|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Au bout du
7ème vendredi consécutif de manifestations populaires contre le régime, une
certitude : le peuple veut faire table rase du passé. Comme une sorte d'ablation
totale de tous les symboles du régime au double plan des personnalités et des
méthodes de gouvernance économique et sociale de Bouteflika. Vendredi 5 avril,
le message de la rue a été assez clair pour ceux qui tentent de s'imposer pour
gérer la transition, en attendant le résultat de la réunion des deux chambres
du Parlement pour l'application de l'article 102 : tous les responsables qui
ont travaillé avec Bouteflika doivent eux aussi partir. Entendre les présidents
du Sénat, du Parlement, du Conseil constitutionnel et le Premier ministre.
Le «dégagisme» ciblant ces personnalités est assez puissant et convaincu qu'il n'y a plus aucune possibilité de négocier avec la rue. Elle a été assez appuyée à travers le pays cette revendication populaire «le peuple a décidé, il a dit vous partez, c'est que vous partez». Les têtes des personnages actuels au sommet des institutions de l'Etat algérien doivent donc tomber, ont réclamé les millions de manifestants, ce qui accentue la pression sur le chef d'état-major de l'ANP, lui aussi à un moment ciblé par le «dégagisme». Pour autant, il est assez compliqué dans le contexte actuel de satisfaire rapidement les revendications du peuple qui ne se satisfait pas du seul départ de Bouteflika, mais de tout ce qu'il a laissé derrière lui, en particulier les hommes à la tête des institutions parlementaires, le gouvernement et le Conseil constitutionnel qui, paradoxalement, sont constitutionnellement difficiles à «dégommer». L'armée est dès lors le seul interlocuteur que le peuple accepte, ce qui la met dans une inconfortable position d'interface entre la rue et les institutions d'une République en voie de changement. Et donc, tout le monde se pose la question de savoir que va faire l'armée : démissionner le chef de gouvernement, les présidents du Sénat, du Parlement ? Pourquoi pas, car ils ont servi, tout comme Tayeb Belaïz du Conseil constitutionnel, le président démissionnaire. Là encore, il y a le mur constitutionnel qui ne permet pas à la grande muette d'intervenir, sauf à faire accélérer le départ de Bensalah et Bouchareb après l'application de l'article 102 au profit d'une personnalité consensuelle, qui soit acceptée par la rue, pour mener la période de transition. La même personnalité devrait également procéder ensuite au changement de gouvernement pour calmer et rassurer la rue et faire revenir les manifestants à leur travail. Le temps d'organiser des élections présidentielles générales, transparentes et justes. L'armée aura assurément de lourdes missions dans les prochains jours, les prochaines semaines pour, d'une part, maintenir la sécurité des manifestations et, d'autre part, jouer le rôle d'arbitre pour répondre aux revendications populaires. Dans tous les cas de figure, il lui sera difficile de ne pas répondre aux revendications populaires, ou à tout le moins gérer une période qui reste toujours tendue, en dépit du départ du président Bouteflika qui n'est qu'une partie seulement des revendications populaires. |
|