépendance totale de la justice qui garantit l'Etat de droit». Merzougui Saâd Eddine, tout en soulignant l'engagement du Club en faveur du mouvement populaire, a rappelé que les magistrats ont été «les premiers et les seuls parmi les hauts fonctionnaires de l'Etat à refuser de superviser les élections du cinquième mandat», précisant qu'ils sont également les seuls à avoir «demandé la démission du président de la République». En effet, un millier de magistrats avaient annoncé, le 11 mars dernier, qu'ils refuseraient de superviser l'élection présidentielle du 18 avril si Bouteflika était candidat à un cinquième mandat.

Depuis 2016, la loi électorale impose la présence des magistrats dans l'encadrement des opérations électorales. «Nous refusons de faire un faux témoignage pour des élections dont les résultats sont connus d'avance», a ajouté le porte-parole du Club, une organisation syndicale autonome non agréée, créée en mars dernier et qui compte quelque 1000 membres.

Les magistrats et avocats, présents sur le perron du ministère de la Justice ont surtout réclamé «l'indépendance réelle de la justice», «l'ouverture d'enquêtes sur la corruption» et l'arrêt des «sanctions» contre les magistrats, pour les «obliger à renoncer à leurs revendications légitimes», affirme Merzougui Saâd Eddine. «Nous affirmons que ces pratiques périmées émanant de mentalités haineuses, ne diminueront pas notre détermination à réaliser l'indépendance réelle de la justice et nous considérons ces sanctions comme des distinctions honorifiques et un impôt qu'il faut payer à notre lutte pour réaliser le rêve des Algériens consistant en une justice efficace et impartiale», a-t-il ajouté.

Lors de ce rassemblement, plusieurs noms du barreau algériens étaient présents dont Mostefa Bouchachi, Salah Dabouz, Noureddine Bensissad ou encore Zoubida Assoul. Si en réponse à l'action du 11 mars dernier, Tayeb Louh, alors ministre de la Justice, avait déclaré impérativement, dans un discours retransmis par la télévision publique, que les «magistrats sont tenus par le devoir de réserve et de neutralité (...) et que la justice doit rester loin des tensions politiques», on attend la réponse du nouveau ministre à cette sortie médiatique des magistrats.