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Selon
des sources médiatiques marocaines proches du Palais royal, Rabat a rappelé,
ces derniers jours, son ambassadeur aux Emirats arabes unis (EAU). Les journaux
électroniques indiquent que l'ambassadeur Mohamed Aït Ouali
se trouvait depuis plus d'une semaine à Rabat mais les raisons avancées
divergent. La dernière activité publique de l'ambassadeur remonte à la deuxième
semaine de janvier 2019 lors de la visite du prince Moulay Rachid, le frère du
roi Mohammed VI dans ce pays à l'occasion de la cérémonie d'ouverture
officielle de la Semaine de la durabilité d'Abu Dhabi 2019, et à la remise des
prix de la 11ème édition du «Prix Cheikh Zayed de la
durabilité». Selon le site d'informations en ligne Achkayen,
le diplomate en poste à Abu Dhabi a été rappelé pour consultations après la
diffusion par la chaîne de télévision saoudienne Al Arabiya
d'un documentaire sur le Sahara occidental où le Front Polisario est présenté
comme le seul et légitime représentant de ce peuple.
Achkayen cite une source proche du pouvoir affirmant que le Maroc a rappelé son ambassadeur suite à des tensions enregistrées avec des pays du Golfe dont l'Arabie saoudite. La source autorisée précise que cette décision survient juste après la diffusion du documentaire avec une éventuelle implication des EAU, comme le rapporte encore le site. Pour sa part, Hespress confirme le rappel de Mohamed Aït Ouali mais croit savoir qu'il répond à des impératifs administratifs qui exigent la présence de l'ambassadeur au Maroc. Ainsi, et après le rappel de son ambassadeur à Ryadh, Rabat en fait de même pour Abu Dhabi, une suite logique dans l'escalade quand on connaît le lien indéfectible qui unit les deux monarchies du Golfe. Si, pour le moment, aucune réaction officielle n'a été signalée du côté de la diplomatie marocaine, il ne fait plus aucun doute que la crise s'installe entre les anciens alliés. Chronologiquement, la décision des monarchies du Golfe de mettre en quarantaine le Qatar et la position ambiguë de Mohamed VI ont déclenché le compte à rebours dans les relations entre les deux parties. Face à l'absence d'un engagement clair des Marocains en faveur de la thèse saoudienne, Ryadh vote, en représailles, contre le Maroc, lors de l'élection du pays organisateur du Mondial de football 2026. Rabat a également vu les dons en provenance des pays du Conseil de coopération du Golfe, baisser significativement en 2018, à 2,8 milliards de dirhams (300 millions de dollars) contre 9,5 milliards en 2017 (plus d'un milliard de dollars). L'affaire Khashoggi a été l'occasion pour le Makhzen de rendre la monnaie de la pièce et va jusqu'à refuser de recevoir le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane, en novembre 2018, lors de sa tournée dans certains pays maghrébins (Algérie, Tunisie et Mauritanie). Revenant sur cet épisode, Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, et dans un entretien accordé fin janvier à la chaîne qatarie, Al Jazeera, explique que «les visites se préparent» et il se peut qu'il y ait un «désaccord sur leur timing et contenu, ce qui est normal», a-t-il ajouté à ce propos. Lors de cette interview, le ministre a également indiqué que l'engagement de son pays dans le conflit au Yémen, sous la direction de la coalition arabe menée par Ryadh, avait «changé». Dans ce sens, une source gouvernementale marocaine a confié à l'agence de presse AP que Rabat «ne participait plus aux interventions militaires ni aux réunions ministérielles au sein de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite». |
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