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Une armée
est d'abord une propriété défensive d'un peuple. Avant qu'elle ne soit
stigmatisée dans une kalachnikov elle est un bouclier commun. Elle n'est pas
dans la peau d'un général, ni ne constitue la propre identité d'un état-major.
Les personnes partent, l'armée reste. Chez nous, avec la déliquescence qui
greffe tous les organes de la république, leur usure, une seule demeure stable
pour le bonheur de tous. La seule qui puisse se prévaloir d'une crédibilité.
L'ANP.
Il est clair que le pouvoir attise toutes les convoitises qui peuvent atteindre la folie, voire le drame. Le clan qui veut se faire maintenir coûte que coûte ne semble pas vouloir partir de si tôt. Aussi penserait-il comme ultime acte de résistance de devoir installer le pays dans une situation de chaos. Il pense ainsi mettre face à face le peuple et son armée. La suite est connue. La tragédie et le non droit. Ce scénario de derniers soubresauts d'un régime agonisant est tellement diabolique qu'il suscite non pas l'admiration de ses tenants mais la crainte sérieuse de tout un peuple. L'intérêt géopolitique, qui tend de plus en plus à gérer un monde par souci de domination, augmente au fur et à mesure que s'accroissent les convoitises stratégiques. La guerre pure et dure s'est raréfiée au profit d'une autre plus sournoise et fangeuse. L'implosion interne dirigée à distance. Les batailles des territoires étant révolues, d'autres s'ouvrent au travers d'un droit universel étriqué dont le seul mobile demeure la faculté juridique d'intervention et d'ingérence au nom d'une légitimité internationale trop controversée. Au moment où ce peuple attendait, son mérite au prix Nobel de la paix, de par son pacifisme, sa civilité et la hauteur de ses revendications, voilà que le clan honni veut lui ôter cet honneur à défaut de l'avoir eu. Il n'est pas sorti pour un bout de pain ou un morceau de sucre ou un litre d'essence. Il le fait pour une dignité, avec sérénité et résolution. Pourquoi n'a-t-on pas trop papoté sur l'armée ces derniers vendredis ? Bien au contraire, il y avait des voix de part et d'autre, de Mazafran et d'ailleurs qui avaient intensément sollicité l'intervention militaire pour ajuster la situation, mettre fin à une présidence assise et absente et relever le sens de l'honneur populaire algérien. Le contexte n'aurait pas été favorable pour le faire. Le coup d'Etat en uniforme n'est plus dans le guide pratique de la prise de pouvoir. Il y a mieux. Le recours au peuple. Le 22 février est venu ainsi dire que son ras-le-bol est au paroxysme. Que l'indignation ne se tolère plus. Et devant l'entêtement et l'autisme volontaire du clan présidentiel vidé et dévidé, le 102, tardif ou non était proposé par celle qui savait que tout mauvais dénouement ou vide juridique viendrait finalement à sa seule charge. Ce que le clan s'est tracé comme feuille de route. Rester ou produire la trouille chez le citoyen est devenu un épouvantail qu'agite le clan. Mettre l'armée dans la rue, une autre inquiétude chez la même l'armée. Prendre l'armée pour un joujou jouissif à ses propres faiblesses érectiles, ou la prendre pour un jeton dans une table de casino est dangereux. Cette armée ne peut être qu'au service du peuple dont elle émane. Les aigris, les recalés de la mouvance, les voix de leurs maîtres, ceux qui gardent des rancunes envers des personnes ne doivent pas confondre règlement de compte individuel et intérêt suprême du pays. La crise constitutionnelle que veut créer le clan par l'inopérabilité de toutes les institutions ne sera supportée, il le sait que par l'armée. Ce plan machiavélique ne servira en finalité personne. Le clan est mort. L'Algérie blessée, contusionnée saura se relever et surpasser ces envies de s'agripper au fauteuil. Avec un peuple si mûr, plus conscient qu'en tout autre temps, elle ira vers un horizon meilleur où tout ce personnel politique ne sera qu'une page pale et meurtrie d'une histoire qui se fait encore. Le peuple a scandé «Dégagez tous !», il persiste à le dire et c'est à l'armée d'assurer l'application de cet appel inextinguible, bruyant et général. La suite est une autre phase où le tout devra partir. |
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