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«On
doit s'excuser auprès d'eux et se remémorer leur mémoire. Des milliers sont
morts alors que d'autres attendent qu'on se rappelle d'eux. C'est en ces termes
que la ministre de la Justice espagnole Mme Dolores Delgado a tenu à marquer la
commémoration de l'exil républicain espagnol, à Oran. Lors d'une table ronde
organisée, hier, à la Chambre de Commerce et d'Industrie de l'Oranie (CCIO) et animée autour du thème:
«le navire ?Stanbrook' et l'exil républicain
espagnol, à Oran», la ministre a salué le courage et les sacrifices de milliers
d'exilés qui ont été persécutés par l'armée franckiste
et ont fui vers Oran et d'autres villes européennes, en abandonnant tout en
Espagne, alors que certains sont morts pour la démocratie et la liberté. «Nous
devons nous rappeler de ces gens, en Espagne et dans tous les pays, qui ont
accueilli les exilés dont la ville d'Oran a-t-elle indiqué. Tout en évoquant
les conditions, extrêmement difficiles, de cet exil, la représentante du
gouvernement espagnol a rappelé l'aventure du dernier navire de l'exil ?Stanbrook' , un navire
charbonnier britannique qui avait transporté, en 1939, 2.600 passagers du port
d'Alicante vers Oran. Ces derniers sont restés en mer 22 heures pour enfin
atterrir à bon port.
Pour sa part, le directeur général de la Mémoire historique Fernando Martinez a mis l'accent sur cet exil collectif de milliers d'Espagnols républicains entre agriculteurs, ouvriers, femmes au foyer et enfants. Il souligne, également, que les réfugiés espagnols ont été internés, dès leur arrivée, dans des camps à Oran, Relizane et Djelfa, en rappelant qu'Oran était une zone de transit puisque certains voulaient partir en Amérique Latine dont le Mexique et l'Argentine. Le directeur général des Instituts ?Cervantès' dans le monde en l'occurrence M. Luis Garcia Montero met en exergue l'importance de cet évènement et souligne les liens historiques, culturels et économiques qui relient l'Espagne à l'Algérie et précisément à Oran. Dans son intervention, Mme Saliha Zerrouki, professeur et chercheur sur l'exil espagnol en Algérie et présidente du Conseil scientifique à Tlemcen, dévoile l'atrocité de cet exil et la persécution franckiste, envers ces réfugiés. «Il n'y avait pas de bateau pour les transporter, ils fuyaient la guerre et ils ont tenté la Tunisie mais ils étaient nombreux». Elle rappelle dans ce registre les conditions dont s'est déroulé ce voyage et les difficultés qu'ils ont rencontrées, au port d'Alicante puisque certains y avaient laissé leur vie, chassés par l'armée de Franco. D'autre part, cette table ronde a été aussi marquée par le témoignage émouvant d'une fille et petite-fille d'exilés de ?Stanbrook' Mme Eliane Ortega qui a évoqué l'aventure de ses proches, tout en soulignant l'hospitalité des Oranais et leur accueil. A l'instar d'autres villes européennes et latino-américaines, la ville d'Oran a été retenue pour abriter, hier, le 80ème anniversaire de la Guerre civile espagnole (17 juillet 1936-1er avril 1939) Un choix approuvé par le Parlement espagnol qui a décidé d'inclure, dans le programme de célébration, Oran qui a accueilli, rappelons-le, les exilés républicains. La fin de la guerre civile espagnole et la défaite républicaine entraîna un important flux migratoire du Nord vers le Sud avec l'arrivée, dès février 1939, de milliers d'exilés espagnols en Algérie. Dans l'après-midi d'hier, la ministre de la Justice a déposé une gerbe de fleurs à la mémoire des exilés espagnols sur l'esplanade de Sidi M'hamed. Notons que la cérémonie a vu la présence de l'ambassadeur d'Espagne à Alger et du Consul d'Espagne à Oran et de nombreux convives. |
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