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Beaucoup
s'interrogent sur l'ampleur que vont prendre, ce vendredi à travers le pays,
les manifestations des Algériens pour un changement politique radical et la fin
du système.
Pour ce vendredi 15 mars, les appels à manifester pour le changement et la fin du système politique actuel seraient certainement entendus, et des Algériens devraient sortir dans la rue pour refuser le plan de sortie de crise proposé par le président Bouteflika, lundi, au lendemain de son retour au pays après un séjour médical de deux semaines en Suisse. Durant les trois précédents vendredis, il y a eu des dizaines de milliers de manifestants dans les grandes villes du pays, des centaines de milliers à Alger. Mais le record du nombre de manifestants a été battu vendredi 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale des droits de la femme, avec plus d'un million de manifestants à Alger et des centaines de milliers dans les autres grandes villes algériennes, et jusqu'aux petits villages, il y a eu des milliers de marcheurs contre le 5e mandat. Pour ce vendredi, la donne a changé dans la forme, mais pas dans le fond, puisque le 5e mandat est passé à la trappe, mais pas le système qui veut jouer les prolongations du 4e mandat. Dans sa lettre aux Algériens, le président Bouteflika avait annoncé qu'il « n'a jamais été question pour lui d'un 5e mandat », que la présidentielle est reportée et qu'une conférence nationale « inclusive » sera mise en place pour décider de l'organisation d'une élection présidentielle transparente. Entre-temps, et c'est ce qui a poussé les Algériens et en particulier les étudiants à réinvestir la rue dès le lendemain de la diffusion de ce « message » du président, le « 4e mandat » continue, et ce seront les hommes du système qui sont chargés de faire partie d'un nouveau gouvernement. La rue, nouveau domicile de la «protesta» La « protesta » a donc repris le chemin de la rue pour dénoncer les mesures préconisées par le président Bouteflika pour répondre à la revendication principale des centaines de milliers d'Algériens, qui sont sortis manifester pacifiquement contre le 5e mandat et pour le changement de régime. Et, depuis ce mardi, les grandes villes du pays, en particulier Alger, ne désemplissent pas, occupées majoritairement par les étudiants, qui ont été maladroitement envoyés en vacances anticipées par un ministre dépassé par les événements. Et comme l'intervention du président ne semble pas avoir convaincu, il est fort probable que la mobilisation citoyenne sera ce vendredi importante. Le caractère pacifique, souvent festif et joyeux de ces marches avec des familles entières qui y ont participé, va inciter encore cette fois-ci les Algériens à occuper la rue pour se faire bien comprendre quant à leurs revendications. Et, plus particulièrement, que leur mouvement de protestation et pour le changement politique dans le pays ne soit ni détourné, encore moins mal compris. Ce sera, demain vendredi, une prolongation mais grandeur nature des manifestations qui se sont déroulées, hier mercredi, à travers les grandes villes du pays, animées par les enseignants, les fonctionnaires de l'éducation nationale et les élèves, tous paliers confondus. D'autre part, les déclarations de personnalités politiques sur les «erreurs» d'appréciation des événements par le président Bouteflika, ainsi que son erreur de « casting » dans la désignation unilatérale d'un gouvernement chargé de gérer la période de transition, alors qu'il aurait dû, selon des observateurs, aller à la rencontre de l'opposition et les acteurs de la société civile pour faire le point sur la situation et décider démocratiquement ce qu'il faut faire, pourraient également drainer la grande foule ce vendredi. Saïd Abada, qui a claqué la porte du FLN, a déclaré hier sur un site électronique que le président Bouteflika « a pris des décisions non satisfaisantes. Sa réponse aux revendications populaires n'est pas à la hauteur des revendications exprimées par la rue. Ces décisions sont inacceptables et sont de nature à ne pas satisfaire le mouvement populaire ». |
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