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Ahmed Ouyahia,
le «patron» du RND, après avoir soutenu le 5ème mandat, a appelé, hier
mercredi, le Président Bouteflika à démissionner et à nommer un nouveau
gouvernement, chargé de la transition.
Après donc l'ANP, dont le chef d'état major, le général de corps d'armée Ahmed Gaid Salah, avait recommandé, mardi, l'application de l'article 102 comme solution à la crise politique actuelle, le RND emboîte le pas à l'institution militaire et demande, avec un peu plus de précision sur les alinéas qu'il faut appliquer de l'article 102, à son tour au Président Bouteflika de partir. Dans un communiqué rendu public, le RND explique que la dernière réunion des SG des bureaux de wilaya, avec le bureau national «s'est penchée sur la situation actuelle dans le pays, à l'issue de laquelle elle a dégagé un point de vue qui devait être exposé dans le cadre des consultations en cours». Ce point de vue, selon le RND, suggère «soit la poursuite du processus politique proposé par le Président Bouteflika, soit le recours aux dispositions de la Constitution, notamment l'application de l'article 102». Saluant le rôle de l'ANP dans «la préservation du pays de tout danger», le même communiqué du parti d'Ouyahia «conseille au Président Bouteflika de démissionner, conformément à l'alinéa 4 de l'article 102 de la Constitution, afin de permettre au pays d'engager le processus de transition défini dans la Constitution». Le même communiqué du RND, signé par Ouyahia, demande également au président de la République «de nommer un nouveau gouvernement pour éviter tout vide ou toute spéculations autour du gouvernement, dans cette période sensible». Prenant à contre-pied tous les observateurs, une dizaine de jours après avoir appelé les militants du parti à prendre leurs dispositions pour l'application de la feuille de toute du président, le chef du RND est allé au-delà de la suggestion de l'ANP, et a mieux ciblé la fin du règne de Bouteflika en l'appelant à «démissionner». Dans le cas d'une démission (ou un décès) du président de la république, l'article 102 de la Constitution dispose que «le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit et constate la vacance définitive de la présidence de la République. Il communique, immédiatement, l'acte de déclaration de vacance définitive au Parlement qui se réunit de plein droit. Le président du Conseil de la Nation assume la charge de Chef de l'Etat pour une durée de quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, au cours de laquelle des élections présidentielles sont organisées». Contrairement à l'état d'empêchement, pour raison médicale suggéré par Gaid Salah, dans son appel de mardi, depuis Ouargla, Ouyahia appelle le Chef de l'Etat à démissionner. Pour autant, si Ouyahia lâche d'une main à ce moment précis le président, il remet le pouvoir de l'autre main au président du «Sénat», qui n'est autre qu'un cadre de son propre parti. Beaucoup s'interrogent, cependant, sur cette volte-face d'Ouyahia, et si elle ne serait pas le fruit de tractations entre cercles du pouvoir, dans les heures qui avaient suivi la déclaration de Gaid Salah. Sinon comment l'expliquer, alors que la semaine dernière, il appelait dans une lettre ses militants à se mobiliser derrière la feuille de route du président, au moment même où les manifestations populaires avaient atteint un nombre de plusieurs millions de participants. «La situation actuelle nous impose, a-t-il dit, à resserrer nos rangs pour faire dépasser à l'Algérie la crise actuelle, et avec l'intime conviction de faire triompher la raison au profit de l'intérêt commun», a-t-il écrit, ajoutant que «le RND, au cours de sa participation aux consultations pour la formation d'un gouvernement de transition, va convaincre tout le monde de la nécessité d'accepter toutes les concessions, notamment convaincre les citoyens de la crédibilité du processus de transition démocratique proposée par le Président Bouteflika». Ouyahia semble avoir une boule de cristal pour lire dans les événements de plus en plus accélérés pour ne pas être dépassé par la vague du ?dégagisme'. Au sein du second parti algérien selon les résultats des dernières élections législatives, il semblerait bien qu'il y ait un revirement total de la position du RND et ses responsables vis-à-vis du président. Dans la soirée de mardi, Seddik Chihab, porte-parole du parti, est intervenu pour la seconde fois, en moins d'une semaine, pour dénoncer le régime de Bouteflika. Il a, dans une intervention à ?Echourouk News', comparé son régime à un cancer qui gangrène l'Etat. «Le régime Bouteflika n'est qu'un cancer qui gangrène le corps de l'Etat. Il faut qu'on le reconnaisse tous», affirme-t-il. Bien sûr, il a défendu son parti, expliquant qu'«au RND, dans notre culture et chez la plupart des militants, la présidence, c'est la présidence. Nous avons la culture de l'Etat, et non celle du système ou du régime ». Mardi 19 mars, le porte- parole du RND s'était déjà illustré en s'attaquant au régime Bouteflika, expliquant sur le plateau d' ?El Bilad TV' que le pays est gouverné par «des forces non-constitutionnelles», et que la candidature du président pour un 5ème mandat est «une erreur». «Nous nous sommes trompés» sur cette candidature du Président Bouteflika, a-t-il dit, avant de reconnaître que «nous avons manqué de perspicacité.» Pour le N° 2 du RND, «l'Alliance présidentielle est responsable, mais en partie, de la crise actuelle, car, nous n'avions pas été perspicaces, nous n'avions pas eu le courage pour dire comment présenter la candidature du président, avec tout notre respect pour sa personne, son militantisme, ses sacrifices, sa stature». Officiellement, le RND avait estimé dans un bref communiqué, le lendemain, que «le débat était parfois provocateur et orienté, ce qui a conduit notre collègue à réagir et parfois à s'éloigner des positions connues du RND». Une semaine après ce communiqué du RND, cette fois-ci c'est son secrétaire général qui demande au président de démissionner. La position du RND et ses dirigeants a incontestablement évolué de plusieurs crans avec la décision de l'ANP de s'impliquer, directement dans la crise politique actuelle, dans le pays. |
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