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Aïn Temouchent: La protection des zones humides, un enjeu majeur

par Saïd Mouas

  Dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale des zones humides qui coïncide avec la date du 02 février de chaque année, le programme de la direction de l'environnement, tracé conjointement avec la direction des forêts, a choisi la zone humide de Douaïma dans la daïra de Hammam Bou Hadjar pour fêter l'événement. Il faut savoir que la wilaya d'Aïn Temouchent compte 18 sites classés comme zones humides dont 06 retenues collinaires, 03 stations d'épuration, la station de lagunage de Hassi El Ghella, les barrages de Bendjelloul, Sidi Ouriach et Dzioua? etc. L'île de Rachgoun étant classée zone humide d'importance internationale, selon la convention de Ramsar ratifiée par 168 pays et entrée en vigueur en Algérie le 4 mars 1984. Les zones humides sont vitales pour la survie de l'humanité. Elles représentent « le berceau de la diversité biologique ».

C'est ainsi que lacs, rivières, marécages, marais, prairies humides, tourbières, oasis, estuaires, deltas, et autres zones côtières, récifs coralliens, rizières, réservoirs, sites artificiels ainsi que les bassins de pisciculture, constituent des espaces favorables à l'équilibre de l'écosystème. Les zones humides ont un rôle d'éponge, elles ont la capacité de retenir l'eau, de la stocker et donc de limiter les crues et les inondations. Les plantes qui s'y trouvent ont aussi la faculté de filtrer l'eau, ce qui se traduit par l'absorption d'une partie de la pollution. C'est dire l'importance de ces zones pour la préservation de la faune et de la flore.

Dans la wilaya d' Aïn Temouchent, les observations menées par la direction des forêts, en collaboration avec les associations de défense de la nature, ont estimé à 10.000 le nombre d'oiseaux migrateurs qui transitent par la région sur les 200.000 oiseaux environ de passage dans le ciel algérien. On a recensé près de 1.500 zones humides à travers tout le pays par lesquelles passent chaque année des milliers d'oiseaux migrateurs venus parfois de contrées très lointaines. En 2014, par exemple, 27 espèces rares protégées ont été signalées au niveau de la station de lagunage de Hassi El Ghella, il s'agit entre autres de l'échasse blanche, le col vert, la foulque, le goéland, le héron cendré, l'avocette ou l'aigrette. Entre août et janvier de l'année 2017, la wilaya d'Aïn Temouchent, passage obligé de certains oiseaux migrateurs, 18 espèces protégées se sont posées sur les sites humides de la Sebkha, de Oued Kihal et des marécages à proximité de Hassi El Ghella. En 2016, le courlis à bec grêle, une espèce d'oiseau très rare, a été observé au niveau d'une zone humide de la wilaya par l'association ?'Echourrouk'' versée dans la protection de l'environnement et la faune sauvage. Une photographie a été prise et transmise à la direction générale des forêts. La découverte fut possible grâce au dévouement des membres de cette association qui ont passé plusieurs nuits à surveiller le mouvement du courlis dont les aires de prédilection se situent généralement en Sibérie durant l'été et exceptionnellement dans quelques zones du bassin méditerranéen en hiver. D'après les observations, il existe moins de 50 oiseaux de cette espèce dans le monde. Quant à l'île de Rachgoun, qui est un site paradisiaque d'une remarquable qualité au plan de la biodiversité, elle continue de susciter l'intérêt des scientifiques par son attrait climatique puisque de nombreuses espèces de l'avifaune migratrice viennent y séjourner sur une étendue de 12 hectares fréquentée par l'homme depuis la nuit des temps. Zone humide fragile, l'île de Rachgoun est surtout visitée en été où les touristes, vu son accès relativement facile, n'hésitent pas à traverser à la nage ou sur une embarcation une centaine de mètres pour la découvrir. Mais la menace la plus insidieuse reste la pollution de ces zones humides qui peuvent être affectées par les rejets des eaux usées ou autres produits comme les sachets en plastique ou matériaux non dégradables. D'où la nécessité de sensibiliser le citoyen sur les conséquences désastreuses de tels actes car, actuellement, la pollution est le danger le plus redouté par les écologistes parce qu'il provoque la mort lente des espèces naturelles qui contribuent à la préservation de tout l'écosystème.