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La grande
muette vient de s'exprimer. Elle demande l'application de l'article 102. Depuis
quelques jours, les appels qui demandaient au chef d'état-major, le général Gaïd Salah, d'intervenir pour éviter d'éventuels scénarios
catastrophe pour le pays à travers le probable embourbement des manifestations
populaires contre la poursuite du 4ème mandat du président semblent avoir été
entendus. Les graves déclarations de l'ex-SG du FLN Amar Saadani
sur un prétendu «Etat profond» qui gère dans l'ombre le pays, ses compétences
et ses richesses ont-elles été le détonateur de cette
réaction tout à fait respectueuse de la Constitution et des lois de ce pays du
vice-ministre de la Défense ?
A l'évidence, la position de Gaïd Salah est claire, car autant elle prend la précaution, pour faire partir Bouteflika, d'invoquer la Constitution pour réclamer l'application d'un de ses articles pour préserver le pays de quelques «parties hostiles qui usent de manœuvres douteuses pour attenter à la stabilité du pays», autant il reste droit dans ses bottes pour prévenir contre toute tentative de déstabilisation. Devant une situation politique qui s'acheminait inévitablement vers un bras de fer entre l'opposition, qui ne veut plus entendre parler de la «continuité» et du 4ème mandat, et le clan présidentiel soutenu par le FLN notamment, le vice-ministre de la Défense a tranché de la manière la plus logique et la plus intelligente en faisant appel à la loi fondamentale du pays. Cela préserve autant l'armée d'une quelconque velléité de s'emparer du pouvoir à un moment où le peuple est très échaudé contre le pouvoir, comme elle interpelle les politiques à prendre leurs responsabilités. L'intervention de l'Armée nationale populaire confirme autrement que la situation interne du pays est arrivée à un point de non-retour et qu'il fallait donc intervenir pour épargner au pays des scénarios catastrophe. L'application de l'article 102 a été en fait revendiquée à plusieurs reprises depuis 2013 après l'AVC du président et sa candidature à un 4ème mandat avait atterré la classe politique nationale. ONG et partis d'opposition avaient entre 2014 et 2016 appelé, sans succès, à l'application de cet article de la Constitution. Et le vice-ministre de la Défense a rassuré par ailleurs l'opinion publique internationale et protégé le pays contre de possibles mauvaises interprétations en restant dans les limites sécurisantes de la Constitution, et donc ni «putsch» ni coup d'Etat, juste l'application de la Constitution. Cette solution, le général Gaïd Salah a su l'exploiter pour maintenir non seulement l'Algérie loin de tous dérapages politiques, mais également pour contenir toute interprétation malintentionnée quant à l'invocation de l'article 102 par les «militaires». Et, dans son discours, Gaïd Salah a montré que l'ANP reste attachée aux lois de ce pays et qu'elle est leur premier rempart en invoquant cette «solution qui s'inscrit exclusivement dans le cadre constitutionnel qui constitue l'unique garantie pour la préservation d'une situation politique stable». Le reste, il appartient au Conseil constitutionnel de statuer sur cette solution et de convoquer les deux chambres du Parlement pour se prononcer. La balle est donc dans le camp du Conseil constitutionnel qui doit se réunir, constater la réalité de «cet empêchement par tous moyens appropriés» et proposer à l'unanimité au Parlement de déclarer l'état d'empêchement. |
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