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Banque: Entre volonté de modernisation et archaïsme

par Z. Mehdaoui

Le gouvernement continue d'évoquer dans son discours la nécessité d'engager des «réformes structurelles» afin de moderniser le secteur des finances en Algérie alors que les marchés financiers, à travers toute la planète, sont développés depuis au moins un demi-siècle. C'est devenu un «leitmotiv» des responsables en charge du secteur et le ministre des Finances n'a pas dérogé à la règle, hier, en s'exprimant à l'occasion d'un forum sur «la modernisation des banques» organisé au Centre international des conventions (CIC) à Alger. Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouia, pareillement à ces prédécesseurs depuis au moins une quinzaine d'années, affirme que le développement du secteur financier et des banques en Algérie passe inéluctablement par des «réformes structurelles».

Bien évidemment, le ministre a raison à plus d'un titre en soulignant cette nécessité de réformer le circuit bancaire algérien, qui est resté, nonobstant quelques avancées notables, archaïque. Mais force est de constater que notre pays est toujours en retard d'une guerre par rapport au développement du marché financier. C'est un constat établi par tous les spécialistes et économistes sérieux qui ne gravitent pas autour du système. Selon eux, le financement de l'investissement productif peine encore à décoller et le marché financier est au point mort. Le ministre des Finances a tenté de minimiser le problème en invoquant les milliers de milliards de DA octroyés par les banques aux «investisseurs» qui, à leur tour, n'arrivent pas à créer de la richesse et de l'emploi en dépit de toutes les facilitations. En tout cas, la journée d'information a permis de rassembler autour de la table les principaux acteurs sur la place financière pour discuter justement des lenteurs et des obstacles qui freinent encore l'émergence d'un circuit bancaire fort pour faire face à l'avenir qui s'annonce complexe.

A ce sujet, le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Loukal, a affirmé que «dans l'avenir, les financements bancaires devraient s'orienter davantage vers les industries manufacturières et les services productifs portés par les PME, à valeur ajoutée avérée». «L'économie, même si elle a indéniablement progressé ces dernières années, avec une hausse annuelle de crédits passée de 8,7% en 2016 à 12,3% en 2017 et à 13,8% en 2018, n'a tout de même pas été totalement inclusive dans l'ensemble des secteurs de l'économie», a déclaré le gouverneur de la Banque d'Algérie, qui note que les crédits à l'économie, qui ont atteint près de 50% du PIB en 2018, passant de 7.909 milliards de DA (mds DA) en 2016 à 10.102 mds de DA en 2018, ont été surtout concentrés sur les secteurs de l'énergie et de l'eau pour ce qui est des crédits à long terme. Selon M. Loukal, la part des crédits à moyen et long terme dans le total des crédits à l'économie est passée de 57% en 2009 à 75% en 2018. La dynamisation des activités des PME doit constituer l'une des priorités des banques, estime M. Loukal, en soulignant que «ce sont des métiers que les banques doivent nécessairement développer pour promouvoir le développement des crédits d'investissement et mieux gérer les risques». Il dira, lors de son intervention, que la Banque centrale consacre des efforts permanents pour la promotion de ce segment d'activité, notamment à travers la mise à niveau et la modernisation des centrales de la gestion des risques et des impayés.