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La mobilisation
contre le prolongement du quatrième mandat et pour un changement radical,
garantissant aux Algériens un Etat de droit, ne faiblit pas.
P artout à travers le pays, des enseignants des trois paliers sont sortis dans la rue, accompagnés de leurs élèves, essentiellement des lycéens, pour exiger le départ du système et pour apporter leur soutien au mouvement populaire. Il n'était pas question de parler ou d'évoquer cette fois-ci, les problèmes socioprofessionnels de la corporation, mais plutôt d'appeler les institutions de l'Etat à écouter la voix du peuple. C'est d'ailleurs ce qu'a affirmé, hier, le porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CELA), Rouina Zoubir, qui sillonnait, avec ses collègues, les grandes artères de la capitale de la Grande Poste d'Alger à la Place Maurice Audin. Pour M. Rouina cette mobilisation de la famille de l'Education est une expression citoyenne qui s'inscrit dans le cadre du mouvement populaire, revendiquant un changement radical et non un replâtrage et pour une Algérie libre et démocratique. Et d'affirmer que : « le changement est impératif, car on est carrément dans l'impasse ». Il a affirmé, en outre, que les enseignants et les citoyens en général, assument pleinement la « Pacificité » des manifestations et il est du devoir des autorités et des institutions de l'Etat d'assumer « la sécurité » de ce mouvement populaire. Il prévient « c'est fini, il faut arrêter les manœuvres stériles, il faut avoir le courage de prendre des décisions en faveur du peuple et en réponse à la voix du peuple ». Un peu plus loin, entourés d'enseignants venus de différentes communes d'Alger, Sadek Dziri, président du Bureau national de l'Union nationale du personnel de l' Education et de la Formation (UNPEF ), a affirmé qu'« il faut œuvrer pour préserver l'unité de ce mouvement et l'unité nationale ». Et d'enchaîner « le peuple est conscient et notre armée est consciente des dangers et des menaces notamment étrangères qui nous guettent et seule l'unité et le caractère pacifique du mouvement pourront nous garantir une sortie de crise sans dégâts ». Interrogé sur l'implication des élèves dans ce mouvement populaire, Sadek Dziri a affirmé qu'il ne faut surtout pas impliquer des mineurs dans des mouvements pareils, sans la présence de leurs parents. Il a appelé, pour plus de sensibilisation des parents et des enseignants sur cette question. Comme il a appelé tous les acteurs de la corporation à poursuivre leur travail pour la préparation des élèves en classes d'examen. Sadek Dziri a affirmé que la communauté de l'Education (enseignants et fonctionnaires) a répondu favorablement à l'appel lancé par l'Intersyndicale de l'Education composée de six syndicats du secteur. Et de souligner que la grève a été largement suivie, avec des rassemblements et des marches, à travers tout le pays. Les enseignants vêtus de blouses blanches scandaient « l'Ecole libre et démocratique » et « Algérie libre et démocratique », certaines voix ont exigé le départ de la ministre de l'Education Nouria Benghabrit. Des personnalités politiques et historiques se mêlent aujourd'hui, à la foule dans le but de leur expliquer les démarches à suivre pour assurer une période de transition pacifique et qui répond aux aspirations du peuple. L'on cite le cas de Lakhdar Bouregaâ, l'ancien commandant de la Wilaya IV, qui a été entouré d'un nombre important d'enseignants et de citoyens, hier, lors du rassemblement des enseignants à la Grande Poste d'Alger. A Oran, des centaines de collégiens et lycéens ont pris part à une marche qui n'a pas vraiment eu lieu. Beaucoup d'élèves du cycle moyen, garçons et filles, ont sillonné bruyamment les artères de la ville, tout au long de la journée d'hier. Cartables sur le dos, une bonne partie d'entre eux a élu domicile sur la Place du 1er Novembre 1954, laissant libre cours à leurs voix juvéniles. Dans la matinée, quelques centaines d'étudiants accompagnés d'enseignants universitaires se sont donné rendez-vous à l'Université des Sciences et de Technologie d'Oran (USTOMB) ?Mohamed Boudiaf', à partir de laquelle ils ont lancé, dès 10h, leur marche vers le siège de la wilaya d'Oran. Par ailleurs, et sur appel des syndicats de l'Education, quelques centaines de d'enseignants et de syndicalistes se sont rassemblés devant le siège de la direction de l'Education d'où ils ont marché vers le siège de la wilaya puis vers le siège de la télévision nationale avant de rebrousser chemin vers la direction de l'Education où ils se sont dispersés. Fait marquant hier, la circulation automobile à Oran a été des plus exécrables. Des bouchons interminables se sont formés sur plusieurs axes névralgiques de la ville. Sur plusieurs de ces axes, des policiers de la voie publique en faction se chargeaient de réguler les flux automobiles. Dans certaines grandes artères, la circulation a, carrément, été bloquée dans un sens ou dans l'autre, et les automobilistes réorientés par les agents de l'ordre vers d'autres artères. C'est le cas par exemple de l'Avenue Cheikh Abdelkader qui mène vers le siège de la wilaya, où les automobilistes ont dû emprunter soit l'Avenue Saïm Mohamed à gauche ou l'Avenue des 40 Martyrs à droite. A Constantine, ne se contentant pas de la grève à laquelle a appelé l'Intersyndicale du secteur de l'Education, pour le 13 mars, qui a connu une plus forte adhésion que les précédents débrayages, les enseignants des trois paliers sont descendus, hier, dans la rue pour exprimer leur colère contre le report de l'élection présidentielle. Rassemblés devant le Palais de la Culture Mohamed Laïd Al Khalifa, des centaines d'enseignants ont crié des slogans hostiles au pouvoir, revendiquant le départ de tous les responsables. « Dégagez », scandaient-ils contre le « pouvoir mafieux », contre « Benghabrit » et autres slogans rejetant les dernières décisions de prolongation « illégitime » du 4e mandat du Président Bouteflika, comme on pouvait le lire également sur les écriteaux brandis par les manifestants. En milieu de journée, les enseignants se sont dispersés dans le calme, libérant le centre-ville qui commençait à subir le poids d'un embouteillage monstre. A Skikda aussi, les enseignants ont tenu à exprimer leur opposition à la décision de prolongation du 4e mandat. Ils sont venus par centaines se joindre à la marche de protestation grossir les rangs des enseignants de la ville de Skikda et de sa périphérie. Les forces de l'ordre ont eu fort à faire pour contenir mais sans succès, les marcheurs qui après le rassemblement devant le siège de la direction de l'Education se sont dirigés vers le centre-ville bien encadrés arborant des banderoles hostiles au pouvoir et scandant « Silmiya, Silmiya ». Dans la salle Aissat Idir, les enseignants bien organisés ont tenu un autre sit-in, toujours fortement encadrés par les forces de sécurité qui ont tenté, à chaque fois d'empêcher la progression des marcheurs, sans y parvenir, face à leur détermination. A noter que malgré tout il n'y a pas eu de heurts et la marche s'est achevée comme elle a débuté... pacifiquement. |
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